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Les sources iconographiques
des portraits fictifs du père jésuite Jacques Marquette


1930 attribué à Victor Huel fils
inspiré par le père G. M. Lejosne

Collaboration de Alix Rouiller
via Christian Carette.

Collaboration de Alix Rouiller
via Christian Carette.

Extrait réédité de Thierry 2007 (web).

« Et finalement, ce n’est pas dans la cité natale du père Marquette [Laon] qu’est érigée sa première statue [voir 1937 Topin], mais à Nancy, là où il a fait son noviciat. En 1930, la Compagnie de Jésus donne son nom au nouveau pavillon de son Groupe des étudiants catholiques (GEC) et le fait représenter sur la façade du bâtiment. La sculpture en pierre, attribuée à Victor Huel, montre un père Marquette tenant une carte et dressant ostensiblement un crucifix. Elle a été inspirée par le père Lejosne, aumônier du GEC de Nancy, qui veut faire de ses étudiants des hommes de foi en action.

Cette représentation est bien éloignée de celle de Trentanove, présente à Washington [1896 Trentanove], Marquette [1897 Trentanove] et Mackinac Island [1909 Trentanove], qui montre un père Marquette hiératique avec la chevelure, la barbe et les traits du père Charlevoix [d'après un présumé portrait de Charlevoix qui est, en fait, celui de Le Jeune !], l’explorateur et historien jésuite du XVIIIe siècle. La statue de Nancy est plus proche de celle de Prairie-du-Chien, érigée en 1910 [1910 Hermant], et surtout du monument Marquette-et-Jolliet de Chicago, inauguré en 1926 [1926 MacNeil]. Dans ces deux représentations, le jésuite brandit un crucifix [utilisé dès 1904 Dallin], et dans la deuxième, il n’est pas chevelu et barbu, mais chauve et imberbe, conformément au portrait de lui, daté de 1669, qui a été retrouvé à Montréal vers 1900 [1896 McNab].

Tant aux États-Unis qu’en France, les catholiques de l’entre-deux-guerres veulent avoir pour modèles des hommes ordinaires capables de faire des exploits grâce à leur foi. La statue de Nancy est donc fort appréciée et une copie ne tarde pas à être réalisée en stuc ou en plâtre pour être placée dans la salle de lecture de la bibliothèque municipale de Pont-à-Mousson, tout près de l’ancienne université jésuite où le père Marquette a été étudiant, puis enseignant. Elle y restera jusqu’à sa destruction en 1944, lors de l’incendie par les Allemands des bâtiments mussipontains situés sur la rive droite de la Moselle. » Thierry 2007 (web).

Victor Huel père (1844-1923) était un sculpteur de Nancy spécialisé dans la statuaire religieuse. Son fils et élève, Victor Huel fils (mort en 1953), fut longtemps son assistant. Après 1916, Huel prit sa retraite et confia son atelier à son fils qui travaillait avec lui depuis plusieurs années (source).

« Le pavillon Marquette, dans lequel se trouve le théâtre et les deux salles dédiées au sport, sort de terre en 1930. » Source.

Au moment de cette inauguration, paraît l'ouvrage de Lejosne 1930 illustré d'une reprise de la gravure de 1903 Massé.

Lejosne 1930 reproduit également un dessin gravé de cette sculpture qui est signé « P. de Martino ». Marquette y paraît chauve, avec une courte barbe, comme dans la statue. Est-ce un projet préliminaire préparatoire pour le sculpteur ? Ou un dessin fait d'après la sculpture complétée ? Qui était ce Martino ? Un père jésuite ? Un professeur d'art au GEC ? Un artiste ?

Lejosne 1930. Collaboration de Christian Carette.

P. de Martino, dessin gravé de la statue du Père Marquette érigée au GEC de Nancy, dans Lejosne 1930. Collaboration de Christian Carette.

 

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