Les sources iconographiques
des portraits fictifs du père jésuite Jacques Marquette |
1678 Jésuites et Jean-Baptiste-Louis Franquelin
Manitoumie II - « Marquette, Jacques (1637-1675); Jolliet, Louis (1645-1700) [Jackson 12] [Campeau 7] 1673b: Carte de la nouvelle découverte, que les pères Jésuites ont fait en l'année 1672; et continuée par le P. Jacques Marquette de la mesme compagnie, accompagné de quelq. francois, en l'année 1673, qu'on pourra nommer en francois la Manitoumie, a cause de la Statue qui s'est trouvée, dans une belle vallée, et que les Sauvages vont recon[n]oistre pour leur divinité, quils appellent Manitou, qui signifie esprit, ou genie. [Called the "Manitoumie Map II" by Delanglez (1946).] [Cf. Marquette-Jolliet 1673a, Thévenot 1681, Aa 1707.] [66.2 x 43 cm.] [Reproduced in Campeau 1992, p. 81.] [HMC Karpinski series F 07-3-4.] [Bibliothèque nationale de France, Estampes, Vd.31 83c 116493.] [Formerly in Bibliothèque nationale de France, Estampes, Vd.30.] [NL catalog] [LC photo] [HMC photo] [HMC photo] ». Source.
La carte de la Manitoumie 1678 Extraits de Campeau 1992, pdf, p. 80-87. À l'automne de 1678, expédiant en France les trois copies de la Relation de cette année et du Récit concernant le pays Illinois, rédigées par le P. Thierry Beschefer, le P. Claude Dablon ne pouvait se dispenser de les accompagner d'une carte illustrant la Narration de Marquette. [...] On conserve à la Bibliothèque Nationale de Paris deux exemplaires anciens de cette carte, qui sont apparemment les originaux envoyés avec les manuscrits conservés à Vanves et qui ont pu tous deux servir d'originaux à Liébaux, graveur de Thévenot. [...] Nous les appelons cartes de la Manitoumie, à la suite du P. Delanglez, parce qu'elles suggèrent ce nom pour le pays nouvellement découvert. Les copies originales s'appelleront Manitoumie I et Manitoumie II. La principale différence entre les deux se trouve dans le cartouche du titre. Le texte diffère un peu dans les deux, mais surtout il n'est encadré que d'une simple ligne sur Manitoumie I, tandis qu'il est, dans Manitoumie II, inscrit sur une draperie surmontée de feuillage, soutenue à gauche par un jésuite et à droite par un couple d'indigènes. Le jésuite, en soutane et en roupe, coiffé d'un chapeau à large bord, tient une croix dans sa main droite. Les Indiens, presque nus, se tiennent dans une attitude respectueuse, écoutant la prédication du prêtre. [...] Manitoumie I a certainement été dessinée à Québec par quelque jésuite, ou au moins à la demande des Jésuites. Ce fut probablement aussi le cas pour Manitoumie II. La calligraphie est généralement la même sur les deux, et elle ressemble assez, en plus soigné, à l'écriture du P. Beschefer, rédacteur des manuscrits de la Narration de Marquette conservés à Vanves. Mais il semble aussi qu'on a demandé à Jean-Baptiste-Louis Franquelin de mettre la dernière main à Manitoumie II. Surtout, le dessin des deux indigènes est tout à fait dans sa manière et Franquelin était le seul qu'on connaisse alors à Québec à pouvoir dessiner de la sorte. Le lettrage aussi, spécialement celui des capitales, est semblable à celui des autres cartes de cet auteur. Le mot Floride, sur les deux copies de la Manitoumie, paraît être de la même main. En sorte que, si les cartes ont l'air d'être l'oeuvre d'un jésuite, Franquelin y serait aussi pour quelque chose. Ce qui reste certain, en tout cas, c'est que l'inspiration de ces cartes est jésuite. Et c'est pourquoi, sans doute, Thévenot, ajoutant cette illustration à la Narration de Marquette, la tiendra pour une carte de Marquette lui-même, ce qu'elle n'est évidemment pas. |
Manitoumie II « Carte de la nouvelle decouverte que les peres Iesuites ont fait en l'année 1672 ; et continuée par le P. Iacques Marquette de la mesme compagnie, accompagné de quelq. francois, en l'année 1673., qu'on pourra nommer en francois la Manitoumie a cause de la Statue qui s'est trouvée, dans une belle vallée, et que les Sauvages vont reconoistre pour leur divinité, quils appellent Manitou, qui signifie esprit, ou génie. » Le jésuite montré à gauche ne pourrait-il pas être considéré comme un portrait de Marquette ? Du moins, un portrait d'un jésuite fait par les jésuites en 1678, trois ans après le décès de Marquette. Ce sont là les sources les plus contemporaines de Marquette des éléments qui définiront son iconographie : large chapeau ; imberbe ; une main sur sa carte ; croix tenue de la main ; soutane ; large cape ou manteau, appelé « roupe » par Campeau ci-dessus. Quant au couple de soi-disant Amérindiens, quasiment nus, sont-ils vraiment des figures idéales du « Bon Sauvage » tel qu'avancé par Campeau, ou une représentation d'Adam et Ève sortis de l'Éden !? Détails photos : source. |
La carte de la Manitoumie 1678 Extraits de Campeau 1992, pdf, p. 80-87. Dans le cartouche de Manitoumie II, cette même appellation [Manitoumie] est isolée et détachée, occupant une ligne entière, en lettres grandes et grasses. Et en effet, on voit, sur la rive gauche du fleuve à peu près vis-à-vis de l'embouchure du Missouri, une figure humaine avec cette inscription: « Manitou, statue où les sauvages vont faire leurs adorations ». Nous n'avons pas trouvé d'autre référence à ce manitou, du moins au lieu où il est placé sur la carte, à une certaine distance du Mississipi et sur sa rive gauche, vis-àvis l'embouchure du Missouri. Le P. Marquette parle bien d'un génie dont les Illinois avaient crainte, à cet endroit, mais il était représenté par un accident du fleuve. Le P. Allouez mentionnait en 1672 une idole de pierre qu'il avait fait rouler à l'eau. Mais elle se trouvait sur la rivière au Renard, entre la baie des Puants et le lac Winnebago. Il est difficile qu'il s'agisse de la même idole. La carte de la Manitoumie, qui fut la première portant sur le Mississipi à être publiée en 1681 par Thévenot, fut la dernière carte originale avant l'exploration de La Salle, qui inaugurera une autre époque pour la reconnaissance du centre américain, mais qui y produira aussi une confusion incroyable jusqu'en 1700. |
Ce « Manitou » ne pourrait-il pas être relié aux « monstres » de la civilisation de Cahokia observés par Marquette ? La carte Manitounie I, ci-dessous, présente justement, tout près de ce Manitou, un « Boeuf sauvage » qui n'est pas sans rappeler le dessin de ces monstres localisés dans cette même région sur une autre carte de 1678 dressée par Jolliet et Franquelin : voir à ce sujet la notice de 1934 Turzak.
Manitoumie I - « Marquette, Jacques (1637-1675); Jolliet, Louis (1645-1700) [Jackson 11] 1673a: Carte de la nouvelle découverte que les RR. Pères Jésuites ont fait en l'année 1672 et continuée par le R. Père Jacques Marquette, de la mesme compagnie, accompagné de quelques François en l'année 1673, qu'on pourra nommer la Manitounie, à cause de la statue qui s'est trouvée dans une belle vallée et que les sauvages vont recon[n]oistre pour leur Divinité, qu'ils appellent Manitou, qui sign fie Esprit, ou Genie. [Called the "Manitoumie Map I" by Delanglez (1946).] [Cf. Marquette-Jolliet 1673b, Thévenot 1681, Aa 1707.] [Reproduced in Marcel 1893, map 30.] [Bibliothèque nationale de France, Département des cartes et plans, Ge C 5014 Rés] [BNF] [Marcel (p)] » Source. Photo : source.
Photo : source.
Manitoumie de Thévenot - « Thévenot, Melchisédec (1620-1692) [CL 6] [1681]: Carte de la decouverte faite l'an 1673 dans l'Amerique Septentrionale / Liebaux Sculp. [Published in Thévenot's Recueil de voyages de Mr. Thevenot.] [BNF copy lacks title in the lower left corner.] [Cf. Marquette-Jolliet 1673a, Marquette-Jolliet 1673b, Aa 1707.] [Called the published "Manitoumie map" or "Thévenot map" by Delanglez (1946).] [LC 1] [LC 2] [WHS] [BNF]. » Source. |
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Manitoumie de Louis Nicolas - « Nicolas, Louis (b. 1634) [ca. 1676]: Carte de la nouvelle / Decouvertes que les Missionaires / ont fait en l'année au de la du / Lac des Illinois. On appelle ces nou: / velles terres la Manitoünie. [Contemporary ms. copy of one of the Marquette-Jolliet "Manitoumie" maps; cf. Marquette-Jolliet 1673a, 1673b.] [Authorship and dating of map based on Reeves et al. (2004); Villiers atributes the manuscript to Charles Bécart de Granville and dates it after 1701 (Bécard de Granville 1930).] [Bound in Les Rarety des Indies [Codex Canadiensis] at Gilcrease Museum, Tulsa.] [LAC] » Source.