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Les Loir et leur orfèvrerie en Nouvelle-France.

Texte et notes documentaires préparées avec la collaboration de Michèle Bimbenet-Privat.
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1630-1631, 1891-1903.

Loir, Nicolas, France, Paris (Me 1616-1653-). Poussielgue-Rusand Fils, France, Paris (poinçon insculpé en 1891, biffé en 1903) [lunule]. Ostensoir. 1630-1631, 1891-1903. Sous le pied. K de 1630. Sur la lunule. MO : un cœur, une épée, une ancre, PRF, une étoile. Autre poinçon illisible. Sainte-Anne-de-Beaupré. Objet réparé en France, 1891-1903, alors qu'il y avait plein d'orfèvres au Québec qui pouvaient le faire ! « Cette œuvre d’art du dix-septième siècle, ayant été, il y a quelques années, expédiée à Paris, pour y être réparée, y attira grandement l’attention des connaisseurs (FGM, 7639, Ste-Anne-de-Beaupré, réf. à Guide du pèlerin, 1941, p. 39). »

1637-1638, 1689-1716.

Loir, Nicolas, France, Paris (Me 1616-1653-). Loir, Jean-Baptiste, France, Paris (Me 1689 †1716). Ciboire. 1637-1638, 1689-1716. Argent MO : fleur de lys couronnée, deux grans, un N et un L, lettre romaines, et une rose au milieu desdites lettres ; une fleur de lys couronnée, deux grans, IBL. MC : R de 1637-1638. Québec Église Notre-Dame.

1652 ou 1656.

Loir, Nicolas, France, Paris (Me 1616-1653-). Plat à burettes. 1652 ou 1656. Argent MO : fleur de lys couronnée, deux grains, un N et un L, lettre romaines, et une rose au milieu des dites lettres. MC de Paris à moitié effacé : H de 1652 ou plus vraisemblablement M de 1656. Québec Ursulines.

Anonyme, France, Paris. Burettes. 1667-1668. Argent MO : illisible. MC de Paris : Y de 1667-1668. Québec Ursulines

La famille Loir est représentée par de nombreuses pièces dans les collections québécoises. Cette dynastie d’orfèvres parisiens compte un peintre du roi, Nicolas Loir (1624-1679), et deux graveurs, Louis et Alexis. Tous trois sont les fils de Nicolas Loir, qui semble être à la tête d’un gros atelier dont l'activité débute en 1616. En 1653 il est élu garde et on ne connaît pas la date de sa mort (Nocq 1926-1931, t. 3, p. 146 ; Bimbenet-Privat 1992, p. 540, catalogue n° 72 et 76).  Le plat à burettes des Ursulines de Québec a donc été fait à la toute fin de sa vie, puisqu’il date de 1652 ou 1656. Nicolas Loir a réalisé deux des plus anciennes œuvres de la Nouvelle-France : l’ostensoir de Sainte-Anne-de-Beaupré (1630-1631) et le ciboire de l'église Notre-Dame de Québec (1637-1638). Ses œuvres conservées en France le montrent déjà spécialiste du répertoire religieux : l’ostensoir des Epesses (1628) et le calice de Gragnague (1632) sont de bons exemples du style Louis XIII en orfèvrerie (Bimbenet-Privat 1992, p. 368-369, 376-377 et 540). On sait qu’il a réalisé des œuvres plus monumentales, par exemple un plan de la ville de Bourges en argent (1629) malheureusement détruit.

1680-1700 (vers).

Loir, Pierre, France, Paris (Me 1651 †1700). Navette. 1680-1700 (vers). Argent MO : « une croix entre P et L » (après le 31 décembre 1679). MC rendu illisible par une fente dans le métal sur le bout de la navette près de la bordure sur lequel repose le bouton du couvercle. Québec Ursulines.

1681-1682.

Loir, Pierre, France, Paris (Me 1651 †1700). Ciboire. 1681-1682. Argent MO : PL et une croix. C moyens ouvrages : 1681-1684. MC : 1681-1682. « POUR — LES — RELIGIEVSES — HOSP — DE — MONTREAL — 1682 » Montréal Religieuses hospitalières de Saint-Josep.

1682-1683.

Loir, Pierre, France, Paris (Me 1651 †1700). Calice. 1682-1683. Argent MO : PL et une croix. MC : N de 1682-1683. Autour du pas de vis du pied : une croix et cinq lettre ou chiffres. Sainte-Famille Ile d'Orléans.

1682.

Les vestiges-reliques de l'ostensoir de Pierre Loir donné en 1682 par Madame de la Basme à Judith Moreau de Brésoles pour les Hospitalières de Saint-Joseph de Montréal. Hypothèse de reconstitution archéologique des stratifications des multiples phases de sauvetages, transformations et réintégrations, à partir des fragments épars conservés.

Nicolas Loir a eu au moins huit enfants mâles, dont six furent orfèvres. Pierre Loir est le quatrième, né en 1628 et maître orfèvre en 1651, mort en 1700. Pierre était le grand inconnu de la famille Loir, et on ne connaissait aucune pièce de lui en France. Trois objets portent son poinçon, tous postérieurs à la réforme des poinçons de 1680. L’historiographie québécoise a confondu son poinçon avec celui de l’orfèvre québécois Paul Lambert dit Saint-Paul dont les objets sont postérieurs d’un demi-siècle (Morisset 1945d, pl. X).

1684-1685.

Loir, Alexis, France, Paris (Me 1670 †15 avril 1713). Chandeliers. 1684-1685. MO : une croix entre A et L. D : vaisselle montée, 1684-1687 ; petits ouvrages, 1684-1687. MC : Paris, 1684-1685. Québec Hôpital général.

1684-1685.

Loir, Alexis, France, Paris (Me 1670 †15 avril 1713). Croix d'autel. 1684-1685. MO : une croix entre A et L. D : 1684-1687. MC : P de 1684-1685. Québec Hôpital général.

1687-1688.

Daveau, Adrien, France, Paris (Me 1655 †1693-1694). Loir, Alexis, France, Paris (Me 1670 †15 avril 1713). Ciboire. 1687-1688. MO « fleur de lys, 2 grains et deux palmes entre un A et un D » insculpé en juillet 1680. C 1687-1691. D moyens ouvrages non chargés 1687-1691. MC : S de 1687-1688. Sur la coupe. MO une croix entre A et L. Sur la base. « — EX VOTO 1701 — ». Sur le couvercle. « H / G ». Québec Hôpital général.

Alexis Loir, dernier fils de Nicolas Loir, né en 1640, maître orfèvre en 1670, est de loin de plus connu de la famille. Il était membre de l’Académie royale de peinture en tant qu’orfèvre et graveur, et il figure dans les comptes royaux pour des fournitures à Versailles de 1667 à 1683. Il travaille à la Manufacture des Gobelins. De ces travaux pour le roi, il ne reste rien en orfèvrerie, seulement des dessins récemment identifiés du Musée de Stockholm et des modèles de guéridons et de brasiers qu’il a gravés en liaison avec son frère Nicolas le peintre. Nous entrons avec Alexis Loir dans le domaine de l’orfèvrerie royale, très exactement du mobilier d’argent. Tout ce mobilier a été fondu. Il semble que le sort s’acharne contre Alexis Loir, puisque nous avons perdu les archives du notaire qui a fait son inventaire après décès en 1713, et qu’un des plus beaux travaux de l’orfèvre, le bas-relief du maître autel de Saint-Denis (1682), une adoration des bergers, a été volé dans l’abbatiale une nuit de décembre 1963, et certainement fondu. Les Monuments Historiques en avaient fait exécuter des clichés maintenant bien utiles, bien que partiels, où nous pouvons apprécier la variété des plans, la qualité de la ciselure et le très beau fini du travail d’Alexis Loir, plus particulièrement dans la femme au panier. Grâce aux collections québécoises, nous avons quelques échantillons de la production plus commune de son atelier, comme la croix d’autel et les chandeliers de l’Hôpital général de Québec (1684-1685).

1672-1677, 1689-1716, 1771-1817.

Anonyme, France, Paris. Loir, Jean-Baptiste, France, Paris (Me 1689 †1716). Ranvoyzé, François, Québec (1739 - 1819, actif 1771-1819) [réparation]. Ostensoir de Bécancour. 1672-1677, 1689-1716, 1771-1817. H. 1'3". Rayons 5"1/4. Pied 6"1/4 x 3"5/8. MO : « ILB et un trèfle ». C : 1672-1677. Collection Birks (Bécancour ; Sainte-Gertrude). Q.280 (24009). 7111 par RD au MMMC.

1689-1716.

Loir, Jean-Baptiste, France, Paris (Me 1689 †1716). Calice. 1689-1716. H 24,6 cm ; D base 14,2 cm ; D coupe 8,7 cm. Sous la base. MO : une fleur de lys couronnée, deux grains, un trèfle, IBL. Sur la bate. Petit poinçon, peut-être de décharge, non identifié : une fleur ? Sillery.

La fausse coupe est récente. Modifications à la base.

1689-1716.

Loir, Jean-Baptiste, France, Paris (Me 1689 †1716). Ostensoir d'une paroisse en bas de Québec. 1689-1716. H. 1'5"1/4 MO : Inconnue (Cartierville, Hôpital du Sacré-Cœur, naguère Hôpital des Incurables, jusqu'au milieu du XXe siècle ; « une église d'en bas de Québec » d'après FGM). FGM 1-1906, Cartierville, Hôpital des Incurables, photo A-1 et 2 : « Communication du chanoine VALOIS, 1er octobre 1940 : "Cet ostensoir provient d'une église d'en bas de Québec; il a été acquis vers 1908 par Mme Lussier d'un marchand de vases sacrés, chez qui le curé de l' "église d'en bas de Québec" l'avait échangé pour un autre plus visible. À la mort de Mme Lussier, en 1922, ses exécuteurs testamentaires (le chanoine Valois et M. de Boucherville) n'ont pas voulu laisser cet ostensoir au Palais épiscopal et l'ont donné à l'Hôpital des Incurables. »

1689-1716.

Loir, Jean-Baptiste, France, Paris (Me 1689 †1716) [attribution]. Ostensoir. 1689-1716. Argent H. 1'5"1/2 Aucun poinçon d'orfèvre. MC : A. Beauport ? FGM 1-8647. Beauport, photo A-4, 17 octobre 1943.

1699-1700.

Loir, Jean-Baptiste, France, Paris (Me 1689 †1716). Ciboire. 1699-1700. MO : « un trèfle avec JBL ». C : Vannier 1697-1704. MC : F de 1699-1700. Odanak.

Jean-Baptiste Loir, petit-fils de Nicolas, appartient encore au XVIIe siècle. Il devient maître en 1689 et une maladie l’emporte prématurément en 1716. Contrairement à ses oncles Nicolas et Alexis, Jean-Baptiste n’est pas fournisseur du roi. Il vit confortablement, main non luxueusement, célibataire, dans sa maison du Pont au Change. À sa mort, il laisse un important inventaire d’objets religieux : 28 calices, 14 patènes, 10 paires de burettes, 22 ciboires, 10 ostensoirs, des encensoirs, des crosses, etc. Ses clients sont les fabriques des paroisses de la région parisienne, des évêques, des congrégations. Rien d’étonnant donc si huit objets de son atelier se retrouvent au Québec. Ce sont des pièces à décor sobre, fait de frises de feuilles et de gros godrons très saillants, qu’on retrouve en France sur ses autres œuvres. On retrouve également le poinçon de Jean-Baptiste Loir sur deux objets qu’il a réparés :  le ciboire de Nicolas Loir (église Notre-Dame de Québec 1637-1638) et une croix d’autel de Toussaint Testard (Sainte-Anne-de-Beaupré).

1700-1701.

Loir, Jean-Baptiste, France, Paris (Me 1689 †1716). Ciboire. 1700-1701. Argent MO : . C et D avec une épée et un drapeau en croix. MC : G de 1700-1701. C : 1697-1704. Sainte-Anne-de-Beaupré

1703-1704.

Testard, Toussaint, France, Paris (Me 1682). Loir, Jean-Baptiste, France, Paris (Me 1689 †1716). Croix d'autel. 1703-1704. MO : TT et une tête ; IBL. C : 1704-1713. MC : K de 1703-1704. « DONNEE PAR MONSIEVR DYBERVILLE EN 1706 ». Sainte-Anne-de-Beaupré.

1703-1704.

Loir, Jean-Baptiste, France, Paris (Me 1689 †1716). Calice. 1703-1704. Argent H 22,8 cm. MO : une fleur de lis couronnée, deux grains, IBL, un trèfle. MC de 1703-1704 : K couronné. C de Paris, 1703-1708 : A couronné. D de Paris 1703-1708 : une couronne avec sceptre et main de justice ; une fleur de lis. Sous le pied, sous la coupe et sous les deux collerettes : « VIIII ». Ottawa Musée des beaux-arts du Canada (Rosaire Saint-Pierre, Beaumont, jusqu'en 1971 ; provenance inconnue). 16872.

1706-1707, 1711.

Loir, Jean-Baptiste, France, Paris (Me 1689 †1716). Calice et patène de Saint-Vallier. 1706-1707 [patène], 1711 [calice]. Calice. Argent. 294 g. Patène. Argent. Poids 98 g. Calice. H 20,8 cm. D 12,4 cm. Patène. D 13,4 cm. Sous le pied. MO illisible. Sous la base. C de Paris, 1703-1711 : A dans une couronne. MC de Paris : S de 1711-1712. Sur la bate. D de Paris, 1703-1711 : couronne avec sceptre et main de justice. Autre petit poinçon de décharge non identifié du XVIIIe siècle. Bordure de la coupe. Deux petits poinçons trilobés non identifiés, peut-être la décharge de Paris pour 1703-1711 (voir photocopies envoyées à MBP le 941212). Patène. MO : fleur de lys couronnée catonnée de deux grains, IBL, un trèle. C de Paris, Étienne Baligny, 1703-1711 : A dans une couronne. MC de Paris : N de 1706-1707. Deux petits poinçons trilobés non identifiés, peut-être la décharge de Paris pour 1703-1711 (voir photocopies envoyées à MBP le 941212). Saint-Vallier. Québec Musée national des beaux-arts du Québec. 76.375.O1-02 Photos QMQ..

La famille Loir a donc bénéficié de l’ancienneté de sa présence sur le marché parisien et de la fidélité de la clientèle religieuse, monopolisant presque les commandes des religieux en partance pour la Nouvelle-France. Un autre membre de cette dynastie expédirera encore au XVIIIe siècle plusieurs objets en colonie :  Guillaume Loir (Me 1716) dont plusieurs oeuvres sont documentées (Trudel 1974a).

 

Les Loir et leur orfèvrerie en Nouvelle-France.

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