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 En présence des anges
Art religieux et dévotions populaires

©Professeur Robert Derome
Département d'histoire de l'art, Université du Québec à Montréal.


Notre-Dame du Mont-Carmel.

Cette toile, qui a déjà été utilisée à l'avant-choeur de la chapelle, illustre l'importance des dévotions au scapulaire au tournant du siècle. Le mont Carmel est l'endroit où serait apparu la Sainte Vierge au prophète Élie. Le culte voué au scapulaire remonte au 16 juillet 1251, date où la Vierge, accompagnée d'une volée d'anges, s'est manifestée à Simon Stock, le général de l'Ordre des Carmes. Le port du scapulaire permettait de se protéger des « feux de l'enfer » mais aussi de la maladie. Le scapulaire du Mont-Carmel est fait de bure brune pour symboliser l'esprit de pénitence et de pauvreté.


19. Espagne, José ou Joaquin Gutiérrez de la Vega (XIXe siècle), Notre-Dame du Mont Carmel, vers 1829-1867.

Huile sur toile. 130,7 x 101,3 cm. Signature en bas à droite « J. de la Vega ». Inscription à l'endos « Don de l'abbé Joseph Médard Lemire p.s.s qui tenait ce tableau de son père oeuvre d'un peintre espagnol / juin 1928 ». Collection des RHSJM, 1986.x.145.

Plusieurs peintres espagnols du XIXe siècle portent le nom de Guttiérez de la Vega, dont trois partagent l'initiale « J. ». Le plus connu, José, un talentueux portraitiste, peintre d'histoire et de tableaux religieux, né à Séville en 1791, fut actif de 1829 jusqu'à son décès à Madrid en 1865. Il exposa à Paris en 1855. Son oeuvre est fortement influencée par celle de Bartolomé Estebán Murillo (1618-1682). Deux de ses fils suivirent ses traces, Joaquin et José. Ce dernier fut également peintre d'histoire ; il débuta vers 1844 et enseigna à l'École des Beaux-Arts de Badajoz, ville où il décéda en 1867.


20. Montréal, Anonyme (XIXe siècle), Apparition de Notre-Dame du Mont-Carmel au bienheureux Simon Stock, 1898.

Reproduction frontispice du livre de J. T. Savaria, Le scapulaire de N. D. du Mont-Carmel, Montréal, 1898. 7,6 x 13 cm. Inscription « APPARITION DE NOTRE-DAME DU MONT-CARMEL / AU BIENHEUREUX SIMON STOCK / Fête le 16 juillet ». Collection des RHSJM, 1332.


21. France, Anonyme (XXe siècle), Le Scapulaire.

Image imprimée couleur au bord dentelé. 11,1 x 7 cm. Inscription au verso « Souvenir de Frère Stanislas à Madeleine Roy le 3 Février 1929 ».


22. Anonyme (XIXe siècle), Scapulaire.

Tissu, fil et images imprimées. L. 51,3 cm. ; l. 5,5 ; E. 1 cm. Collection des RHSJM, 1988.x.635.1.

Les paquets de plusieurs plis situés à chaque extrémité de ce scapulaire contiennent chacun six thèmes iconographiques.

Adoration des Sacrés-Coeurs de Jésus et de Marie. Notre-Dame du Mont-Carmel. Monogramme de Marie. Le Christ au Golgotha. Armoiries papales. Vierge de Miséricorde.

Crucifixion. Notre-Dame du Mont-Carmel. Immaculée Conception. Pieta. Joseph avec l'enfant Jésus. Sacré Coeur.


23. Montréal, Atelier T. Carli (1867-1923), Paire d'anges thuriféraires.

Plâtre polychrome. H. 70,0 cm. Signature sur la base au dos, du no 1 « T. CARLI. », du no 2 « T. CARLI / 545 ». Collection des RHSJM, 1983.x.431.1-2.

L'emploi de l'encens, une gomme résineuse odorante, était si important dans les sacrifices antiques que le terme « thus », qui le désigne, fut emprunté à un verbe grec qui signifie « sacrifier ». Le mot thuriféraire, qui en est dérivé, désigne celui qui porte l'encensoir où brûle l'encens lors des cérémonies religieuses. Les trois rois mages ont d'ailleurs offert à l'enfant Jésus les matières les plus précieuses : de l'or, de l'encens et de la myrrhe. La très riche symbolique de l'encens réfère à la glorification, à la purification, à l'hommage et à un lien unissant la terre et le ciel. L'Église catholique l'utilisait dans les grandes occasions qui donnaient place à des cérémonies solennelles et des processions. Mais les premiers chrétiens en avaient banni l'usage qui leur rappelait trop les cérémonies romaines où les leurs étaient souvent sacrifiés.

Les sculptures en plâtre devinrent populaire à compter du milieu du XIXe siècle, après la fondation en 1848 de l'atelier de C. Catelli Co., par Carlo Catelli (1817-1906) immigré à Montréal en 1846. En 1867 celui-ci s'associe à Thomas Carli (1838-1906) pour former la maison T. Carli (1867-1923). Né en Italie, Thomas avait travaillé en Europe et aux États-Unis avant de s'établir à Montréal en 1858 où il avait été employé par le statuaire Baccerini. L'atelier T. Carli regroupait neuf sculpteurs de la même famille.

Robert Derome

Les anges thuriféraires « porteurs d'encensoirs » forment toujours une paire et sont placés de chaque côté du maître-autel. « L'encens est donc chargé d'élever la prière vers le ciel et il est en ce sens, un emblème de la fonction sacerdotale ».

Ces anges thuriféraires signés T. CARLI ornaient le maître-autel de la chapelle de l'Hôtel-Dieu à Montréal. Ils ont gardé leur polychromie d'origine aux tons orange sur un fond ivoire et ce, avec une ornementation très élaborée et de la dorure en bordure des vêtements et aux pieds. Les ailes dentelées et déployées vers le ciel sont agrémentées de bleu, de vert et de rose sur un fond beige.

Nous retrouvons des anges thuriféraires identiques au niveau du moulage chez les Soeurs Grises de Montréal. Par contre, les vêtements, de couleur ivoire avec une bordure dorée et les ailes déployées vers le ciel sont beaucoup plus sobres. Les ailes étant amovibles, il est donc possible pour chacun des acheteurs de varier la composition des anges avec différents éléments.

Un catalogue produit par la maison T. CARLI au début du siècle et retrouvé dans les archives de chez Desmarais & Robitaille Limitée nous permet de constater que la décoration des statues peut être faite selon cinq styles différents, ainsi nommés : quart riche, demi riche, riche, très riche et extra riche. Évidemment, le premier style correspond au plus simple : les pieds, les mains et le visage sont d'un beige rosé et les vêtements ivoire sont bordés de dorure. Ce style correspond aux anges thuriféraires des Soeurs Grises de Montréal.

L'Inventaire des biens culturels, réalisé par le Ministère des affaires culturelles, au cours des années soixante-dix, fait mention d'anges thuriféraires identiques appartenant à l'église Saint-Urbain, mais ces anges possèdent une variante au niveau des ailes.

Danielle Lord

Bibliographie. Jean CHEVALIER, A. GHEERBRANT, Dictionnaire des symboles, Paris, Robert Laffont/Jupiter, 1982, 1060 p.


Page créée le 4 décembre1997.

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