TEKAKWITHA. |
Migrations de la Mission Saint-François-Xavier du village autochtone.
Afin de bien comprendre les dessins de Chauchetière et l'huile sur toile conservée à Kahnawake présentant le portrait de Tekakwitha, il est essentiel de documenter les diverses migrations du village autochtone et de ses églises ou chapelles. Deux causes justifient ces migrations : la volonté des jésuites d'éloigner les autochtones des blancs à cause de leur mauvaise influence, surtout par les boissons alcoolisées ; l'épuisement des sols par la culture du maïs qui oblige les autochtones à s'établir sur de nouvelles terres.
Migrations — Tableau chronologique des interprétations.
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1667 Kentake et les églises de Laprairie. |
1676 Kahnawake devenu Kateritsitkaiatat « là où Catherine fut inhumée », cénotaphe et croix à l'embouchure de la rivière du Portage devenue Saint-Régis, Ville Sainte-Catherine. |
1690 Kaknawakon « dans le Rapide », moulin des jésuites, La Tortue, Île du Seigneur, Ville Sainte-Catherine. |
1696 Kanatakwenke « d'où le village a été ôté », Rivière Suzanne près des rapides, Voie maritime du Saint-Laurent, Kahnawake. |
1716 Kaknawake « ou rapide », naguère Caughnawaga, aujourd'hui Kahnawake. |
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1721. Mars. Du Sault S. Louys. [...] Il a déjà changé deux fois de place dans l'eſpace de deux lieues. Sa feconde ſtation, où je l'ai vu en 1708, étoit vis-à-vis un Rapide, qu'on nomme le Sault Saint Louis, & il en a conſervé le nom quoiqu'il en ſoit aujourd'hui aſſez éloigné. | [...] ſitué dans le Continent du côté du Sud, trois lieues plus haut que la Ville de Montréal. Il eſt fort peuplé [...] Il paroît qu'on l'a enfin fixé ; car l'Egliſe, qu'on ne fait que d'achever, & la Maiſon des Millionnaires, ſont, chacun dans leur genre, deux des plus beaux Edifices du Pays. La ſituation en eſt charmante. Le Fleuve fort large en cet endroit y eſt ſemé de plusieurs Iſles, qui font un très-bel effet. L'Iſle de Montréal toute peuplée eſt en perſpective d'un côté, & la vûë n'eſt preſque point bornée de l'autre à cauſe du Lac de Saint Louis, qui commence un peu plus haut. | |||||||
Au Sault Saint Louys, ce premier de May, 1721. [...] Cette Bourgade fut d'abord placée à la Prairie de la Madeleine, environ une lieuë plus bas que le Sault Saint Louys, du côté du Sud. Les Terres ne s'y étant pas trouvées propres pour la culture du Maïz, | on la tranſporta vis-à-vis le Sault même, d'où elle a pris ſon nom, | qu'elle porte encore, quoiqu'elle ait été transférée de - là, il y a peu d'années, une autre lieuë plus haut. J'ai déjà dit que la ſîtuation en eſt charmante, que l'Egliſe & la Maiſon des Millionnaires ſont deux des plus beaux Edifices du Pays, & que c'eſt ce qui fait juger qu'on a pris de bonnes meſures pour n'être plus obligé de faire de nouvelles tranſmigrations. | ||||||
Source : Charlevoix 1744 t3 p. 141, 175 et 177-178. | ||||||||
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1667 Kentake et les églises de Laprairie. |
1676 Kahnawake devenu Kateritsitkaiatat « là où Catherine fut inhumée », cénotaphe et croix à l'embouchure de la rivière du Portage devenue Saint-Régis, Ville Sainte-Catherine. |
1690 Kaknawakon « dans le Rapide », moulin des jésuites, La Tortue, Île du Seigneur, Ville Sainte-Catherine. |
1696 Kanatakwenke « d'où le village a été ôté », Rivière Suzanne près des rapides, Voie maritime du Saint-Laurent, Kahnawake. |
1716 Kaknawake « ou rapide », naguère Caughnawaga, aujourd'hui Kahnawake. |
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4° La Tradition Constante des Sauvages, de Chefs en Chefs et de Pères en fils est que, lorsqu'ils ont quitté la Prairie de la Magdeleine |
pour venir s'établir sur la nouvelle conceſsion de 1680, ils ont planté leur village sur la rive est de la rivière du Portage, et qu'ils sont restés là une quinzaine d'années, après y avoir bâti une eglise en bois. Il reste encore une vielle croix plantée sur le terrain de l'ancien village et quelques décombres en terre. Telle est auſsi la tradition de tous les vieux habitans de cette partie de la Paroiſse de La Prairie. 5° Le nom de Caughnawaga, en sauvage Kahnawake qui veut dire au Sault, au Rapide, dénote que le village a été autrefois près d'un sault ou d'un rapide. Il n'aurait pas été ainsi nommé, s'il eût été bâti dès le principe à plus d'une lieue au deſsus du Sault, et où il est maintenant (le village). Le Sauvages en le transportant, en ont aussi transporté le nom. |
6° Leur seconde station, d'après la même tradition, a été quelques arpens plus haut dans un endroit que l'on appèle à présent Chez Cato. Ils n'ont été là que sept ans. |
7° La troisième station du village, d'après la même tradition sauvage a été sur la rivière Susanne, à peu près une demie lieue au deſsus du rapide. Ils sont demeurés là une quinzaine d'années, |
après quoi ils sont venus se fixer ici pour toujours. |
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9° En partant de 1680, tems où les Sauvages ont laiſsé la Prairie | pour venir s'établir sur leur nouvelle conceſsion, et additionnant les années des différentes stations du village, 15 ans sur la rivière du Portage, |
7 ans chez Cato, | et 15 ans sur la rivière Susanne, | on a 37 ans, lesquelles ajoutées à 1680, donnent 1717. Or le Père Charlevoix écrit sa lettre en 1721 qu'il y avait quelques années que le village avait été transféré où il est à présent. | ||||
Source : Jos: Marcoux ptre Miſsr., Au Sault S. Louis le 21 déc. 1829, au Lieu.t Colonel Napier Indian Depart.t., in explanation of the Memoire of the Iroquois Indians, Ottawa Bibliothèque et Archives Canada, British Military and Naval Records, RG 8, C Series, vol. 268, p. 937a-940. | ||||||||
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1667 Kentake et les églises de Laprairie. |
1676 Kahnawake devenu Kateritsitkaiatat « là où Catherine fut inhumée », cénotaphe et croix à l'embouchure de la rivière du Portage devenue Saint-Régis, Ville Sainte-Catherine. |
1690 Kaknawakon « dans le Rapide », moulin des jésuites, La Tortue, Île du Seigneur, Ville Sainte-Catherine. |
1696 Kanatakwenke « d'où le village a été ôté », Rivière Suzanne près des rapides, Voie maritime du Saint-Laurent, Kahnawake. |
1716 Kaknawake « ou rapide », naguère Caughnawaga, aujourd'hui Kahnawake. |
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Village de Laprairie. |
Croix de Catherine Tegakouita près la rivière du portage. |
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Cohnowaga ou Village Iroquois du Sault S. Louis. |
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Source : 2e Lettre, Le père Tellier, missionnaire de la compagnie de Jésus au Canada à son supérieur en France, Laprairie, le 30 janvier 1844 [Martin 1852a, p. 67]. | ||||||||
1 Indian Village 1669. Première Station du Village des Sauvages 1669. |
2 Indian Village 1676 There is on the bank a new cross replacing and old one where Catherine Tekakwitha prayed & where she is buried. 2.me Station du Village en 1676 Là est sur le rivage une croix neuve qui a remplacé l'ancienne où Catherine Tekakwitha venait prier et où elle fut inhumé. |
3 Indian Village probly 1691 when they returned to Montreal & sheltered Charlevoix said to have seen them them there in 1708. 3.me Station du Village probablement vers 1691 lorsque les Sauves rivurent de Montréal au ils etaient réfugiés Charlevoix les avoir vus là en 1708. |
4 Caughnawaga pres.t Vill.ge Church founded in 1721. 4.me et dernière Station en 1718 L'Eglise et le presbytère furent achieves en 1721. |
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Source : William McLea Wallbank (1856-1909), P.L.S. [Provincial Land Surveyor], Plan shewing the various positions occupied by the Iroquois Indians of Caughnawaga From the year A1669 to 1883D, Compiled from a copy belonging to the Rev Nicholas Victor Burtin Ptre O.M.I. R.C. Miss. Caughnawaga, September 1883, BANQ-Q CA601,S139,SS1,D1. | ||||||||
1. 1669 La Prairie |
2. † 1676 R. Du Portage Cote St. Catherine |
3. 1689 Sault St. Louis |
4. 1696 Sault St. Louis |
5. 1718-1889 Caughnawaga |
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Source : Walworth 1891, p. 194. « Les Cinq Stations du Village des Iroquois à la Mission de St. Francois Xavier 1669-1889 » | ||||||||
1. Première station du Village des Iroquois, 1669, où est l'église actuelle de La Prairie. |
2. Deuxième station du dit village, 1676, appelé par les Iroquois : "Kateritsitkaiatat" c.-à.-d. là ou Catherine (Tekakwitha) fut inhumée. Là est sur le rivage une croix neuve qui a remplacé l'ancienne prés de laquelle Catherine Tekakwitha venait prier. |
3. Troisième station du village 1689, appelée Kaknawakon, c.-à.-d. "dans le Rapide" actuellement la terre occupée par M. Edouard Desautels (La Prairie). |
4. Quatrième station du village, 1696, appelée Kanatakwenke c.-à.-d. "d'où le village a été ôté." C'était près des rapides. Le P. Charlevoix dit y avoir vu les Sauvage en 1708. |
5. Cinquième et dernière station du village 1719, à Kaknawake (ou rapide) c.-à.-d. Caughnawaga. Le presbytère et l'église ont été achevés en 1721. |
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Source : Burtin 1894, p. 23. « LEGENDE » | ||||||||
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1667 Kentake et les églises de Laprairie. |
1676 Kahnawake devenu Kateritsitkaiatat « là où Catherine fut inhumée », cénotaphe et croix à l'embouchure de la rivière du Portage devenue Saint-Régis, Ville Sainte-Catherine. |
1690 Kaknawakon « dans le Rapide », moulin des jésuites, La Tortue, Île du Seigneur, Ville Sainte-Catherine. |
1696 Kanatakwenke « d'où le village a été ôté », Rivière Suzanne près des rapides, Voie maritime du Saint-Laurent, Kahnawake. |
1716 Kaknawake « ou rapide », naguère Caughnawaga, aujourd'hui Kahnawake. |
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Laprairie Kentake (1667) |
Kateri's Tomb Kahnawake (1676) |
Kahnawakon (1690) Jesuit's Mill |
Kanatakwenke (1696) |
Caughnawaga 1716 |
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Source : Devine 1922 p. viii « Map illustrating Historic Caughnawaga 1667-1890 » dont le sud est en haut, à l'inverse des conventions habituelles. Cette imposante monographie de 443 p. fournit habituellement les informations les plus détaillées. | ||||||||
La Prairie Kentaké 1668 |
Tomb. de Cath Kahnawake 1676 |
Kahnawakon 1689 |
Kanatakwenké 1696 |
Kahnawake (Caughnawaga) 1719 |
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Source : Lecompte 1927a, p. 83, « Mission iroquoise au bord du Saint-Laurent », reprise par Wynne 1934. | ||||||||
La Prairie Kentaké 1668 |
Kahnawaké 1676 |
Kahnawakon 1689 |
Kanatakwenké 1696 |
Kahnawaké 1719 |
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Source : Mongeau 1937.05.24, p. 11. « Mission iroquoise au bord du Sainte-Laurent. » La même carte est reprise dans Lecompte 1948a, p. 7. | ||||||||
1. Première station du village des Indiens (1669). |
2. Deuxième station du village des Indiens (1676), appelée par les Iroquois Katéri tsi tkaiatat, c'est-à-dire « là où Catherine (Tekakwitha) fut inhumée ». Là est sur le rivage la croix où Catherine venait prier. |
3. Troisième station du village (1689), appelée Kahnawakon, dans le rapide - terre des Desautels. |
4. Quatrième station du village (1696), appelée Kanatakwenke, c'est-à-dire « d'où le village a été ôté ». C'était près des rapides. Le R. P. de Charlevoix dit y avoir vu les Indiens en 1708. |
5. Cinquième et dernière station du village à Kahnawake (Caughnawaga), en 1719. Le presbytère et l'église datent de 1721. |
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Source : Béchard 1946, p. 5. | ||||||||
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1667 Kentake et les églises de Laprairie. |
1676 Kahnawake devenu Kateritsitkaiatat « là où Catherine fut inhumée », cénotaphe et croix à l'embouchure de la rivière du Portage devenue Saint-Régis, Ville Sainte-Catherine. |
1690 Kaknawakon « dans le Rapide », moulin des jésuites, La Tortue, Île du Seigneur, Ville Sainte-Catherine. |
1696 Kanatakwenke « d'où le village a été ôté », Rivière Suzanne près des rapides, Voie maritime du Saint-Laurent, Kahnawake. |
1716 Kaknawake « ou rapide », naguère Caughnawaga, aujourd'hui Kahnawake. |
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1: Laprairie (1667) |
2: Côte Ste-Catherine (1676) |
3: At the Rapids (1689) |
4: Suzanne Creek (1696) |
5: Caughnawaga (1717) |
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Source : Henri Béchard (Kateri 1957.09-EV09N04p07-09). | ||||||||
1: Laprairie (1668) |
2: Côte Ste-Catherine (1676) |
3: Aux Rapides (1689) |
4: La rivière Suzanne (1696) |
5: Caughnawaga (1717) |
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Source : Henri Béchard, Migrations. — (Kateri 1957.12-F001p20). |
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1. La Prairie 1667 |
2. River au Portage 1676 |
3. Gristmill 1690 |
4. River Suzanne 1696 |
5. Caughnawaga 1716 |
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Source : Béchard 1976, p. C2. « Removals : Sault St. Louis Village or Caughnawaga ». | ||||||||
(1676) Kahnawake |
(1690) Kahnawakon |
(1696) Kahnatakwenke |
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Source : Lacroix 1981, p. 40. « Sources : Carte des sols, comté de Laprairie, 1943. Devine, Historic Caughnawaga, carte hors texte [Devine 1922, p. viii]. » Contrairement à ce qui est indiqué, la limite ouest de la seigneurie de La Prairie incluait Kahnawakon ! | ||||||||
LaPrairie Kentake (1667) |
Kahnawake (1676) |
Kahnawakon (1690) |
Kanatakwenke (1696) |
Caughnawaga (1716) |
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Source : Lavallée 1992, p. 53. « Carte 2 Les déplacements de la mission indienne (d'après E. J. Devine, Historic Caughnawaga, carte hors-texte [Devine 1922, p. viii]) ». | ||||||||
LaPrairie Kentake (1668) |
Kahnawaké (1676) |
Kahnawakon (1689) |
Kanatakwenke (1696) |
Kahnawaké (Caughnawaga) (1719) |
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Source : Béchard 1992a, p. 89. « Mission iroquoise du bord du Saint-Laurent ». | ||||||||
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1667 Kentake et les églises de Laprairie. |
1676 Kahnawake devenu Kateritsitkaiatat « là où Catherine fut inhumée », cénotaphe et croix à l'embouchure de la rivière du Portage devenue Saint-Régis, Ville Sainte-Catherine. |
1690 Kaknawakon « dans le Rapide », moulin des jésuites, La Tortue, Île du Seigneur, Ville Sainte-Catherine. |
1696 Kanatakwenke « d'où le village a été ôté », Rivière Suzanne près des rapides, Voie maritime du Saint-Laurent, Kahnawake. |
1716 Kaknawake « ou rapide », naguère Caughnawaga, aujourd'hui Kahnawake. |
| 1667 Kentake | Seigneurie | 1ère église (1667-1670), 2e église (1670-1686) et manoir | 3e église (1686-1705) | 4e église (1705-1840) | 5e église (1840-) |
1667 Kentake et les églises de Laprairie.
| 1667 Kentake | Seigneurie | 1ère église (1667-1670), 2e église (1670-1686) et manoir | 3e église (1686-1705) | 4e église (1705-1840) | 5e église (1840-) |
La seigneurie de La Prairie.
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Brodeur 2004.09, ilustration 4 intitulée « Emplacement présumé du village iroquois selon Lacroix », soit Lacroix 1981 p. 20 « Carte 1 - Emplacement présumé du village iroquois de La Prairie. », avec légers déplacements des légendes dans la mise en page. |
| 1667 Kentake | Seigneurie | 1ère église (1667-1670), 2e église (1670-1686) et manoir | 3e église (1686-1705) | 4e église (1705-1840) | 5e église (1840-) |
1ère église (1667-1670), 2e église (1670-1686) et manoir.
Les confusions créées par Lacroix 1981, tant au niveau de la chronologie que de la description et l'utilisation des diverses premières églises de la seigneurie de La Prairie, ont malheureusement été reprises par de nombreux auteurs dans la chaîne historiographique...! Leur analyse critique s'impose donc à la lumière des sources primaires afin d'en restituer une lecture appropriée.
[Lacroix 1981, p. 25-26]
Dès 1670, on commence "à faire une église à la façon du pays" (JR, 63 : 160). La chapelle, que se partagent les Français et les Indiens, n'est pas un bâtiment distinct, puisqu'elle est aménagée à même le manoir seigneurial (Le "Plan général de l'estat présent des missions du Canada en l'année 1683" signale une chapelle dans la maison des Pères Jésuites, Mandements, lettre pastorales..., I : 127). Ce dernier, élevé sur le domaine ("Aveu et dénombrement du fief et seigneurie de Laprairie de la Madeleine", 8 nov. 1677, minutier R. Becquet), se trouve à proximité du village et à quelques deux ou trois cents pas du fleuve (C'est la distance que doit parcourir Mgr de Laval lors de sa visite en 1675, JR, 59 : 272). Deux chambres, l'une servant aux missionnaires et l'autre réservée probablement aux visiteurs, occupent le même plancher (JR, 59 : 278). Dans cette chapelle aux dimensions sans doute modestes, chaque groupe, Français et Indiens, se voit attribuer un côté (JR, 63 : 190).
Dans ce court texte, Lacroix rassemble des informations de diverses natures provenant de plusieurs documents chonologiquement étalés sur quelques lustres. Un retour aux sources, présentées par ordre chronologique, s'avère donc essentiel afin de parcourir de nouveau le chemin de l'origine des méandres de chacune de ses interprétations.
Aucuns des auteurs étudiés, incluant les archéologues, ne citent de sources d'archives attestant de la date de construction du manoir seigneurial des jésuites à La Prairie. On a donc présumé qu'on le construit au tout début de l'exploitation de la seigneurie, vers 1667 ou en 1668. L'a-t-on vraiment construit aussi tôt ? Car la mission est alors très embryonnaire ! Tous les auteurs parlent de trois églises à La Prairie. En fait, il y en a eu cinq. Ils oublient donc les deux premières documentées par Chauchetière.
1667 — Dans un premier temps, les interprétations de Lacroix ne résistent pas à leur comparaision avec la Narration annuelle... (à laquelle pourtant il se réfère !) et au dessin de Chauchetière qui décrivent pourtant très précisement les deux premières chapelles ou églises de l'établissement de La Prairie ! Chauchetière situe en 1667 la création de la mission Saint-François-Xavier et du village de La Prairie, Kentake.
On passa mesme le fleuve de Saint-Laurent et on establit vis-à-vis du Montréal la seigneurie de la Prairie bien choysy de Dieu pour y faire une des plus belles missions qu'on ait vu en Canada. Les François disposèrent le lieu, s'y estant transportés pour y faire un village, lequel commença l'an 1667 [f03v].
Sept personnes onneiouts jettèrent les fondemens de toute la mission de Saint-François-Xavier [f03v]. [...] vivans sous le mesme toist que les François, qui n'estoit qu'un simple hangar de planches droittes et appuyées l'une contre l'autre en dos d'asne [f04r].
1670 — Trois ans plus tard, en 1670, il n'y a toujours que 5 cabanes.
Il y a donc une 1ère église primitive (1667-1670), une petite cabane de planches, que Chauchetière n'a pas vue puisqu'il n'arrive dans cette mission qu'en 1677. Puis une 2e église, construite en 1670 à la façon du pays, ce qui correspond à la date d'ouverture des registres d'état civil [Lacroix 1981, p. 189]. Mais, qu'en est-il des bâtiments qu'on construit alors en 1670 ? Outre l'église, spécifiquement mentionnée, il ne peut s'agir que du manoir des jésuites et de ses dépendances ! Sa construction date donc de 1670 et non de 1667-1668 ! Chauchetière atteste également que cette 2e église et ces bâtiments, dont le manoir des jésuites, sont encore en fonction alors qu'il rédige son manuscrit en 1685-1686, puisqu'on les voit encore. Il illustre d'ailleurs cette 2e église dans son dessin intitulé On en bannist les boissons (f10r), scène qui se passe à La Prairie en 1671, telle que décrite au f06r. On ne peut se méprendre sur l'identification de ce bâtiment avec sa croix et sa cloche fichées sur le faîte. Il s'agit, de toute évidence, d'un édifice autonome qui n'est relié à aucun autre. Ce dessin permet donc de visualiser le prototype de l'église primitive commune à plusieurs paroisses de la Nouvelle-France au XVIIe siècle. Elle est même chauffée puisque la fumée sort de sa cheminée. C'est donc dans cette 2e église (1670-1686) de La Prairie, illustrée ci-contre, que français et autochtones assistent aux services religieux. Comme il s'agit donc d'un bâtiment autonome, cela jette un fort doute sur les interprétations de Lacroix à l'effet qu'elle est « aménagée à même le manoir seigneurial [p. 25] » ou « attenante à la maison des Jésuites [p. 78] ». Après le départ des autochtones, en juillet 1676, les fidèles de La Prairie continuent donc à l'utiliser jusqu'à la construction de leur 3e église en 1686. |
En 1668 Claude Prévost, ancien échevin de la ville de Paris, et sa femme Élizabeth Legendre donnent aux jésuites ce magnifique ostensoir pour leur mission. Malgré son caractère somptuaire, ce trésor d'orfèvrerie est donc utilisé dans la très modeste 1ère église (1667-1670) de La Prairie, la petite cabane de planches qui estoit commune pour les François et pour les sauvages [f05r]. Il est également utilisé dans la 2e église (1670-1686) de La Prairie, telle que dessinée par Chauchetière (ci-contre), jusqu'au déménagement de la mission en 1676 dont il suit les migrations jusqu'à Kahnawake où il est conservé. Une étude plus élaboré de cet objet est disponible sur cette page. Il a servi de modèle au dessin de Marlene McCauley pour la couverture de son livre Song of Kateri, Princess of the Eucharist. Boursier, Claude, France, Paris, The monstrance dating back to Kateri's times. Ostensoir donné en 1668 par Claude Prévost, ancien échevin de la ville de Paris, et sa femme Élizabeth Legendre. Il a servi de modèle au dessin de Marlene McCauley pour la couverture de son livre Song of Kateri, Princess of the Eucharist. — (Kateri 1958.06-EV10N03p05 ; 2014.03-E254p41 ; 2014.03-F211p41 ; 2015.03-E258p21 ; 2015.03-F215p21). |
Marlene McCauley, Tekakwitha avec l'ostensoir de la mission, page couverture du livre Song of Kateri, Princess of the Eucharist, signé et daté « Marlene McCauley © 6 - 05 ». — (McCauley 2005) ; (KC AKR P100-2) ; (Kateri 2005.09-E225p17 ; 2005.09-F182p17). |
Mai 1676 — Contrairement à ce qu'avance Lacroix, la visite pastorale de Mgr de Laval n'a pas eue lieu en 1675, puisqu'il est arrivé à Québec en septembre, mais en mai 1676 tel que précisé par Chauchetière (f15r). Un texte auquel Lacroix se réfère est la section intitulée « Visite que monseigneur l'évêque de Québec et M. l'intendant ont rendu aux sauvages de La Prairie de la Magdeleine ou est etablie la mission de Saint-François-Xavier », tiré de la relation de Claude Dablon, État présent des Missions des pères de la Compagnie de Jésus en la Nouvelle-France, pendant l'année 1675 (Thwaites 1896-1901, vol. 59, p. 268-291). Ce texte couvre donc également la période de l'année suivante, car la visite de Mgr de Laval a lieu en mai 1676. Les autochtones habitent alors toujours à La Prairie :
Lacroix confond cette église, où ont lieu diverses cérémonies, avec la « maison » des jésuites où l'évêque se retire après « le salut achevé » ; et, c'est dans cette « maison » qu'il passe dans une autre chambre (p. 276). C'est donc dans cette 2e église (1670-1686) de La Prairie qu'a lieu la confirmation dessinée par Chauchetière. |
Juin 1675 et Août 1676 — Les jésuites louent les bâtiments de leur ferme domaniale le 29 juin 1675 à Chales Boyer, bail révisé le 24 août 1676, excepté le logis des pères et la cave de la grange. Le grenier de la maison seigneuriale pourra toutefois être utilisé pour remplacer celui de la grande étable, mais pas celui au-dessus de la chapelle ! Ce qui indique que cette église fait partie de la ferme domaniale, sans toutefois préciser qu'elle est reliée architecturalement au manoir seigneurial !
La ferme domaniale — Le domaine
[Lacroix 1981, p. 137-138]
Les Jésuites se sont réservés un domaine en bordure du fleuve, de part et d'autre de la rivière St-Jacques 164. Le domaine est mentionné les premières fois dans les actes de concession des terres adjacentes : Tissot, 31 mai 1672, Concession à J.-B. Berger ; 21 déc. 1673, Concession à J. Tissot.. Les seigneurs, comme les censitaires, participent à la mise en valeur de la seigneurie en exploitant ces terres, qu'ils désignent comme la « ferme et metterie » seigneuriale. À cet effet, ils engagent des fermiers (tableau 22). Comptant une superficie de 200 arpents, la moitié du domaine est en valeur en 1677 165. « Aveu et dénombrement... », greffe R. Becquet, 8 nov. 1677..
Les baux donnent des indications sur ce qui limite et compose la ferme domaniale. Selon les termes du premier contrat, elle comprend « les terres labourées, les prairies, la moitié du jardin, la grange et tous les bâtiments, excepté le logis des Pères et la cave de la grange ». À la place de la grande étable, le P. Frémin met à la disposition du fermier les deux vieilles étables, qu'il fera réparer ; et, pour remplacer le grenier de cette grande étable, il permet l'usage du grenier de la maison seigneuriale, excepté celui qui est au-dessus de la chapelle 166. Tissot, 24 août 1676, Modification au bail à ferme des terres seigneuriales..
Juillet 1676 — En juillet 1676, la mission, établie à La Prairie depuis 1667, déménage à son nouvel emplacement de Kahnawake, où elle dispose d'une nouvelle chapelle dessinée deux fois par Chauchetière : soit lors de sa construction en 1676 (f15r), puis de sa destruction en 1680 (f22r). |
8 novembre 1677 —
Dans le cadre de son interprétation de la chapelle du manoir seigneurial, Lacroix cite également un document qui date du 8 novembre 1677 dont voici la transcription d'un passage éloquent.
Il est donc très clairement stipulé qu'on trouve sur le domaine seigneurial plusieurs bâtiments distincts dont une chapelle qui sert d'église paroissiale tant pour les jésuites, les autochtones que les fermiers ! Il s'agit donc de la 2e église (1670-1686) de La Prairie, un bâtiment autonome tel que dessiné par Chauchetière et qui est utilisé jusqu'à la construction de la 3e église en 1686. 2e église (1670-1686) de La Prairie, telle que dessinée par Chauchetière. |
1683 — Un autre document source cité par Lacroix, daté de 1683, établit très bien la distinction entre la mission des jésuites chez les autochtones, maintenant à Kahnawake depuis 1676, puis leurs chapelles de La Praire et de Saint-Lambert.
« Les Pères Jésuites qui ont un village de sauvages au sault Saint-Louis desservent la prairie de la Magdeleine et la côte Saint-Lambert qui contiennent deux lieues d'étendue le long du grand fleuve côté du sud, vis-à-vis de Montréal, et s'étendent demi-lieue dans les terres ; il y a 40 familles et 210 âmes ; il y a une chapelle dans la maison des Pères Jésuites et une autre dans la côte Saint-Lambert, qui a 25 pieds de long et 20 de large, sans presbytère [Têtu 1887, « Plan général de l'état présent des missions du Canada fait en l'année 1683 », p. 127]. »
Aucun presbytère n'est nécessaire à Saint-Lambert, puisque les jésuites ont leur manoir seigneurial à La Prairie. L'interprétation du passage « il y a une chapelle dans la maison des Pères Jésuites » est plus délicate et nécessite une mise en perspective au niveau du vocabulaire de la fin du XVIIe siècle. Lacroix a interprété le mot « maison » au sens littéral d'habitation physique dont une partie est consacrée à la chapelle. Ce terme est pourtant polysémique, tel qu'attesté par les multiples sens répartis sur les quatre colonnes des deux pages qui y sont consacrées dans le Dictionnaire de Furetière [Furetière 1690, t2 p. 524-525]. Dans le contexte de ce document de 1683, tout change lorsqu'on interprète autrement le sens de ce mot.
« MAISON, ſe dit auſſi d'un Convent, d'un Monaſtere. Ce Chef d'Ordre a tant de Maiſons dependantes de ſa Filiation. On a ordonné la reforme de pluſieurs Maiſons Religieuſes.
On dit auſſi en termes de l'Ecriture, que l'Egliſe eſt la maiſon de Dieu. Jesus-Christ en chaſſant les Marchands du Temple, dit que ſa maiſon eſtoit une maiſon de priere, & qu'on en avoit fait une boutique de larrons [Furetière 1690, t2 p. 524-525]. »
Selon Furetière, maison peut aussi désigner la lignée d'une même famille, les gens appartenant à une collectivité, comme celle d'un prince ou d'une communauté. Cette acception convient bien au contexte de ce document de nature religieuse où l'on est habitué à se référer à une commauté religieuse avec ce substantif : maison des ursulines, maison des hospitalières, maison des jésuites, etc. C'est d'ailleurs cette appellation qui est utilisée dans la légende du plan de 1704 par Levasseur : « 5 maison au jesuiste avec ses d'Espend.ces ».
Donc, si on interprète le mot maison dans un sens plus large, on peut alors réconcilier ce texte de 1683 avec le dessin et la Narration... de Chauchetière, avec la position de cette 2e église (1670-1686) par rapport au fleuve telle que donnée par Dablon et calculée sur le plan de 1704, de même qu'avec le dénombrement de 1677.
Les jésuites ont bel et bien une chapelle dans leur maison. Mais cette maison est leur domaine. Donc, la chapelle n'est pas physiquement incluse dans l'habitation, la résidence ou le logis des jésuites, mais elle est bâtie de façon indépendante sur leur domaine qui constitue, en quelque sorte, leur couvent ou monastère, mais en plusieurs bâtiments, biens ou propriétés physiquement individualisés et séparés : maison, logis, résidence, étable, grange, fournil, chapelle, terres labourées, prairies, jardin, moulin, etc.
1692 — Dans un bail, signé le 4 mai 1692 devant le notaire Bénigne Basset, on décrit plus précisément les bâtiments du domaine seigneurial.
« [...] Reverend pere Pierre Rafaix de la Compagnie de Iesus au Collège de Québec et procureur du Reverend pere Claude d'ablon ſuperieur de Le dite Compagnie au dt Collège [...] a Reconnu et Confessé avoir baillé et dellaissé a Titre de ferme et Maison de grain et autres choses du jour et feste de Toussaint prochain, venant Iusqu'à Cinq années finies [...] a Jean Caillau dit Baron habitant de la prairie de la Mag.ne et Marie Touchard ſa femme [...] tous les Bastiments Construits ſur Icelles lieues, dans le fort du dit lieu Lieux Apartenances et dépendances, Consistant en une grande Maison, partye de pièces de bois ſur pièces, et partye en Coullice, ſa Cheminée de Bousillage, à Masse de pierre et mortyer de terre, Couverte de Bardeau ; une grange a potteaux entourée de Madriers de bois de pin, Couverte de paille et herbe. Une Estable de soixante pieds de long de pièces ſur pièces, Couverte de Paille a la Reserve que ce fait le dt R. Pere Bailleur, de la Chambre des peres qui est derriere la Cheminée de la d.te Maiſon pendant Cinq années ſans diminution du prix de la ditte ferme ; Item, un petit fourny tel quel, sans que led. R. Pere Bailleur [...], ſoit tenu de le [livrer] en autre estat qu'il est presentement [BANQ, Bénigne Basset, 4 mai 1692]. »
1704 — Plan de laprairie de la madelaine Levé En l'année 1704
Jacques Levasseur de Néré (1662 ou 1664 - 1723 ou après), Transcription de la légende | Plan de laprairie de la madelaine Levé En l'année 1704 | 1 fort comme il Est aujourd'huy | 2 Esglise et presbitaire | 3 cimetiere | 4 Les Soeurs de la congrégation | 5 maison au jesuiste avec ses d'Espend.ces | tous Les ouvrages Marquée en jeaunes dénottent ce qui convient de faire |, Dessin à la plume aquarellé sur papier, 40 x 53,9 cm, FR ANOM 03DFC458B.
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Le plan détaillé de 1704 présente le 1 fort comme il Est aujourd'huy, mais également les projets de tous Les ouvrages Marquée en jeaunes dénottent ce qui convient de faire. Il fournit des indices sur le domaine seigneurial auquel se réfère la légende : 5 maison au jesuiste avec ses d'Espend.ces. Ce chiffre 5 se retrouve sur la place au centre, sur trois bâtiments et au croisement des allées du jardin. Aucun des bâtiments n'y est identifié précisément. Afin d'y voir plus clair dans les diverses interprétations divergentes qui ont été données sur leurs identifications et fonctions, un examen critique des données disponibles s'impose. Chauchetière situe en 1670 la construction de la première église, une petite cabane de planches, et des bâtiments. Ces bâtiments que sont le manoir et ses dépendances semblent demeurer les mêmes jusqu'en 1685-1686 alors que Chauchetière rédige sa Narration... Mais il n'en fournit aucune description ! On doit donc les imaginer ouverts sur les champs aux alentours, selon son dessin où apparaît la 2e église (1670-1686) de La Prairie, jusqu'à la construction de la palissade en 1687-1689 telle qu'elle figure au numéro 1 sur le plan de 1704. Lorsqu'en 1676 les jésuites déménagent leur mission à Kahnawake, ils se réservent pension et logement à La Prairie mais louent le domaine par baux, à des fermiers qui l'exploitent : 29 juin 1675 révisé le 24 août 1676 (Tissot), 4 mai 1692 (Basset) et 4 juin 1697 (Adhémar, Lacroix 1981 p. 137-141). |
Détail annoté, avec le nord en haut, du Plan de laprairie de la madelaine Levé En l'année 1704 et son échelle en toises ajoutée au-dessus de la rue et autour des bâtiments de la 5 maison au jesuiste avec ses d'Espend.ces. |
Le bail de 1692 permet de repérer, par ses dimensions identiques sur ce plan de 1704 (Bâtiment Est), une estable de soixante pieds de long de pièces sur pièces, couverte de paille qui se situe, à l'est du jardin, à 50 toises (300 pieds ou 120 pas) du bord de l'eau. Cet emplacement est logique car les vents d'ouest dominants permettent d'éviter les odeurs près de l'habitation. Les deux autres bâtiments se situent à 12 toises du fleuve (72 pieds ou 29 pas). Le plus petit près de l'allée ou de la rue (Bâtiment Sud), le plus grand au fond près de la palissade (Bâtiment Nord). Mais auxquels peut-on identifier ceux désignés au bail de 1692 ?
• une grande maison, partye de pièces de bois sur pièces, et partye en coullice, sa cheminée de bousillage, à masse de pierre et mortyer de terre, couverte de bardeau
• une grange a potteaux entourée de madriers de bois de pin, couverts de paille et herbe
Il semble logique de penser que l'appellation grande maison, prise au sens littéral, puisse désigner le plus grand bâtiment sur le domaine (Bâtiment Nord). Ce vocabulaire utilisé par le notaire Bénigne Basset, dans ce bail de 1692, rejoint ainsi celui de maison au jesuiste avec ses d'Espend.ces utilisé douze ans plus tard par Jacques Levasseur de Néré dans son plan de 1704. Mais également l'appellation « nostre maison » utilisée par Dablon (dans son texte cité ci-dessus) lors de la visite de Mgr de Laval en mai 1676.
Le plan d'aménagement du domaine seigneurial devient ainsi cohérent : les bâtiments de services fréquentés par les fermiers (Bâtiments Sud et Est), sont facilement accessibles sans avoir à déranger les seigneurs dans leur manoir (Bâtiment Nord) retiré de ces achalandages.
Dans cette hypothèse, l'identification du Bâtiment Est à une estable est certaine, celle du Bâtiment Nord à la grande maison ou manoir est probable, celle du Bâtiment Sud à la grange en découle par élimination graduelle. Quant au petit fourny [fournil], répertorié au bail de 1692, le plan de 1704 ne permet pas de le localiser.
Ce manoir seigneurial se trouve ainsi bien protégé et blotti dans le coin formé par les palissades en 1704. Mais il faut l'imaginer avant l'érection de ces palissades en 1687-1689 ! Ce bâtiment avait été conçu pour être ouvert sur le domaine extérieur lors de sa construction en 1670 et il en a été ainsi pendant près de deux décennies ! Tout comme la 2e église (1670-1686) de La Prairie.
Dessin de Chauchetière montrant la 2e église (1670-1686) de La Prairie avec vue sur le paysage avant la construction de la palissade.
Le manoir a également pu jouir d'une telle vue près de deux décennies après sa construction en 1670 avant d'être bloquée par la palissade.
La fonction du manoir des jésuites et de ses dépendances évolue au fil du temps qui fait son oeuvre. Une première période se termine par sa location, 15 ans après sa construction en 1670. Les fermiers ont certainement contribué à l'évolution de ces bâtiments qui ont pu changer d'appellation ou de vocation au fil des décennies écoulées.
« Bien que nous ayons surnommé ce secteur du Vieux La Prairie "le domaine des Jésuites", son existence n'est que de 42 ans (1668-1709) sur les 342 années d'occupation historique depuis l'arrivée des Jésuites jusqu'à aujourd'hui. Le domaine est morcelé et occupé par des particuliers à compter des années 1709. La dernière parcelle du domaine, où se situait la maison seigneuriale, est concédée en 1747 [Arkéos 2010 vol. 2 p. 27]. »
Détail annoté, avec le nord en haut, du Plan de laprairie de la madelaine Levé En l'année 1704 et son échelle en toises ajoutée au-dessus de la rue et autour des bâtiments de la 5 maison au jesuiste avec ses d'Espend.ces. |
Une campagne de fouilles archéologiques est menée par le CÉLAT de l'université Laval au début des années 2000 afin de mieux documenter l'habitation des jésuites (Côté 2002, Côté 2003, Daviau 2004.06, Côté 2005.12). Leurs rapports contradictoires laissent planer de sérieux doutes sur l'identification des vestiges exhumés. Plusieurs informations historiques, basées sur les confusions créées par Lacroix, y seraient à réviser et pourraient entraîner des remises en question des interprétations. On y identifie timidement le Bâtiment Nord comme une « grange », mais avec très peu d'arguments car ces sols sont largement recouverts de constructions ultérieures (Côté 2002 p. 93) ! On y identifie le Bâtiment Sud, où la plus grande partie des fouilles sont effectuées, au « manoir » des jésuites. Mais cette interprétation est par la suite remise en cause, les vestiges trouvés antérieurement s'avérant dater de 1820 (Daviau 2004.06, p. 35, 55, 56) ! On y trouve même un four (Côté 2002, p. 72-73) : mais, est-ce celui du « manoir » ou du « fournil » ? On confirme cependant que les dimensions sur le terrain correspondent à celles du Bâtiment Sud sur le plan de 1704 (Côté 2005.12, p. 41 et 43). Mais les éléments assez rudimentaires de sa construction (Daviau 2004.06, p. 35, 55, 56) pourraient peut-être faire balancer son interprétation vers une autre fonction moins prestigieuse, par exemple celle d'une « grange » !?
Détail annoté, avec le nord en haut, du Plan de laprairie de la madelaine Levé En l'année 1704 et son échelle en toises ajoutée au-dessus de la rue et autour des bâtiments de la 5 maison au jesuiste avec ses d'Espend.ces. |
Les importantes fouilles archéologiques menées par Archéos proposent, dans leurs volumineux et détaillés rapports, des identifications différentes de ces bâtiments. Que penser de celle du Bâtiment Est en tant que « grange du domaine » en 1695 ?
« Un peu plus à l'est, on note la présence d'un potager formé de quatre carrés de jardins et ceinturé d'une clôture de pieux. À son extrémité est, le potager se termine à un second bâtiment dans un axe plus ou moins nord-sud. Ce bâtiment est identifié lors de la concession d'une parcelle à Jeanne Testard (veuve de François Lever) le 29 juin 1695, comme étant la "grange du domaine". Cette grange borde une rue nommée "Chemin royal" qui mène à la porte nord de la palissade de La Prairie. Cette rue portera au XVIIIe siècle le nom de "Saint-Lambert" et au XXe siècle le nom de "Sainte-Marie" [Arkéos 2010 vol. 2 p. 30]. »
La source de cette information n'est pas mentionnée ! D'où provient-elle ? D'un document notarié d'époque ? D'une étude récente ? D'une compilation d'archives ? Elle est donc à mettre en compétition avec celle du bail notarié de 1692 où les dimensions données à « une estable » correspondent exactement à celles du Bâtiment Est sur le plan de 1704. Est-il possible que l'on ait pu confondre étable et grange ? Ou que les bâtiments aient changé de fonction ?
« Le bâtiment situé au sud-ouest [Bâtiment Sud] est identifié au terrier de 1738 comme abritant la "maison seigneuriale" 4 (Synonyme de manoir) Au Moyen Age et sous l'Ancien Régime, dans l'Ouest de la France, demeure à la tête d'un domaine agricole appartenant à un propriétaire de fief, noble ou non, ne possédant pas les droits seigneuriaux permettant d'élever un château muni de défenses importantes : tours, donjon, etc.. Son emplacement et son axe définissent l'orientation d'une des plus vieilles rues de La Prairie (l'actuel chemin de Saint-Jean Ouest). Elle marque la limite nord de ce qui était appelée, aux XVIIe et XVIIIe siècles, "la rue qui va du fleuve à l'église". Vers les années 1750, cette rue se dénommera "rue Saint-François-Xavier" [Arkéos 2010 vol. 2 p. 30]. »
Cette identification du Bâtiment Sud à la « maison seigneuriale » est suspecte. Elle diffère notablement de celle de « maison » utilisée lors de l'occupation de cette résidence par les jésuites eux-mêmes, soit par Dablon en 1676, au bail de 1692 et au plan de 1704. De plus, elle fait jour après une longue période d'occupation par des particuliers depuis trois décennies ! Sa transmission est donc sujette à caution. Par ailleurs, ce « terrier de 1738 », qui n'est mentionné nulle part dans la bibliographie, n'est pas un document d'époque mais une création récente de la Société d'histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine.
« La reconstitution du parcellaire de La Prairie pour les années 1702, 1738 et 1788 n'aurait pu se faire sans l'imposante recherche sur le parcellaire de La Prairie réalisée par monsieur Marcel Lamarche de la Société historique de La Prairie de la Magdeleine au cours des années 1990 [Arkéos 2010 vol. 2 p. 131 note 3]. »
L'identification du Bâtiment Nord par Arkéos est plus problématique.
« Un troisième bâtiment est présent à l'extrémité nord-ouest du domaine intra-muros. Il se situe pratiquement à l'intérieur du bastion nord-ouest de la palissade de La Prairie. Il présente une taille plus importante que les bâtiments décrits précédemment. Bien que nous n'ayons aucune information sur celui-ci, nous présumons qu'il s'agissait du corps de logis servant de "maison de retraite et de repos construite pour les Pères Jésuites de retour de mission..." 5 Bourdages et al., 1991 : 18.. La disposition des bâtiments du domaine intra-muros de La Prairie illustrés sur le plan de 1704 présente certaines similarités avec les bâtiments du couvent des Jésuites de Montréal (figure 8). Les principaux bâtiments de ce couvent consistent en une église, une chapelle et une résidence. Les bâtiments à caractère public ou serni-public tels que la chapelle et l'église sont situés en bordure de la rue Notre-Dame, tandis que la résidence se situe en retrait de la rue. Les bâtiments du domaine des Jésuites de La Prairie présentent une disposition similaire. Les bâtiments à caractère public ou serni-public tels que la maison seigneuriale et la grange se situent en bordure des rues, tandis que le bâtiment de grande dimension, qui sert possiblement de résidence, se situe en retrait, peut-on dire le plus loin possible des rues [Arkéos 2010 vol. 2 p. 30]. »
La source citée par Arkéos pour identifier ce Bâtiment Nord à une « maison de retraite et de repos » est plus que douteuse. En voici la transcription.
« Les documents de l'époque sont hélas peu loquaces quant à l'organisation physique des établissements de LaPrairie avant 1680. Il y est quelque part fait mention d'une maison de retraite et de repos construite pour les Pères Jésuites de retour de mission, et les récits relatifs à la seconde visite de Mgr de Laval à LaPrairie en 1675 laissent perplexe quant à l'emplacement exact de la chapelle [Bourdages 1991, p. 18]. »
Comment peut-on proposer une interprétation sérieuse du XVIIe siècle en se basant sur une source non identifiée véhiculée à la fin du XXe siècle et libellée sous une aussi imprécise et fallacieuse formulation...!? Tel que démontré ci-dessus, la visite de Mgr de Laval s'est tenue en mai 1676 et non en 1675 ! Il est irréaliste que ce domaine fermier ait possédé deux résidences : une « maison seigneuriale » au Bâtiment Sud et une « maison de retraite et de repos » au Bâtiment Nord ! Ce qui ne résiste pas au relevé des effectifs présents.
Tableau des missionnaires actifs dans cette mission de 1667 à 1721,
compulsé d'après Lacroix 1981 (Tableau 1, p. 16, Tableau 2, p. 31), Devine 1922, Forbes 1899 (p. 135-136) et le DBC.
Voir aussi Ruptures des mémoires dans la chronologie des pasteurs de la mission Saint-François-Xavier.
De 1667 à 1721, 15 jésuites sont affectés à cette mission au fil de ses migrations. Aucun n'y est retraité, y étant tous actifs ; leur nombre y varie beaucoup, pouvant y être seul ou quelques-uns, atteignant le maximum de 5 seulement durant les trois années, entre 1689-1691, lors du déménagement de la mission vers Kaknawakon.
Pierre Raffeix en organise l'établissement. En 1667, il passe l'hiver chez Pierre Boucher aux îles Percées qui jette alors les bases de sa seigneurie de Boucherville. Raffeix accueille les premiers iroquois avec lequels il voyage à Québec, puis ceux-ci érigent leurs premières cabanes (voir 1667, 1668, 1669). C'est donc sous sa direction qu'on construit la maison (ou manoir), en 1670, tel que rapporté par Chauchetière. Deux nouvelles recrues se joignent alors : Antoine Dalmas, de 1670 à 1674, et Philippe Pierson en 1670-1671 (Lacroix 1981 p. 16 et 80). Jacques Frémin dirige la mission à compter de 1671 pour être remplacé, lors de son voyage en France de 1679 à 1681, par Jacques Bruyas.
Pierre Cholenec arrive en 1674 à Kentake La Prairie. Mais la mission déménage à Kahnawake-Kateritsitkaiatat en 1676, marquant ainsi une importante rupture. On garde la maison de La Prairie comme résidence, mais la ferme domaniale est désormais mise en location. On y loge donc moins de jésuites, puisque ceux-ci habitent également près de leurs autochtones à leur nouvel emplacement. Cholenec travaille à la mission jusqu'en 1683, puis y revient de 1688 à 1699, puis de 1712 à 1722. Il joue un rôle important dans la diffusion des connaissances relatives à Tekakwitha, ainsi que Claude Chauchetière qui arrive à Kahnawake-Kateritsitkaiatat en 1677.
En 1683, les jésuites desservent trois lieux différents : Kahnawake-Kateritsitkaiatat, La Prairie, Saint-Lambert. N'ayant pas de maison à Saint-Lambert, ils habitent donc à leur manoir de La Prairie ainsi qu'à leur mission, se divisant entre ces deux habitations. En 1686, ils se délestent de leur cure de La Prairie en faveur des sulpiciens. Leur mission, qui est nettement leur priorité, s'éloigne de plus en plus, au fil de ses migrations, de leur maison de La Prairie qui est donc de moins en moins utilisée, surtout après l'achèvement, en 1721, de leur nouvelle résidence à Kahnawake.
Tableau de droite compulsé d'après Paulin 2015. |
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Comment peut-on prétendre qu'on trouvait à La Prairie « une maison de retraite et de repos construite pour les Pères Jésuites de retour de mission [Arkéos 2010 vol. 2 p. 30 se référant à Bourdages 1991 p. 18] » ? Alors que ceux qui y ont oeuvré ont terminé leur vie dans d'autres lieux, très majoritairement à Québec comme une large portion de leurs collègues.
Quels pourraient être les noms des missionnaires jésuites qui auraient pris leur retraite et seraient décédés dans cette résidence de La Prairie construite en 1670, puis abandonnée progressivement depuis la fin du XVIIe jusqu'au début du XVIIIe siècle ?
La très exhaustive « liste Paulin [Paulin 2015] » de données biographiques de 1 929 jésuites au Canada (1611-2015) ne donne aucun décès des leurs à La Prairie. La seule référence à cette localité concerne Victor Bourdon qui y naît en 1856 alors qu'il décède à Graaff-Reinet, en Afrique du Sud, en 1884...! Des jésuites actifs en Nouvelle-France, 141 décèdent jusqu'en 1721, date de l'établissement définitif de cette mission à Kahnawake : la plus grande partie en France (51 soit 36,2%) et au Québec (51 soit 36,2%) où la ville de Québec arrive nettement en tête de liste avec 38 décès.
Détail annoté, avec le nord en haut, du Plan de laprairie de la madelaine Levé En l'année 1704 et son échelle en toises ajoutée au-dessus de la rue et autour des bâtiments de la 5 maison au jesuiste avec ses d'Espend.ces. |
Détail annoté, avec le nord en haut, du Plan de laprairie de la madelaine Levé En l'année 1704 et son échelle en toises
ajoutée au-dessus de la rue et autour des bâtiments de la 5 maison au jesuiste avec ses d'Espend.ces.
Mais où était située cette 2e église (1670-1686) par rapport à la maison des jésuites ? Dablon (dans son texte cité ci-dessus) la place à 200 ou 300 pas du fleuve lors de la visite de Mgr de Laval en mai 1676, soit de 83 à 117 toises (500 à 700 pieds) du bord de l'eau. On construit la 3e église en 1686, sise à 87 toises (522 pieds ou 209 pas) du fleuve telle qu'illustrée sur le plan de 1704, tout juste à l'intérieur de la pointe nord-est de la palissade en pieux érigée en 1687-1689 [Lacroix 1981, p. 68] tandis que le cimetière est à l'extérieur de celle-ci. Ce document présente également le plan au sol du projet d'établissement de la 4e église (1705-1840). Il est donc peu problable que cette 2e église (1670-1686) ait été localisée aussi loin qu'à 300 pas (117 toises) du bord de l'eau, complètement à l'extérieur des futures palissades. Mais, il est davantage plausible qu'elle ait partagée les terrains contigus des églises ultérieures. Par conséquent, il est donc impossible que cette 2e église (1670-1686) ait été construite à même la 5 maison au jesuiste avec ses d'Espend.ces, tel que le prétend Lacroix, qui est située entre 12 et 50 toises (72 à 300 pieds ou 29 à 120 pas) du bord de l'eau, que ce soit le Bâtiment Nord ou Sud sis entre 12 et 28 toises (72 à 168 pieds ou 29 à 67 pas) ! 2e église (1670-1686) de La Prairie, telle que dessinée par Chauchetière. |
Plan de base : Jean-Michel Rouan dessinateur, Marcel Lamarche compilateur, modifié par Stéphane Desrochers, Localisation #3 proposée du Fort de La Prairie sur le cadastre actuel, septembre 1993, modifié octobre 1995, La Prairie, Société d'histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, P49,S2,SS1,P6 (collaboration de Danielle Simard).
Ajouts par Robert Derome : superposition de la vue satellite de Google Maps en transparence ; identification en couleur des bâtiments et du jardin du domaine seigneurial des jésuites ; localisations des 5 églises de La Prairie, présumées et non à l'échelle pour les 1ère et 2e, connues et à l'échelle pour les 3e, 4e et 5e. Bourdages 2013 (p. 101) donne un schéma différent de superposition des 3 dernières églises.
Lorsqu'on construit une église, on la plaçe sur les terrains dédiés à cette fonction, habituellement à proximité de l'ancienne qui n'est détruite que lorsque la nouvelle est terminée. Les 3e (1686-1705) et 4e (1705-1840) églises de La Prairie sont construites à l'intérieur de la palissade. On peut donc présumer que les plus anciennes, la 1ère (1667-1670) et la 2e (1670-1686), étaient sises à proximité en direction de la maison des jésuites permettant ainsi l'accès aux colons établis près du fleuve, mais aussi aux autochtones dont le village était situé plus à l'intérieur des terres.
« Dans la narration de la visite de l'intendant Duchesneau au village iroquois en 1675, on mentionne que ce dernier est "un peu éloigné" de la chapelle (JR, 59 : 286). De Monseignat, narrant les événements de 1689-1690, décrit ainsi une attaque iroquoise à La Prairie : "les ennemis donnèrent (attaquèrent) à un quart de lieue de là (du fort), au lieu nommé la Fourche (...) Ce lieu était l'ancien village" (Coll. de manuscrits..., I : 512-513). Cet "ancien village" est sans doute celui que les Iroquois ont abandonné au moment d'émigrer au Sault St-Louis. La carte 1 indique l'emplacement présumé du village. L'abbé Choquet avance la même hypothèse (BRH, 51 (nov. 1945), II : 379) [Lacroix 1981, p. 21 note 24]. »
Quant à la 5e église (1840-), on la construit beaucoup plus tard, sur la pointe et à l'extérieur des anciennes palissades.
Lizotte 2016 p. 63 figure 48. Voir Code Borden. |
Plan adapté à partir de celui de Lizotte ci-contre, avec ajout des 1ère, 2e, 3e, 4e et 5e églises telles que définies sur ce site. — Des sépultures autochtones sont donc tout près des emplacements présumés des 1ère (1667-1670) et 2e (1670-1686) églises de La Prairie. |
Les confusions créées par Lacroix, autour de cette 2e église (1670-1686) de La Prairie, sont par la suite reprises par Lavallée et tous les autres qui les citent.
« L'histoire religieuse de La Prairie débute timidement en 1667 autour de la mission établie par les Jésuites, qui réunit quelques Indiens et des colons français venus s'installer dans un territoire dont la sécurité est un peu mieux assurée depuis l'expédition du marquis de Tracy. [...] En 1670, on érige une modeste chapelle "à la façon du pays" que se partagent les deux groupes et qui est aménagée à même le manoir seigneurial construit sur le domaine réservé des seigneurs, en bordure du fleuve [Lavallée 1992, p. 113 et note 12, se référant à Lacroix 1981, p. 25-26, voir Les confusions créées par Lacroix]. »
Ce glissement historiographique est malheureusement repris tel quel, sans davantage d'approche critique, dans des rapports de fouilles archéologiques.
« Signalé dès 1995, ce site devait receler, selon les documents historiques, les vestiges du manoir des jésuites, construit en 1667-1668 [construit en 1670, Daviau 2004.06 avant-propos non paginé] [...] En 1670, une chapelle en bois est édifiée à même le manoir des jésuites, « à quelques deux ou trois cent pas du fleuve [Daviau 2004.06 p. 3-4, se référant à Arkéos 1998 p. 11, se référant à Lavallée 1992 p. 35 et 113, se référant à Lacroix 1981 p. 25-26, voir Les confusions créées par Lacroix] ».
Le passage de la p. 113 de Lavallée 1992 a été cité ci-dessus. Celui de la p. 35, quoique très intéressant, se réfère aux premiers registres d'état civil de cette paroisse ; mais, il ne dit rien à propos de la chapelle du domaine seigneurial des jésuites à La Prairie !
« Le noyau de population est suffisamment important au début des années 1670 pour que s'organise l'administration paroissiale et seigneuriale. C'est, en effet, en 1670 que s'ouvre le "Registre de la paroisse Saint François-Xavier de la Prairie de la Magdeleine" qui n'a été précédé dans le gouvernement de Montréal que par les registres de Montréal (1643), Boucherville (1668) et Contrecoeur (1669). Cet événement précoce constitue un indicateur certain qui témoigne, aussi tôt dans le temps, de l'importance numérique (encore toute relative) de la population rassemblée dans la première seigneurie colonisée sur la rive sud de Montréal. Un an plus tard, en 1671, les Jésuites engagent un secrétaire, Joseph Tissot, sorte de notaire seigneurial qui, pendant une dizaine d'années, va rédiger près de 200 contrats ayant trait à l'histoire de la propriété foncière de la seigneurie à ses débuts [Lavallée 1992, p. 35]. »
2e église (1670-1686) de La Prairie, telle que dessinée par Chauchetière. |
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Les confusions émanant des interprétations de Lacroix à propos de cette 2e église (1670-1686) de La Prairie ont été répétées, sans vérification critique, dans de nombreuses publications. Ce glissement historiographique s'est même immiscé jusque dans le domaine de la reconstitution par dessin du manoir seigneurial des jésuites. Puisque la 2e église (1670-1686) de La Prairie était un bâtiment autonome, tel que dessiné par Chauchetière, la reconstitution illustrée ci-dessus est donc tout à fait inadéquate et devra donc être révisée.
| 1667 Kentake | Seigneurie | 1ère église (1667-1670), 2e église (1670-1686) et manoir | 3e église (1686-1705) | 4e église (1705-1840) | 5e église (1840-) |
3e église (1686-1705).
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Michel Létourneau, Reconstitution hypothétique de l'église érigée en 1686 à La Prairie, dessins dans Bourdages 1991, p. 23 et 25.
« Mais revenons à La Prairie où la construction de la première église de bois coïncide avec la prise de possession de la cure par les Sulpiciens en 1686. [...] Le contrat de 1686 entre Jean Cailloud, marguillier, et Jean Coiteux dit Saint-Jean, menuisier habitant de la seigneurie de La Chesnaye, parle d'une construction de cent pieds de long (sic mesure française) sur vingt pieds de large (il serait plus réaliste de croire à un édifice de 20 pi. x 30 pi.) couverte de planches embouvetées avec plancher de madriers blanchis d'un côté. Le choeur de dix pieds sur vingt y est lambrissé de planches embouvetées et clanchiers. Ladite bâtisse aurait donc eu les mêmes dimensions que la première église Notre-Dame de Montréal. (Le pied français valait environ 13 pouces ou 32,4 cm par rapport au pied anglo-saxon.) Une grande ouverture à deux portes en façade, dont l'une à tringle, donne accès à ce temple érigé sur les terrains des Jésuites et béni en 1687 ; il est orienté dans la même direction que l'église actuelle, à environ vingt toises (soit 120 pieds français) de la rue l'Ange-Gardien (l'actuel Chemin de St-Jean). Recouverte d'un toit de planches embouvetées avec tringle par-dessus [en 1688 le Conseil souverain défendra l'emploi du bardeau dans les villes], la petite église est meublée modestement : on y compte neuf bancs au début et onze après 1695 dont un banc des marguilliers de mêmes dimensions et structure que celui de la Pointe-aux-Trembles en l'île de Montréal. Il existait bien un maître-autel et quatre bancs en place dans la chapelle des Jésuites, mais rien n'indique que les seigneurs de la place aient consenti à les laisser transporter dans la nouvelle église comme le demandait Jean Cailloud dans le contrat de construction passé chez le notaire Bénigne Basset de Montréal [le 16 juillet 1686, dont transcription dans la fenêtre de droite]. Les murs sont donc percés de quatre fenêtres avec contrevents qui seront refaits en chêne en 1692, année où les châssis de toile cèderont la place à la vitre alors que ce matériau commence à triompher dans les villes et les environs [Bourdages 1991, p. 22 et transcription de la p. 28 reproduite dans la fenêtre de droite]. » |
| 1667 Kentake | Seigneurie | 1ère église (1667-1670), 2e église (1670-1686) et manoir | 3e église (1686-1705) | 4e église (1705-1840) | 5e église (1840-) |
4e église (1705-1840).
En 1686, les jésuites cèdent aux sulpiciens leur cure Saint-François-Xavier-des-Prés de La Prairie, mais demeurent maîtres de leur seigneurie. C'est donc le sulpicien Louis-Michel de Vilermaula qui érige, entre 1702 et 1705, dans la bisbille avec les jésuites, la nouvelle église de pierre. Selon les contrats avec le maçon, le charpentier et le menuisier, l'édifice devait avoir...
Cette description correspond au dessin ultérieur de cette église.
Pourrait-il s'agir de ce plan ?
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La palissade construite en 1687-1689 a été arasée vers 1775 (Lizotte 2016 p. 37). Sa présence est encore vivace sur ce plan daté par les BANQ vers 1816. Chose certaine, il est postérieur à 1799 selon ses inscriptions. La position de la 4e église (1705-1840) est la même que celle projetée sur le plan de 1704. Ce document fait état de plusieurs transactions de terrains entre la fabrique et les soeurs. Anonyme, Plan du terrain de l'Église et des Soeurs tel qu'il est actuellement possédé par l'une et les autres comparé avec celui de Mr Catalogne, arpenteur (détails du verso en haut et du recto en bas), [vers 1816], manuscrit en noir et blanc, 32 x 20 cm, BANQ-Q E21,S64,SS5,SSS17,P16. Plan du Terrain de la fabrique & des Soeurs. Plan du Terrain de lEglise et des Soeurs tel qu'il est actuellement poſsedé par lune et les autres comparé avec celui de M.r Catalogne Arpenteur. A Terrain de lEglise A A + LEglise + [tête-bêche] Maison des Soeurs en partie sur leur terrain et en partie sur celui du Cimetiere donne par les Jesuites [dessin de maison] Le Presbytere [dessin de maison] Palisade Terrain vendu par quelques Soeurs. [vertical] Terrain donne pour un Cimetiere poſsédés par les Soeurs A [vertical] Partie de larpent donne aux Soeurs poſsedes par elles B [vertical] Le Cimetière sur le terrain des Soeurs [vertical] augmentation du Cimetière en 1799 sur le terrain des Soeurs [vertical] B Partie de la [C----] du Curé sur le Terrain des Soeurs. B [vertical] Partie de larpent donne au Cure a prendre de laugmentation du Cimetiere inclusivement AAAA larpent de terre Concede pour le terrain de lEglise et du Cimetiere BBBB larpent de terre Concede aux Dames Soeurs de la Congregation |
Michel Létourneau, Vue en plan de la 2ème église vers 1839, dans Bourdages 1991, p. 76-77.
Ce plan montre l'évolution des ajouts à l'église de pierre construite en 1704-1705 : elle est agrandie en 1725 (choeur, sacristie, chapelle du rosaire), 1774 (bas-côtés), 1784 (tour du clocher) et 1813 (nouvelle sacristie).
| 1667 Kentake | Seigneurie | 1ère église (1667-1670), 2e église (1670-1686) et manoir | 3e église (1686-1705) | 4e église (1705-1840) | 5e église (1840-) |
5e église construite en 1840-1841.
Pierre-Louis Morin, Façade de l'église de La Nativité de La Prairie, 1839, plan, dépôt de la fabrique à BANQ-M (Bourdages 1991, p. 98 photo 16). |
Victor Bourgeau, Façade de l'église de La Nativité de La Prairie, 1855-1856 (Bourdages 1991, p. couverture). |
L'église actuelle (161 x 62 pieds) est érigée en 1840-1841 par l'architecte Pierre-Louis Morin (Bourdages 1991, p. 92-101) et la façade est refaite par Victor Bourgeau en 1855-1856 (Bourdages 1991, p. 101-109).
| 1676 Kateritsitkaiatat | 1680-1891 | 1744 | 1751-1761 | 1829 | 1843 : Mélanges - Cadieux - Shea - Burtin - Walworth |
| 1883 | 1884 : Burtin - Walworth | 1888 | 1890 | 1916 | 1945 | 1980 |
1676 Kahnawake devenu Kateritsitkaiatat « là où Catherine fut inhumée »,
cénotaphe et croix à l'embouchure de la rivière du Portage devenue Saint-Régis, Ville Sainte-Catherine.
On bâtit la première chapelle — Le récit de la construction de cette chapelle se situe en 1676 (f15r). |
La foudre tomba au pied de la chapelle — Ce dessin illustre la relation de 1680 (f22r). |
Le déménagement, en juillet, depuis le village de La Prairie vers le Sault est raconté dans la Narration de 1676 (f15r). On bâtit d'abord une cabane qui sert de chapelle et dans laquelle loge le missionnaire, puis une nouvelle chapelle à cet emplacement donnant sur le fleuve, sur la rive droite à l'embouchure de la Rivière du Portage devenue Saint-Régis (web ou pdf).
Chauchetière atteste être arrivé en 1677 dans cette mission (f02r), mais il est ambigu sur celle de l'arrivée de Tekakwitha, mais les sources convergentes permettent de la situer en 1677. Tekakwitha pourrait être l'une des trois femmes vues de dos près de la croix. C'est donc cette chapelle qu'elle a connue jusqu'à son décès en 1680. Dès lors, Chauchetière atteste des dévotions à sa dépouille.
Catherine Tegakouita [...] mourut le 17 avril [...] son corps inanimé sert icy d'argument de crédibilité de la foy pour les sauvages et ses prières soulagent continuellement cette mission. (f20v)
Cette chapelle est illustrée par Chauchetière dans un autre dessin évoquant la foudre tombée au pied de celle-ci en 1680 (f22r). Détuite lors d'une tempête en 1683, il n'en reste plus rien, ni de celle reconstruite ensuite par un architecte (f23v) et utilisée jusqu'au déménagement de 1690. Chauchetière n'a pas donné suite à ses projets de dessins sur cette chute de la chapelle et son rétablissement.
Dommage que Chauchetière n'ait pas complété plusieurs dessins de cette période où Tekakwitha aurait pu figurer, dont celui qu'il avait prévu sur cette thématique : on invoque le nom de Catherine et on accommode son tombeau (f26r).
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Étant donné que les restes de Tekakwitha ont été enlevés de ce lieu dès 1684 pour être conservés dans l'église ou distribués à d'autres fidèles, il est donc plus approprié de parler de cénotaphe. Ce cénotaphe est donc marqué par les dévotions rendues à Tekakwitha, après son décès, près de la croix où elle aimait prier. On ne possède des informations sur cette croix qu'à compter de 1829, alors qu'elle est dite « ancienne », et davantage après le retour des jésuites en 1842 où plusieurs publications, puis des gravures et des photographies nous la font connaître dans ses diverses évolutions.
| 1676 Kateritsitkaiatat | 1680-1891 | 1744 | 1751-1761 | 1829 | 1843 : Mélanges - Cadieux - Shea - Burtin - Walworth |
| 1883 | 1884 : Burtin - Walworth | 1888 | 1890 | 1916 | 1945 | 1980 |
1680-1891 Kateri's grave and cross.
[Walworth 1891, p. 279-284.]
Thus it happened that Kateri's body, instead of being borne to the grave, according to the Indian custom, on an open bier of bark, covered only with a blanket, was enclosed in a wooden coffin after the custom of the white men. This made it easier to identify her remains later when they were carried to the new village site farther up the river, to which the Indians of the Sault moved some years later. They took Kateri's bones with them as their most precious treasure, and have kept them at the church ever since. 1 They are now (1889) in a carefully secured chest of polished wood in the sacristy of the church of St. Francois Xavier du Sault at the present village of Caughnawaga, about five miles up the river from their first resting-place. The old wall and priest's house connected with the above-named church date back to 1720, but the church itself is more modern. It was rebuilt in 1845. The desk at which Charlevoix and Lafitau wrote is still used by the missionary who occupies the presbytère. The exact site of this mission of St. François Xavier du Sault at the present time and its four previous sites, also the position of Tekakwitha's grave, with her cross and monument, and its direction from the city of Montreal, are shown on the map in chapter xvii.
Walworth 1891, p. 194.
When the two Frenchmen who had come to Caughnawaga for Holy Thursday had finished their self-imposed task, the body of Kateri was lifted from her mat into the coffin, but the lid was not adjusted at once over the face. The Indians continued to gaze upon it, and would not consent to have it covered until she had been lowered into the grave which they had prepared for her. This was on the side of the cemetery nearest to the river, at the foot of the tall cross, where she had loved to pray. There, on the afternoon of Thursday in Holy Week, the Lily of the Mohawks and the "Genevieve of New France" was laid to rest. So great was the fame of her sanctity that her grave soon became a much-frequented spot. Pilgrim after pilgrim has directed his footsteps to that cross and mound. In the long list of these we find the names of governors, bishops, military commanders, and well-known authors. 1 Among those who have shown special honor to the memory of Kateri Tekakwitha by visiting her grave and spreading her fame by means of their writings, and who have not been already quoted in this work, we find the following persons of note : the Marquis Denonville, Governor of Canada ; Monseigneur de Saint Valier, second Bishop of Quebec ; Capt. J. du Luth, commander of Fort Frontenac in 1696 ; De la Potherie, Commissioner of the King, and author of the "Histoire de I'Amerique Septentrionale," and of verses in honor of Tekakwitha, written in 1722 ; Chateaubriand, — see "Les Natchez," livre iv., as follows : "Les vertus de Catherine (dit-il) resplendirait [sic] après sa mort. Dieu couvrit son tombeau de miracles riches et éclatants en proportion de la pauvreté et de l'obscurité de la Sainte ici-bas, et cette vierge ne cesse de veiller du salut de la Nouvelle France, et de s'intéresser aux habitants du désert." Poems on Kateri Tekakwitha have been written by the Abbé Rouquette, of New Orleans, and by Rev. C. A. Walworth, of Albany ; and to crown all these efforts to do her honor, the touch of a gifted artist of New York State, Mr. Charles M. Lang, has been brought to bear on this ever-growing theme. Even after her bones were removed, the place where Kateri had prayed, and where her body rested for a time, was looked upon as sacred ground. From the day of her burial in 1680 to the present time, it has been distinctly and unmistakably marked with a tall wooden cross. Whenever the old one crumbled away, a new one was erected to replace it.
| 1676 Kateritsitkaiatat | 1680-1891 | 1744 | 1751-1761 | 1829 | 1843 : Mélanges - Cadieux - Shea - Burtin - Walworth |
| 1883 | 1884 : Burtin - Walworth | 1888 | 1890 | 1916 | 1945 | 1980 |
1744 CATHERINE TEGAHKOUITA, Vierge Iroquoise.
[Charlevoix 1744, t1, p. 572-587.]
Elle eſt depuis plus de ſoixante ans univerſellement regardée comme la Protedrice du Canada, & il n'a pas été poſſible de s'oppoſer à une eſpéce de culte, qu'on lui rend publiquement [p. 573].
Son corps fut mis dans un cercüeil par diſtinclion, & ſon tombeau devint bientôt célèbre par le concours des Fidèles, qui y venoient de toutes les parties du Canada, & par les Miracles, qui s'y opérèrent [p. 585]
Tous les ans au jour du décès de la bonne Catherine, c'eſt le nom, ſous lequel, par déférence pour le S. Siège, on honore en Canada cette ſainte Fille ; pluſieurs Paroiſſes des environs vont chanter dans l'Egliſe du Sault S. Louis une Meſſe ſolennelle de la Trinité [p. 586].
| 1676 Kateritsitkaiatat | 1680-1891 | 1744 | 1751-1761 | 1829 | 1843 : Mélanges - Cadieux - Shea - Burtin - Walworth |
| 1883 | 1884 : Burtin - Walworth | 1888 | 1890 | 1916 | 1945 | 1980 |
1751-1761 Fête, procession et grand-messe annuelle.
[Bonnefons 1887, p. 50-52.]
Vis-à-vis au sud est le village Saint-Louis habité par des sauvages iroquois gouvernés par des jésuites. Ces sauvages étaient autrefois deux lieues plus bas dans un endroit nommé la Prairie de la Madeleine ; les missionnaires jésuites les transportèrent au Sault Saint-Louis parce qu'ils se rapprochaient davantage des autres bourgades de la même nation, nommée les Agniers, Goyogouins et Onontagnés, tous livrés au libertinage et non policés. Ces missionnaires espéraient avec le temps les convertir à la foi ; leur zèle ne leur attira qu'un petit nombre de néophites, qu'ils baptisèrent et instruisirent à la religion catholique, mais au dépens de la vie des uns et des autres, car plusieurs sauvages ayant abandonné leurs bourgades pour se réunir à la mission de Saint-Louis, ceux qui étaient restés idolâtres leur firent la guerre comme fuyards, ainsi qu'aux missionnaires dont trois furent pris à différentes époques et brûlés avec quelques-uns de leurs néophites. La foi dans laquelle tous persistèrent au milieu des souffrances que leur firent endurer non-seulement leurs ennemis mais encore leurs parents, donna lieu à des missionnaires de prêcher que plusieurs de ces martyrs avaient fait des miracles sur leur tombe, depuis leur mort, envers ceux qui y avaient foi ; que des boiteux, des paralytiques avaient été guéris en faisant le voyage du Sault Saint-Louis pour aller invoquer ces nouveaux saints sur leur tombe, dans laquelle leur corps n'était sûrement pas, puisque trois d'entre eux avaient été brûlés.
Cependant dans les environs de Montréal, on célèbre quatre fêtes en l'honneur de quatre martyrs sauvages de la bourgade de Saint-Louis et quelques paroisses des environs y vont processionnellement, une fois l'année, chanter une grand'messe, les Saints et Saintes qu'on y révère sont Catherine Téga Kouiata sauvagesse, née en 1656, fille d'un Agnier et d'une Algonquine, fut baptisée le jour de Pâques 1676, sous le nom de Catherine. Elle fit vœu de chasteté et mourut le mercredi saint 1678, âgée de vingt deux ans.
Etienne Teganauokoa, sauvage Goyogouin, marié et père de six enfants, qui vint au Sault à l'âge de trente cinq ans, il fut prit à la chasse, la même année de son arrivée, par des gens de sa nation et conduit dans leur bourgade où il fut brûlé vif au mois d'août 1690, la même année de sa prise.
Françoise Gouana Tenha, femme Onontagué prise à la pêche, fut brûlée par sa famille ; on ne dit pas en quel temps.
Marguerite Garangoa, jeune femme de vingt-quatre ans mère de quatre enfants, du village d'Onontagué ; baptisée à treize ans, prise par les sauvages de son village et brûlée à un poteau, en 1693.
| 1676 Kateritsitkaiatat | 1680-1891 | 1744 | 1751-1761 | 1829 | 1843 : Mélanges - Cadieux - Shea - Burtin - Walworth |
| 1883 | 1884 : Burtin - Walworth | 1888 | 1890 | 1916 | 1945 | 1980 |
1829 Une ancienne croix reste sur le terrain de l'ancien village.
[Jos: Marcoux ptre Miſsr., Au Sault S. Louis le 21 déc. 1829, au Lieu.t Colonel Napier Indian Depart.t., in explanation of the Memoire of the Iroquois Indians, Ottawa Bibliothèque et Archives Canada, British Military and Naval Records, RG 8, C Series, vol. 268, p. 937a-940.]
4° La Tradition Constante des Sauvages, de Chefs en Chefs et de Pères en fils est que, lorsqu'ils ont quitté la Prairie de la Magdeleine pour venir s'établir sur la nouvelle conceſsion de 1680, ils ont planté leur village sur la rive est de la rivière du Portage, et qu'ils sont restés là une quinzaine d'années, après y avoir bâti une eglise en bois. Il reste encore une vielle croix plantée sur le terrain de l'ancien village et quelques décombres en terre. Telle est auſsi la tradition de tous les vieux habitans de cette partie de la Paroiſse de La Prairie.
5° Le nom de Caughnawaga, en sauvage Kahnawake qui veut dire au Sault, au Rapide, dénote que le village a été autrefois près d'un sault ou d'un rapide. Il n'aurait pas été ainsi nommé, s'il eût été bâti dès le principe à plus d'une lieue au deſsus du Sault, et où il est maintenant (le village). Le Sauvages en le transportant, en ont aussi transporté le nom.
| 1676 Kateritsitkaiatat | 1680-1891 | 1744 | 1751-1761 | 1829 | 1843 : Mélanges - Cadieux - Shea - Burtin - Walworth |
| 1883 | 1884 : Burtin - Walworth | 1888 | 1890 | 1916 | 1945 | 1980 |
23 juillet 1843 Bénédiction de la croix Ste. Catherine.
[Mélanges religieux, scientifiques, politiques et littéraires, Montréal,
v6 n32 mardi 25 juillet 1843 p. 250-251 (web ou pdf) et v6 n33 vendredi 28 juillet 1843 p. 257-258 (web ou pdf).]Dimanche [le 23 juillet 1843] eut lieu à la Côte Ste. Catherine, à 1 1/2 lieue du Sault St. Louis, la bénédiction d'une croix nouvelle plantée sur le lieu où est décédée Catherine Tégahkouita, de bienheureuse mémoire. Un nombreux clergé y assistait ainsi qu'une immense foule de fidèles accourus de cette ville et des paroisses environnantes, et notamment les Sauvages du Sault St. Louis. Nous rendrons compte vendredi, avec quelques détails, de cette belle cérémonie.
Comme nous l'avons fait connaître dans notre numéro de mardi, dimanche dernier une belle fête se célébra dans la paroisse de Laprairie. Une croix usée par le tems, avait été plantée au bord du fleuve, sur la côte Est de la rivière du portage. C'est là que vint se fixer en 1677 [sic] la mission iroquoise, dite de St. François Xavier des prés, établie auparavant près du fort de la Prairie. C'est là que mourut, en 1678 [sic], la célèbre vierge iroquoise Catherine Tegahkouita. Pendant sa vie elle aimait à venir aux pieds d'une croix plantée déjà dans ce lieu. La vénération qui accompagna sa mémoire fit donner à la croix où elle mourut le nom de croix et de côte Ste. Catherine. C'est cette croix que quelques pieux habitans de cette côte projetèrent de renouveler à leurs frais ; et dans cette circonstance ils montrèrent un zèle admirable. Mais comme de précieux et touchans souvenirs étaient attachés à ce monument on résolut de leur venir en aide et de donner à cette bénédiction une solennité qu'on ne déploie pas ordinairement en semblable circonstance. Celle-ci avait été annoncée dans les paroisses environnantes. La mission du Sault St. Louis y était surtout conviée ; et l'on doit juger de la joie et de l'enthousiasme de ces bons Sauvages, à l'annonce de de [sic] cette fête, par le respect et la vénération où ils gardent le souvenir béni de celle qui fut leur soeur et qui leur a laissé de si admirables exemples de vertu et de sainteté. Aussi ils y accoururent en foule, jeunes et vieux, les mères portrant dans leurs bras leurs petits enfans, et ne voulant pas que personne dans le village fût privé du bonheur de ce spectable et des grâces attachées à cette pieuse cérémonie. Toutes les paroisses voisines s'y étaient portées aussi avec empressement, et beaucoup de personnes de Montréal, même des protestans, s'étaient unis aux pieux fidèles des environs. MM. Hudon, V.G., Marcoux missionnaire du Sault, Bédard curé de St. Remi, Vinet curé de St. Constant, Plinguet curé de St. Philippe, trois Pères Jésuites, le R.P. Supérieur des Oblats de le Père Léonard, contribuaient par leur présence à augmenter l'éclat de cette cérémonie. La croix était artistement ornée de guirlandes de fleurs. Un très beau reliquaire, ouvrage des Soeurs Grises, renfermant un ossement de la vierge iroquoise, et donné par M. Marcoux, avait été enchassé dans la partie inférieure de la croix. On avait préparé pour les prédicateurs une estrade décorée de verdure et surmontée d'étendards portant des inscriptions iroquoises. Au milieu était exposée l'image de Catherine Tagahkouita.
Quand toute la foule se fut réunie, la procession, partie d'une maison située à 5 ou 6 arpens de la station de la croix, se mit en marche au chant des litanies de la Ste. Vierge. En tête de la procession on remarquait la bannière de la paroisse et deux drapeaux iroquois que portaient deux jeunes sauvages. Les enfans de choeur marchaient à la suite, puis le clergé, et enfin les fidèles. Le recueillement le plus parfait ne cessa de régner dans cette foule immense. Aussi rien de plus imposant que cette marche, grave et triomphale, dont les chants pieux et les décharges de canon augmentaient encore la pompe et la solennité. Elle s'arrêta au pied de la croix, autour de laquelle se groupèrent les assistans [sic]. Un choeur de chanteuses y était réuni et fit preuve d'une grande précision et d'une grande habileté dans l'exécution de plusieurs morceaux religieux appropriés à la circonstance. Après le chant d'un cantique, le R.P. Martin fit une instruction en français. Puis les sauvages divisés en deux choeurs, hommes et femmes, chantèrent un cantique en leur langue. M. Marcoux fit à la suite un sermon en iroquois. M. le vicaire-général Hudon lui sccéda et prêcha en anglais. Dans l'intervalle de chaque instruction, des décharges de canon se succédaient, habilement dirigées par M. Macdonald de Laprairie. Après la bénédiction solennelle la croix fut élevée au chant sublime du Vexilla Regis, et saluée de nouvelles et nombreuses décharges d'artillerie. Puis le clergé et le peuple vinrent adorer la croix ; la foule se retira ensuite remplie des pieuses émotions qu'avait fait naître dans tous les coeurs cette touchante solennité. Il est à regretter seulement qu'un orage, qui éclata à la fin de la cérémonie, soit venu contrarier le retour des pieux fidèles accourus à cette fête.
1843
Attribué aux Soeurs Grises, Reliquaire de Tekakwitha, don de Joseph Marcoux en 1843, bois, verre, fibre, papier, os humain, métal, encre, plastique, face du fond à l'intérieur au centre « CAT. / TEK. », étiquettes à l'intérieur sur la relique au centre « Cat. Tekak[…]itha / Os de / […] de la caisse / […] S. Louis ao[…] / […] 11 av. 1[…] », à l'arrière en bas au centre « Os de Catherine / Tekakuitha itré de la / caisse qui contient ses / reiques. morte en odeur de / sainteté le 17 avril 1680 [gratté et surchargé] / Sault St. Louis 25 août / Jos. Marcoux P. / missiona[ire] », à l'arrière étiquette en haut au centre « Reliquaire de / KATERI TEKAKWOUITA / (Ossements) », sous la base au centre gauche « 56 », 29,5 x 14,6 x 11,3 cm, Le Monastère des Augustines 2019.148.
| 1676 Kateritsitkaiatat | 1680-1891 | 1744 | 1751-1761 | 1829 | 1843 : Mélanges - Cadieux - Shea - Burtin - Walworth |
| 1883 | 1884 : Burtin - Walworth | 1888 | 1890 | 1916 | 1945 | 1980 |
23 juillet 1843 Plantation de Croix au tombeau de la Vierge Iroquoise.
2me Lettre [41] Le père Tellier, missionnaire de la compagnie de Jésus au Canada
à son supérieur en France. Laprairie, le 30 janvier 1844. [Cadieux 1973, p. 150-151.]22. Une des cérémonies les plus intéressantes que nous eûmes à La prairie fut la restauration de la croix sur le tombeau de la bonne Vierge Catherine Tegahkouita, ce fut une heureuse idée de quelques habitans du voisinage. Il y avait eu de tout temps une croix érigée sur le tombeau de la Vierge Iroquoise ; mais celle qui s'y trouvait tombait de vétusté. Trois habitans équarrirent, peignirent et décorèrent une croix neuve en bois, de 25 pieds de haut. Le vénéra-[ 60 ]ble missionnaire du Sault-Saint-Louis donna quelques ossemens de la Vierge, qui furent enchâssés très proprement dans une niche pratiquée au tronc de la Croix : et le 7e Dimanche après la Pentecôte, 23 juillet 1843, nous nous rendîmes sur les bords de la rivière du Portage. À côté et à droite de la croix magnifiquement ornée de guirlandes et couchée sur un plan incliné, s'élevait une estrade ombragée, au-dessus de laquelle ftottaient quatre drapeaux avec des inscriptions iroquoises et françaises. La nation iroquoise avait été solennellement invitée au triomphe de son héroïne. Elle arriva à la suite de son missionnaire, de son interprète et de ses chefs ; elle se plaça à la droite de l'enceinte réservée et pointa son canon à l'embouchure de la rivière du Portage dans la direction du fleuve et de la ville de Montréal. Une sauvagesse du nom de Tegahkouita apporta sur son char un assez bon tableau de sa patronne et en décora le front de l'estrade. La multitude franco-canadienne et anglaise, accourue de la ville et des paroisses environnantes, prit place à la gauche et en face de la croix et de l'enceinte réservée et braqua son canon à ses côtés. Le fleuve Saint-Laurent coulait au pied de la croix, et le murmure des rapides voisins se mêlait au sifflement d'un vent impétueux, avant-coureur de l'orage, et aux accens confus de la multitude religieuse. L'heure de la cérémonie a sonné. La bannière de la paroisse et les drapeaux iroquois flottaient dans les airs. À la première décharge du canon, le Vexilla regis est entonné et la procession sort de la maison où s'était réuni le clergé, se déploie, pénètre les flots du peuple, et va se ranger dans l'enceinte réservée. Aux chants de l'Eglise, succèdent quelques couplets de cantique très bien exécutés par un choeur de jeunes filles. Le Canon commande le silence et l'attention ; et le Père Martin du haut de l'estrade prononce un discours français. Aussitôt après, les Iroquois commencent leur musique ; et la rivière du Portage répète avec étonnement, après un siècle et demi de silence, le cri perçant de la sauvagesse iroquoise. À ces accords succède le sermon de Monsieur Marcoux en langue iroquoise ; et toute la multitude ébahie d'écouter, la bouche béante, les modulations monotones, gutturales ou nasillardes du prêtre qui, assure-t-on, sait l'iroquois mieux que jamais il n'a été su. (1) Monsieur Marcoux a su mettre à profit tout ce qui a été écrit et noté jusqu'à lui sur la langue Iroquoise. Le premier il vient de composer un dictionnaire complet Iroquois-français et Français-Iroquois. Il passe pour savoir la langue mieux qu'aucun sauvage ou autre qui existe ou ait existé. Aussi le canon applaudit-il à l'éloquent orateur. Vient ensuite l'allocution anglaise, dont voulut bien se charger Monsieur le Vicaire général [61] Hudon, en remplacement d'un Sulpicien malade qui avait été invité. Alors enfin la croix reçut la bénédiction de M. le Vicaire général et s'éleva avec pompe et majesté sur les bords du Saint-Laurent au milieu des chants de l'Eglise, des décharges du canon et des acclamations de la multitude, Monsieur McDonel, ancien officier anglais, quoique dissident, voulut bien se prêter aux évolutions de cette fête, unique dans son genre ; et si le temps eut été aussi serein que les pensées et les physionomies, nous n'aurions eu rien à désirer. Mais un orage effroyable termina la fête et imprima dans tous les esprits le souvenir de cette mémorable journée.
| 1676 Kateritsitkaiatat | 1680-1891 | 1744 | 1751-1761 | 1829 | 1843 : Mélanges - Cadieux - Shea - Burtin - Walworth |
| 1883 | 1884 : Burtin - Walworth | 1888 | 1890 | 1916 | 1945 | 1980 |
23d of July, 1843 The erection of a new cross over the tomb of Catharine Tehgahkwita.
[...] the year 1843 witnessed a ceremony of great consolation to the Catholic Iroquois. It was the erection of a new cross over the tomb of Catharine Tehgahkwita. The spot had always been marked by the sign of redemption, and is well located even by deeds of property, which, such was the devotion to her, sometimes made a mass in her honor a part of the consideration. †Papers in the Notarial of Laprairie. At the period we mention, the old cross was mouldering, and a new one, twenty-five feet high, was prepared, in which were enchased some relics of the holy virgin of Caughnawaga. On Sunday, the 23d of July, 1843, the Caughnawagas, headed by their missionary and chiefs, repaired to the little river Portage, near which their former church and village had stood, on a bluff between that little stream and the lordly St. Lawrence. The space on the left was soon filled by whites, drawn thither by interest or curiosity, alike of French and English origin. The banner of Laprairie and the pennons of the Sault floated above the crowd on either side of the highly adorned cross, at the foot of which was a painting of the Christian heroine. At the signal given by the discharge of artillery on the right and left, the clergy in procession advanced into the centre, chanting the "Vexilla Regis." At another discharge, Father Felix Martin, one of the first Jesuits to whom it was given to return to the land enriched by the sweat and blood of his society, rose to address the assembled throng in French. Then, after a hymn in Iroquois, the Rev. Joseph Marcoux, the pastor of the tribe, pronounced a discourse in the guttural language of his flock, and gave place to the Rev. Hyacinth Hudon, Vicar-General of Montreal, who delivered a third address in English, and then performed the ceremony of blessing the cross. That sign of faith was then slowly raised, amid the chants of the Church, the thunder of the cannon, and the mingled shouts of men of many climes and races, who, differing in language, bowed to the symbol of a common faith.
Such is the history of the Iroquois mission, on which we have dwelt longer because its annals have reached us in a more complete form, and because of all the early missions it presents at this day the most numerous and thriving communities.
| 1676 Kateritsitkaiatat | 1680-1891 | 1744 | 1751-1761 | 1829 | 1843 : Mélanges - Cadieux - Shea - Burtin - Walworth |
| 1883 | 1884 : Burtin - Walworth | 1888 | 1890 | 1916 | 1945 | 1980 |
23 juillet 1843 Se fit avec grande solennité la bénédiction de cette croix que l'on voit aujourd'hui.
[Burtin 1894, p. 65-71.]
Voici ce que nous lisons dans une notice historique sur la paroisse de Laprairie. Pour tout souvenir de la présence des Iroquois en ce lieu (les bords de la Rivière du Portage) et de la vie édifiante de la célèbre néophyte Catherine Tekakwitha, on voit sur la rive du grand fleuve une grande croix qui remplace celle plus petite au pied de laquelle Catherine aimait à venir prier chaque jour. Ce fut le 23 juillet 1843 que se fit avec grande solennité et au milieu d'un concours nombreux des Sauvages du Sault St-Louis et des habitants Canadiens des environs la bénédiction de cette croix que l'on voit aujourd'hui. Il y eut dans cette circonstance trois sermons : M. le Grand Vicaire Hudon, chanoine de la cathédrale de Montréal, prêcha en anglais M. Joseph Marcoux, Missionnaire du Sault St-Louis, en iroquois et le Père Martin, Jésuite, en français. Cette croix ayant été abattue par le vent, les habitants de Laprairie en firent faire une nouvelle, qui fut bénie le dimanche soir, 5 octobre 1884 [voir la suite en 1884]
| 1676 Kateritsitkaiatat | 1680-1891 | 1744 | 1751-1761 | 1829 | 1843 : Mélanges - Cadieux - Shea - Burtin - Walworth |
| 1883 | 1884 : Burtin - Walworth | 1888 | 1890 | 1916 | 1945 | 1980 |
1843 A beautiful relic case was placed in the small niche covered with glass that indents the tall cross of Tekakwitha.
[Walworth 1907, p. 255.]
Hotel Dieu, Montreal. Soeur la Dauversiere has been fifty-three years in this house. She knew M. Marcoux. She has a relic of Tekakwitha, the Lily of the Mohawks, and a quaint little colored picture of her from which I made a tracing. She remembered that a larger relic, a vertebra, in a beautiful relic case which she worked in 1843, was placed in the small niche covered with glass that indents the tall cross of Tekakwitha at the Sault St. Louis.
| 1676 Kateritsitkaiatat | 1680-1891 | 1744 | 1751-1761 | 1829 | 1843 : Mélanges - Cadieux - Shea - Burtin - Walworth |
| 1883 | 1884 : Burtin - Walworth | 1888 | 1890 | 1916 | 1945 | 1980 |
1883 Une croix neuve a remplacé l'ancienne.
William McLea Wallbank (1856-1909), P.L.S. [Provincial Land Surveyor], Plan shewing the various positions occupied by the Iroquois Indians of Caughnawaga From the year A1669 to 1883D, Compiled from a copy belonging to the Rev Nicholas Victor Burtin Ptre O.M.I. R.C. Miss. Caughnawaga, September 1883, BANQ-Q CA601,S139,SS1,D1.
2 Indian Village 1676 There is on the bank a new cross replacing and old one where Catherine Tekakwitha prayed & where she is buried. 2.me Station du Village en 1676 Là est sur le rivage une croix neuve qui a remplacé l'ancienne où Catherine Tekakwitha venait prier et où elle fut inhumé.
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| 1883 | 1884 : Burtin - Walworth | 1888 | 1890 | 1916 | 1945 | 1980 |
5 octobre 1884 Les habitants de Laprairie en firent faire une nouvelle qui fut bénie le dimanche soir.
[Burtin 1894, p. 65-71.]
Cette croix [celle érigée en 1843] ayant été abattue par le vent, les habitants de Laprairie en firent faire une nouvelle, qui fut bénie le dimanche soir, 5 octobre 1884, par le Révérend Monsieur Bourgeault, curé de Laprairie, en présence d'un nombreux concours de Sauvages du Sault et de Canadiens de Laprairie et de St-Constant. Le R. Père Burtin, 0.M.L, alors missionnaire du Sault St-Louis, successeur du R.P. Antoine, O.M.L., devenu plus tard Provincial du Canada ; puis Assistant du Supérieur général des Oblats de M.I., prêcha en français et en iroquois.
| 1676 Kateritsitkaiatat | 1680-1891 | 1744 | 1751-1761 | 1829 | 1843 : Mélanges - Cadieux - Shea - Burtin - Walworth |
| 1883 | 1884 : Burtin - Walworth | 1888 | 1890 | 1916 | 1945 | 1980 |
Oct. 5 1884 A new cross is raised to replace the 1843 one blown down in a storm.
[Walworth 1891, p. 282-284.]
In September, 1884, the author of this volume visited her grave, and found that the cross described above had been blown down in a recent storm. It was lying in broken fragments on the river-bank, near the little enclosure of wooden pickets surrounding the grave. Pious hands were soon at work there, however, and on Sunday, Oct. 5, 1884, another cross was raised. Again a large gathering of Canadians and Indians assembled to assist at the ceremony. Rev. Father Burtin, Oblate missionary, and successor to Father Marcoux, preached both in French and Iroquois. The following words of the preacher (which were translated into English and published in an Albany journal) must have made a profound impression upon his hearers, the Iroquois people of Caughnawaga. "There have been," he said, "in this village, chiefs renowned in war, who had dealings with governors of Canada, and were widely spoken of during their lives. Now that they are dead, their names are mostly forgotten, while the name of Catherine Tekakwitha is well known not only here, but throughout Canada and beyond the ocean."
| 1676 Kateritsitkaiatat | 1680-1891 | 1744 | 1751-1761 | 1829 | 1843 : Mélanges - Cadieux - Shea - Burtin - Walworth |
| 1883 | 1884 : Burtin - Walworth | 1888 | 1890 | 1916 | 1945 | 1980 |
June 1888 A large granite monument is placed upon the grave protected by a strong canopy and enclosure of wood.
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Inscriptions du cénotaphe, ensemble ci-dessus et détail ci-dessous (Perboyre 1957 ou pdf).
« C.A.W. [Clarence Augustus Walworth] & E.H.W. [Ellen Hardin Walworth] Pos. »
« The initials of the two donors of this substantial token are carved on a lower corner of the monumental stone [Walworth 1891, p. 282-284.]. »
[Walworth 1907, p. 255.]
Hotel Dieu, Montreal. Soeur la Dauversiere has been fifty-three years in this house. She knew M. Marcoux. She has a relic of Tekakwitha, the Lily of the Mohawks, and a quaint little colored picture of her from which I made a tracing. She remembered that a larger relic, a vertebra, in a beautiful relic case which she worked in 1843, was placed in the small niche covered with glass that indents the tall cross of Tekakwitha at the Sault St. Louis.
The cross has since been renewed, being only of wood ; and, at its base, a substantial stone sarcophagus has been placed, marking Tekakwitha's burial place. When the Indians moved their village westward nearer to La Chine they also bore her bones with them, thus testifying their affecrion ; yielding, however, one vertebra, to remain near the original grave. Later, they permitted their cure to present Father Walworth with a part of a bone from the arm, to take back with him to the old Mohawk country where she is also beloved. This is deposited at Kemvood Convent, on a fine carved oaken bracket. It was designed by Mr. Charles Lang, the same artist who visited Caughnawaga in his company, on one occasion, to secure artistic memoranda for a portrait of Tekakwitha.
Burtin 1894, p. 67.
Burtin 1894, p. 68. |
Edgar Gariépy (1881-1956), Kahnawake, Tombe de Catherine Tékakwitha, diapositive sur verre au gélatino-bromure, 10,1 x 8,2 cm, inscription sous la photographie « autre vue du monument érigé par M.C.A. [...] curé de l'église Sainte-Marie, Albany, N.Y. [...] la Côte ... », Ville de Montréal, Section des archives, CA M001 BM042-Y-1-P0886. |
« Tomb of Kateri Tekakwitha [Devine 1922, p. 112] » ; « Le tombeau de Kateri, vers 1900 [Poulin 1939.01, p. 47] ».
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| 1676 Kateritsitkaiatat | 1680-1891 | 1744 | 1751-1761 | 1829 | 1843 : Mélanges - Cadieux - Shea - Burtin - Walworth |
| 1883 | 1884 : Burtin - Walworth | 1888 | 1890 | 1916 | 1945 | 1980 |
30 juillet 1890 Bénédiction du cénotaphe érigé par Clarence Augustus Walworth en 1888.
[Burtin 1894, p. 65-71.]
Une démonstration plus imposante eut lieu le 30 juillet 1890. Le révérend Monsieur C. A. Walworth, curé de l'église Ste-Marie, dans la ville d'Albany (Etats-Unis), avait eu occasion de visiter souvent le village de Funda, situé au côté nord de la Rivière des Mohacks, nommé autrefois Caughnawaga (Etat de New-York), situé non loin d'Albany. C'était dans ce village que Catherine avait été baptisée et avait séjourné avant de se rendre à l'autre Caughnawaga situé près de Montréal. M. Walworth ayant vu la modeste croix en bois érigée au lieu où Catherine avait été inhumée, conçut la pensée d'ériger en son honneur un monument splendide destiné à perpétuer la mémoire de cette pieuse fille. La tombe est un parallélogramme en granit surmonté d'une moulure dépassant quelque peu la surface de la pierre. On y lit l'inscription suivante : Kateri Tekakwitha Apr 17, 1680 Onkweonweke Katsitsiio Teotsitsianekaron Ce qui veut dire : Kateri Tekakwitha, Avril 17, 1680 Le lis des Mohachs (Mot à mot la belle fleur qui s'est épanouie chez les Sauvages).
Le sarcophage de granit est entouré d'une belle palissade et recouvert par un toit incliné fait de gros morceaux d'écorce ; le tout est surmonté d'une grande croix qui peut être vue à distance et a pour le moins 15 pieds de hauteur. Ce monument, dû à la générosité du révérend Monsieur Walworth, coûte environ mille piastres. [1 000 $ de 1914 valent 22 283,33 $ en 2018 selon la Feuille de calcul de l'inflation de la Banque du Canada, somme à laquelle il faut ajouter l'inflation courue pendant les 24 années écoulées entre 1890 et 1914 (moyenne annuelle de 204,65 $ x 24 ans = 4 911,60 $), ce qui donne un grand total de 27 194,93 $.]
Le mardi 30 juillet 1890, dans l'après-midi, trois Evêques : Mgr Fabre, Archevêque de Montréal ; Mgr Gravel, Evêque de Nicolet, et Mgr McNierny, Evêque d'Albany (Etats-Unis), environ 60 prêtres et une foule évaluée à plus de 2000 personnes, Français Anglais et Iroquois, se rendairent [sic] en bateau et en voiture à la Tortue, près de la Rivière du Portage. Mgr l'Evêque d'Albany, dans le diocèse duquel Catherine Tekakwitha était née et avait été baptisée, près d'Auriesville, à Funda, (autrefois Ossernenon) fut gracieusement invité à faire la bénédiction du monument. Après la bénédiction, le Rév. Père Drummond, Jésuite, parla en français, puis en anglais, des vertus de Catherine Tekakwitha, en appuyant sur la sagesse de sa folie apparente et sur la puissance de sa faiblesse. Le Rév. Père Burtin lit ensuite en langue iroquoise une allocution dans laquelle il exhorta les Sauvages présents à cette cérémonie à imiter les vertus de Catherine et à s'attacher à l'Eglise catholique, qui seule produit la sainteté. Les Sauvages exécutèrent quelques jolis cantiques, puis l'un d'entre eux, le docteur Patton (Ignace Ostawenserahes) lut en Iroquois, puis en anglais une adresse à laquelle Mgr l'Evêque d'Albany, qui parle bien le français, répondit avec beaucoup d'entrain.
Voici la traduction de cette adresse : A Sa Grandeur Mgr McNierny, qui a bénit le monument de Catherine ; à Leurs Grandeurs Mgr Ed. Charles Fabre, notre vénéré Archevêque et Mgr Elphège Gravel, Evêque de Nicolet, et au R. Père C.-A. Walworth, Recteur de Ste-Marie Albany, qui a élevé le présent monument à la gloire de Catherine Tekakwitha. Messeigneurs, Révérend Monsieur, Je viens au nom de la nation Iroquoise de Caughnawaga vous exprimer les sentiments qui nous sont commandés par la cérémonie à laquelle nous venons d'assister. Car s'il est quelqu'un que la fête présente intéresse, c'est d'abord notre peuple qui se glorifie d'avoir possédé dans ses rangs l'héroïne du jour, Catherine Tekakwitha. Elle est la gloire de votre [notre voir errata p. 89] peuple. Et ce monument érigé à l'endroit où elle fut enterrée et bénit par l'Eglise nous dira à nous et à nos descendants ce qu'a été Catherine ; il rappellera ses vertus et nous apprendra que nous devons l'imiter. Cette pierre nous rappelle les gloires du passé, c'est-à-dire les miracles nombreux et éclatants qui se sont opérés sur son tombeau. Cette pierre est un gage pour l'avenir et nous permet d'espérer que nous ou nos enfants nous réunirons de nouveau en ce lieu, pour prendre part à de nouvelles fêtes où nous pourrons honorer notre compatriote du titre de Bienheureuse.
Telle a été sans doute l'intention vénérable du prêtre à la générosité duquel nous devons ce monument. Il avait manifesté ce désir en étant un des premiers à demander à l'Épiscopat américain que la cause de béatification de Catherine Tekakwitha, en même temps que celle des Martyrs le P. Jogues et du Frère René Goupil soit portée auprès du Saint Père. Qu'il lui plaise d'accepter notre profonde reconnaissance en retour de la nouvelle marque de prédilection qu'il a témoignée à notre bonne Catherine en lui faisant ériger ce monument. Nous exprimons aussi nos remerciements au prélat qui l'a béni. Il lui appartenait de consacrer par la prière de l'Eglise le lieu de la mort de Catherine. Car ce lis que le divin Maître a cueilli ici pour le porter dans le jardin du ciel, avait été planté et avait fleuri dans le diocèse d'Albany. Ce lis a été cultivé par les révérends Pères Jésuites auxquels nos ancêtres sont redevables de la vraie foi. Voilà pourquoi il nous a fait plaisir d'entendre un Père de la Compagnie de Jésus nous faire l'éloge de Catherine. Enfin, la fête de ce jour a été rehaussée par la présence de notre vénéré Archevêque et de son collègue, Mgr de Nicolet, d'un nombreux clergé, d'un grand nombre de personnes accourues de loin.
Cette circonstance nous fournit l'occasion de témoigner notre attachement à l'Eglise de Rome, la seule vraie Eglise de J.-C, et notre soumission filiale à notre premier pasteur.
A la vue de ces peuples divers unis par le même sentiment d'admiration au pied du monument de Catherine, l'humble Vierge Iroquoise, nous reconnaissons que l'Eglise catholique est la seule qui produise la sainteté. Puissions-nous être de plus en plus fidèles à son enseignement et à sa direction ! Dieu nous fasse cette grâce et, dans cet espoir, nous sollicitons la bénédiction de Mgr l'Archevêque.
| 1676 Kateritsitkaiatat | 1680-1891 | 1744 | 1751-1761 | 1829 | 1843 : Mélanges - Cadieux - Shea - Burtin - Walworth |
| 1883 | 1884 : Burtin - Walworth | 1888 | 1890 | 1916 | 1945 | 1980 |
1916-1945 Pèlerinages au cénotaphe et à la croix dans leurs plus beaux atours.
« Pilgrim routes from Montreal to Kateri's shrine », Devine 1916, p. 21.
Le pèlerinage au cénotaphe de Tekakwitha est tellement populaire qu'en 1916 un traversier y amène directement depuis Verdun. Ce tracé fait également état du trajet en automobile. Les anciens emplacements de la mission à La Prairie et au moulin des jésuites y sont également indiqués.
Devine 1916, p. 12. |
Wynne 1922, p. C4. Image reprise de Devine 1916, réutilisée avec un texte différent en 1942. Cet édicule n'existe plus en 1947. |
Jos. Grenier, Le monument à Catherine Tekakwitha à Laprairie, photographie retouchée à l'aquarelle, 26 août 1922, Édouard-Zotique Massicotte, BANQ P181,P54. |
Lecompte 1927a, p. 284. |
L'abri de bois rond, construit en 1890, est remplacé par une structure plus légère
et une rambarde de fer forgé ouvragé selon les illustrations datées à compter de 1916.
« Site of ancient Kahnawake, showing (x) the tomb of Kateri Tekakwitha », Devine 1922, p. 32.
Ces magnifiques photographies d'Edgar Gariépy rendent compte, de façon saisissante,
du patrimoine naturel et immobilier détruit par la construction de la Voie maritime du Saint-Laurent.
Edgar Gariépy (1881-1956), Kahnawake, diapositive sur verre au gélatino-bromure,
10,1 x 8,2 cm, Ville de Montréal, Section des archives, CA M001 BM042-Y-1-P0890.
L'ouvrage d'où est tiré cette gravure (Lis 1932-, p. 79) en présente plusieurs autres évoquant la vie de Tekakwitha.
« Catherine Tekakwitha appartient par son berceau aux États-Unis, et au Canada par sa tombe. Pour répondre aux voeux émis de part et d'autre, le procès informatif en vue de sa Béatification a été instruit au diocèse d'Albany. Les préliminaires de cette Cause ont été au cours de l'été 1932 l'occasion de fêtes aussi solennelles qu'originales. Monseigneur Gibons, visitant sur les rives du Saint-Laurent la tombe de la petite Iroquoise, fut reçu avec ovation et reconnaissance par les 2. 200 Indiens catholiques de cette région [Lis 1932-, p. 7]. »
Le vice-postulateur américain, John J. Wynne, en présente un beau bois gravé anonyme (Wynne 1934).
Une frénésie de dévotions s'empare des ecclésiastiques après le dépôt de la Positio, revitalisant de grandioses pèlerinages au cénotaphe en 1937-1938. Une brochure est publiée à l'occasion d'un très important pèlerinage au cénotaphe le 24 mai 1937. La transcription d'une lettre d'Anastase Forget, évêque de Saint-Jean (qui y figure en p. 5), permet d'en attribuer la parternité au jésuite Georges Mongeau (1888-1957, entré chez les jésuites en 1906, ordonné en 1922, selon Paulin 2015) affilié à l'église de l'Immaculée-Conception à Montréal. La couverture utilise la populaire image créée par Nealis une décennie plus tôt.
Une intéressante composition de l'édicule et de la croix y est signée « LA », soit Louis Archambault ; le texte attenant reproduit l'inscription du cénotaphe qu'y ont fait graver ses donateurs, les Walworth. Le dessin sera repris pour le pèlerinage du « Dimanche, 27 octobre », soit trois ans plus tard selon le calendrier de 1940. |
(Mongeau 1937.05.24 et pdf). |
Louis Archambault, Cénotaphe, signé « LA », (Mongeau 1937.05.24, p. 13). |
Poulin 1938.07, p. 386, photo reprise dans Bouvier 1939, p. 139.
« Au pays de Catherine Tekakwitha - Au tombeau de Catherine Tekakwitha - Le pèlerinage annuel au tombeau de Catherine Tekakwitha eut lieu le 22 mai dernier, sous le patronage du R.P. Ernest Roby, S.J., curé de l'Immaculée Conception de Montréal. Le R.P. Geo. Mongeau, S.J., zélé propagateur de la dévotion à la petite Catherine, en était encore l'organisateur. Le révérend Père obtint un succès complet et digne de félicitatlons.
Vers huit heures et quart du matin, environ trois cents pèlerins, conduits par une dizaine d'autocars et par quelques automobiles privées, se dirigeaient vers Sainte-Catherine de Laprairie, première étape du pèlerinage. Le R. P. Maynard, S. J., curé, reçut chaleureusement les pèlerins. Mgr E. Coursol, vicaire général du diocèse de Saint Jean, célébra une messe basse. Durant le saint sacrifice la chorale des demoiselles de l'Immaculée-Conception exécuta quelques cantiques, sous la direction soignée du R. P. Emile Fontaine, S. J.
Après l'évangile, le R. P. Antonio Poulin, S. J. [1900-1986, père, entré en 1921, ordonné en 1933, d'après Paulin 2015], vice-postulateur de la cause de Kateri Tekakwitha pour le Canada, lut une lettre du R. P. Wynne, vice-postulateur pour les Etats-Unis. Le P. Wynne demandait aux pèlerins de prier pour le succès de la cause et annonçait pour le 8 juin la réunion très importante de la commission historique de la cause. Le R. P. Poulin donna ensuite le sermon. Il montra l'action de la grâce dans l'âme docile de Kateri. Une première partie rappela la nature et les degrés de cette docilité dans les âmes. Une seconde indiqua comment Kateri Tekakwitha, docile à l'Esprit-Saint, vécut une vie de prière, de mortification et de pureté. Après le sermon, Mgr Coursol encouragea les pèlerins à vivre la vie exemplaire de la petite « sainte ». La messe terminée, visite et prières au tombeau de Kateri et départ pour Caughnawaga [signé P.G., dans Poulin 1938.07, p. 386-387, repris dans Bouvier 1939, p. 138-139]. »
« En 1938, le P. Eugène [il s'agit de Georges] Mongeau, S.J., organise des pèlerinages à Caughnawaga et à la Côte Sainte-Catherine-de-Laprairie. ». — (Kateri 1983.12-E138p32 ; 1983.12-F095p32).
Pèlerinage au cénotaphe, 1937-1938 (KC C A1039 ; Poulin 1938.07, p. 386 ; Bouvier 1939, p. 139.
« Les lieux de pèlerinage I. Saint-Catherine-d'Alexandrie de Laprairie Les pèlerinages en masse se font de plus en plus fréquents et imposants. À la mi-août 1938, S. Exc. Mgr Anastase Forget, évêque de Saint-Jean, chargeait l'abbé Lucien Messier, du Séminaire de Saint-Jean, de lancer à travers le diocèse une campagne de supplications pour obtenir ne prompte béatification de Kateri, puis d'organiser des pèlerinages dicésains au tombeau. Le 25 septembre dernier, veille de la fête des saints Martyrs canadiens, environ cent vingt Iroquois de la mission Saint-Régis, conduits par le R. P. Michel Jacobs, S. J.. iroquois lui-même, venaient prier, chanter en leur langue sur le tombeau de leur grand'soeur Kateri Tekakwitha [Bouvier 1939, p. 126]. »
« Depuis quelques années, le culte de Kateri Tekathwitha, momentanément éclipsé, gagne de jour en jour en popularité. Parmi les pèlerins, isolés, de marque au tombeau, on relève le nom de Son Excellence Mgr André Cassulo [Andrea Cassulo], délégué Apostolique, et un peu après, celui de Son Excellence Mgr Julien, des Pères Blancs. Le pélerinages en masse, se font de plus en plus fréquent et imposants. Mi-août 1938, son Excellence Mgr Anastase Forget, évêque de Saint-Jean, chargeait l'abbé Lucien Messier, du séminaire de Saint-Jean de lancer à travers le diocèse, une campagne de supplications pour obtenir une prompte béatification de Kateri, puis d'organiser de pélerinages diocésains au tombeau. Conduits, par l'abbé Messier, quatre groupes de pélerins, sont déjà venus, de secteurs différents, en septembre, octobre et novembre, s'agenouiller à l'endroit de sa sépulture et y prier. Le 25 septembre dernier, veille de la fête des SS. Martyrs Canadiens, environ 120 iroquois, de la mission Saint-Régis, conduits par le R.P. Michel Jacobs, iroquois lui-même, venaient prier, chanter en leur langue sur le tombeau de leur grand'soeur Kateri Tekathwitha [KC AKR A1079 pdf]. »
Voir également cet article : « Caughnawaga est le théâtre de fêtes pittoresques - Pèlerinage au tombeau de Catherine Tékakwitha et dévoilement d'une plaque au fort Saint-Louis - Sa-ri-wa-ka-ri-tats » (Le Canada, 23 mai, KC V E115).
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Pèlerinage au cénotaphe, vers 1937-1938 (KC AKR A1335).
Le Richelieu, 1er juin 1939, supplément, p. 1-4.
Y figure une publicité avec l'illustration de Louis Archambault pour le pèlerinage du dimanche 4 juin 1939 en faveur de « Celle qui traçait des croix sur l'écorce ». On y reproduit l'image ci-dessous ainsi que plusieurs autres illustrations tirées du livre de Guilberte Bouvier publié la même année. |
Paul Caron (1874-1941), Pèlerins au cénotaphe de Tekakwitha en hiver, avant 1939, aquarelle sur papier, 29,21 x 38,1 cm,
« Paul Caron » en bas à droite, « Shrine of Catherine Tekakwitha (Cateri Tegahkouita), Caughnawaga », Enchères Champagne, 9 décembre 2016 lot 75.
Le vétéran artiste illustrateur Paul Caron livre, en fin de carrière, une magnifique version hivernale colorée qu'il serait opportun de retitrer Pèlerins au cénotaphe de Tekakwitha en hiver, puisque ce terme est plus approprié que tombe ou tombeau. Cette aquarelle aurait pu être esquissée durant les mois d'hiver 1938, ou même avant, afin qu'elle soit prête pour l'impression du calendrier de 1939 : elle y figure au mois de novembre alors qu'elle conviendrait mieux à l'un des gros mois enneigés de l'hiver. Elle est également diffusée en 1939 dans la Neuvaine à Kateri Tekakwitha et comme voeux de Noël en 1952. Statistiques de chutes de neige (Montréal McGill) : 1937 web ou pdf ; 1938 web ou pdf ; 1939 web ou pdf. |
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« Pèlerins au tombeau de Kateri Tekakwitha [Racine 1939, p. 6] ». |
Paul Caron (1874-1941), Shrine of Katery Tékakwitha, calendrier imprimé novembre 1939, 27,9 x 33 cm, Trois-Rivières, Musée québécois de culture populaire 1983.9667. |
« At Caughnawaga, Canada, the body of Katharine Tekakwitha lies buried in the Church.
There is a simple monument erected to her memory. (The Summary, 55) »
Positio 1940, p. 382.
En 1940, Appleton en livre une vision résolument très idyllique, à l'occasion de la publication de la Positio, où la croix s'inscrit au centre d'un immense soleil rayonnant. La gravure très détaillée permet de bien observer les motifs décoratifs en fer forgé.
Le 18 avril 1940, Le Devoir publicise le pharamineux projet de Sanctuaire de verdure par Henri Hébert.
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Henri Hébert, Kateri Tekakwitha, 1939, Plâtre patiné, 54,5 x 14 x 17 cm, Don de Germaine Roy-Morin, Musée national des beaux-arts du Québec 1991.120. Brooke 2000, p. 176-177 cat. 69, signale 4 versions de cette oeuvre. |
Auriesville - Tekakwitha Statue, photo John Brosnan (1860-1949), no date, Georgetown University 1045038. |
La Deuxième Guerre mondiale et les coûts (13 430,38 $ de 1947, sans la statue, représentent 181 056,73 $ en 2021 avec l'inflation) ont eu raison du Sanctuaire de verdure d'Hébert. Le titre de l'exposition alors tenue à Montréal en avril 1940, Lys des Mohawks, se réfère très directement au périodique homonyme Lily of the Mohawks qui publie cette information en septembre 1940.
Aurait-on alors eu l'idée d'élever un tertre, cairn, tumulus ou monticule semblable à celui d'Auriesville, surmonté d'une copie de la sculpture de Sibbel, tel qu'illustré la même année par Appleton dans la Positio ? Ou serait-ce l'une des autres mésinterprétations de Wynne ? |
Positio 1940, pages de garde au début et à la fin, exemplaire de l'Université de Montréal (collaboration Anne-Marie Lalonde). |
Pèlerinage au cénotaphe, avant 1941 (KC AKR A1039). |
Lord 1941.01, p. 32. Cette photographie a été publiée en janvier 1941. Elle a servi de modèle à une carte postale coloriée dont l'endos porte cette légende. « Kateri Tekakwitha's Tomb | She was buried there in 1680, but her remains are preserved in a sealed casket and kept in the church at Caughnawaga. » |
Carte postale, avant 1941, BANQ, Kahnawake, P547,S1,SS1,SSS1,D181,P32R. |
Le Messager canadien, Montréal, Carte postale du cénotaphe de Tekakwitha, éditée après 1934,
affranchissement du 13 octobre 1943, BANQ, Collection Magella Bureau, P547,S1,SS1,SSS1,D206.
Cette carte postale porte un affranchissement du 13 octobre 1943, à Laprairie, ce qui pourrait laisser supposer que l'édicule puisse y être encore en cet état puisque l'expéditrice écrit : « Nous sommes tout près du tombeau de Catherine. » Comme on peut s'y rendre par le Pont Honoré-Mercier, tel que mentionné dans les inscriptions imprimées au verso transcrites ci-dessous, elle a donc été éditée par le Messager canadien après son ouverture à la circulation en juin 1934.
« Kateri Tekakwitha Onkwe onkweke katsitsiio teiotsitsianekaron | La plus bele fleur épanouie au bord du Saint-Laurent | Ce tombeau est situé en face de l'église Sainte-Catherine de Laprairie. On s'y rend de Montréal par les ponts Honoré-Mercier, Victoria ou Jacques-Cartier. Chaque dimanche, à 3 heures, les pèlerins sont les bienvenus à la cérémonie religieuse organisée spécialement pour eux. | Le Messager canadien, Montréal »
Le blason aux trois fleurs de lys, au croisement des bras de la croix sur cette carte postale, paraît également sur des photos légèrement différentes publiées en 1938. L'utilisation de ce blason semblerait donc être tardive puisqu'il n'apparaît pas sur les illustrations antérieures alors qu'il figure sur celles qui sont postérieures.
Bouvier 1938.11, p. 637. |
Cette photographie, bien qu'elle ait été republiée en 1956, est antérieure à 1941 puisqu'elle illustre la publication de Windeatt datée de janvier. Elle montre toujours le même état de l'édicule avec sa belle rampe de fer forgé ouvragé telle que reproduite dans les illustrations depuis 1916. Sa croix arbore un blason aux trois fleurs de lys vraisemblablement installé vers la fin des années trente en hommage au surnom de Tekakwitha à l'occasion de l'activation du processus de sa canonisation. |
Windeatt 1941.01, p. 33. |
Rampini 1956, p. 12. |
Toute cette frénésie trouve son éclosion dans la nomination de Tekakwitha en tant que vénérable en 1943 dans une période bien sombre de l'histoire du XXe siècle alors que les éléments vont bientôt se déchaîner contre son cénotaphe dont le plus bel édicule, qui sera bientôt détruit, tardera à être remplacé.
| 1676 Kateritsitkaiatat | 1680-1891 | 1744 | 1751-1761 | 1829 | 1843 : Mélanges - Cadieux - Shea - Burtin - Walworth |
| 1883 | 1884 : Burtin - Walworth | 1888 | 1890 | 1916 | 1945 | 1980 |
1945-1980 Intempéries, cénotaphe sans abri, projets pharamineux non réalisés et destructions par la voie maritime.
LM 1945.09 — (p47) « MISHAP AT KATERI'S TOMB "Divine Providence on the afternoon of May 22 has done what we though nobody here would do: pull down the cross. Yes, a very strong wind struck the kiosque and the cross was separated from it and fell near the shore without any damage. That was a real shock for us all, but after the first surprise we realized that the cross was intact, so we erected it again on the same spot apart from the kiosque. We hope that as it is, the cross will stand for another year, and then we will be ready to erect the new structure over the tomb. A year later, if everything is successful, the permanent cross will be erected. Our bishop, Monsignor Forget, is very pleased and wants the collection to begin this very summer. In July we will form our committee and begin the work of publicity, propagande and contribution." - Pastor, Laprairie. »
« 1 - Etat actuel du tombeau avec la grande croix de bois que la tornade récente renversa et qui fut relevée [La Patrie, mardi 5 juin 1945, p. 1]. » |
« 3- Plan de l'édicule de brique qui recouvrira le tombeau de la bienheureuse et la maquette de la grande croix de pierre de 35 pieds de haut qui remplacera la croix actuelle [La Patrie, mardi 5 juin 1945, p. 1]. » |
Le dessin, publié dans La Patrie du mardi 5 juin 1945, p. 1, correspond à la vue de la façade sur le plan de Marcel Parizeau ARCH183885 conservé au Centre Canadien d'Architecture (collaboration Tim Klähn), qui présente en outre une coupe transversale, un plan au sol avec le porche, les bancs, le tombeau et une niche qui fait également l'objet d'un autre dessin, ainsi que la terrasse avec le calvaire et un réflecteur.
En 1945 les éléments se déchaînent, détruisant l'édicule protégeant le cénotaphe de Tekakwitha. La croix est rapidement remontée. On concocte alors un projet pharamineux avec le plus influent des architectes prônant un style novateur, Marcel Parizeau (1898-1945), glorifié par l'apôtre du renouveau et du modernisme en art chrétien, Marie-Alain Couturier (Couturier 1945). Comble de malchance, cet architecte renommé décède l'année même de la présentation de ce projet figurant en première page du journal La Patrie sous une manchette évoquant le début de la fin de la 2e guerre mondiale.
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Une autre description de ce projet est rapportée par John J. Wynne dans son périodique Lily of the Mohawks où il cite une lettre reçue de cette paroisse, erronément identifiée à Laprairie (il s'agit de Côte Sainte-Catherine, paroisse en 1936, municipalité en 1937, ville en 1973, VSC 2012 et pdf), sans nommer son curé, le jésuite Joseph-Arsène Champagne (1887-1959, père, entré en 1909, ordonné en 1922 selon Paulin 2015). La référence à la forme projetée de l'édicule y est interprétée différemment : elle n'y reprend plus la forme d'une hutte indienne couleurs vives, selon la citation ci-dessus, mais celle de l'ancien moulin des jésuites qui aurait été incendié en 1929 !
TEKAKWITHA'S TOMB TO BECOME MONUMENTAL The tomb of Tekakwitha has always been an object of veneration. From the time of her burial it has been a place of pilgrimage. For a century a large cross has marked the site, and sixty years ago a huge urn-shaped granite block was placed over it, with an inscription in raised leters telling that she was: "The fairest flower that ever bloomed among true men." Now the pastor of the church, which is on the hill opposite, has planned to erect a monument that will attract attention for miles distant with a cross of permanent material that will be a beacon over the broad St. Lawrence on the bank of which the tomb rests. Our readers will be interested in the pastor's description of it:
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Conrad Poirier (1912-1968), Kateri's Tomb, 20 mai 1947, diapositive n&b sur pellicule, BANQ P48,S1,P15778. |
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Gérard Morisset, Côte-Sainte-Catherine, Laprairie - Chapelle - Tombeau de Kateri Tekakwitha, 1948, photographies, Fonds ministère de la Culture et des Communications, BANQ-Q E6,S8,SS1,SSS870,D5319.
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Cette lettrine intègre, entre les pattes du « A », une vue du cénotaphe de Tekakwitha. Or, lorsqu'elle est publiée en 1949, l'édicule représenté n'existe plus ! Une autre forme d'idyllisme ou d'anachronisme ? L'image n'est pas signée, mais le contexte et le style permettent de l'attribuer à Camille Drolet qui, dans ce numéro, est toujours désigné comme « Art Editor » (p. 02). Drolet, Lettrine A et cénotaphe. — (Kateri 1949.10-11-EV01N04p06 ; 1949.12-EV02N01p05 ; 1951.12-EV04N01p06 ; 1952.03-EV04N02p05 ; 1952.12-EV05N01p10). |
En 1950, une photographie parue dans The Star Weekly (Toronto, February 18, 1950, Page Eight, KC V E053) montre le cénotaphe dans le même état entourée de pèlerins. L'entretien semble avoir été négligé au profit du projet de chapelle par Parizeau évoqué ci-dessus et de celui du sanctuaire de verdure d'Henri Hébert auquel on travaille en 1940 et qui ne sera pas réalisé. |
Cénotaphe, vers 1953, photo Ovide Lelièvre s.j. (1915-1999, frère, entré en 1933, Paulin 2015). — (Kateri 1954.03-EV06N02p08-09 ; 1999.06-E200p12 ; 1999.06-F157p12) ; (De Blois 1977.06 p257).
Cette photograhie occupant les pages centrales du périodique Kateri, en mars 1954 et reprise partiellement à des dates ultérieures, présente le cénotaphe dans un aménagement avec une splendeur retrouvée. Bien que les textes n'y fassent aucune allusion, il est problable que ce nouvel édicule ainsi que les jeunes arbres, avec leurs tuteurs, soient le fruit de travaux récents, probablement effectués l'année précédente, avant le début des travaux de construction de l'écluse juste à côté. Une photographie du monument de granite, publiée en 1955, montre la rambarde de ce nouvel édicule, en bois peint blanc, beaucoup plus simple que l'ancienne en fer forgé. D'autres illustrations le montrent en 1957 et 1961.
Perboyre 1957, p. 68. |
Reprotage photographique, Landry 1961.03.18 ou pdf. |
LM 1965.06 — [p1] « A VISIT TO THE ANCIENT BURIAL GROUND AND TOMB OF THE LILY OF THE MOHAWKS ». Les vice-postulateurs de la cause, Henri Béchard pour le Canada et William J. Schlaerth pour les États-Unis, posent devant le cénotaphe en compagnie de Thomas Constantino, l'imprimeur de Lily of the Mohawks où ces photos sont publiées dans le numéro de juin 1965. La clôture blanche des photos antérieures a été remplacée une rambarde plus basse en bois rond. En fond de scène, on distingue bien le nouveau viaduc aménagé au-dessus de la Voie maritime du Saint-Laurent, construite de 1954 à 1959, qui a profondément bouleversé ce territoire.
The Seaway and the Mission, Kateritsitkaiatat et Kanatakwenke, photos Van der AA St. Lawrence Seaway Authority. — (Kateri 1957.09-EV09N04p07-09). |
Simcoe, le premier navire à passer dans la Voie maritime à Caughnawaga le 25 avril 1959, photo Antoinette Cormier. — (Kateri 1959.06-EV11N03p14). |
Patrimoines naturels et bâtis détruits par la construction de la Voie maritime du Saint-Laurent. « Printed by Notworthy Co., Amsterdam, N.Y. », Kateri Tekakwitha (détail), après 1980, « Site of ancient Kahnawake, showing (x) the tomb of Kateri Tekakwitha », Devine 1922, p. 32. |
| 1676 Kateritsitkaiatat | 1680-1891 | 1744 | 1751-1761 | 1829 | 1843 : Mélanges - Cadieux - Shea - Burtin - Walworth |
| 1883 | 1884 : Burtin - Walworth | 1888 | 1890 | 1916 | 1945 | 1980 |
1980 Nouvel aménagement pour la bienheureuse.
Nouvel aménagement du cénotaphe, 1979-1980 (KC AKR A882).
Une photographie d'Armour Landry montre, en septembre 1979, cette sculpture montée sur une meule du vieux moulin des Jésuites qui lui sert de socle. Le magnifique lieu patrimonial de ce moulin a malheureusement été détruit lors des travaux de la Voie maritime du Saint-Laurent, mais il en reste plusieurs belles photographies. Selon toute vraisemblance, cette meule ne proviendrait pas du premier moulin construit à Kahnawake devenu Kateritsitkaiatat, mais du dernier moulin localisé à Kaknawakon, village que Tekakwitha n'a pas pu connaître. Cette sculpture anonyme est une interprétation en trois dimensions de l'oeuvre de Nealis, différente de celle de Bouvier, mais reprenant des éléments de celle d'Hogansburg. Anonyme d'après Nealis, Sculpture montée sur une meule du moulin des jésuites installée au cénotaphe en 1979-1980, photo Armour Landry. — (Kateri 1979.09-E121p08 ; 1979.09-F078p08 ; 2013.12-E253p00.1 ; 2013.12-F210p00.1). |
Tekakwitha devient bienheureuse le 22 juin 1980. C'est pour célébrer cet événement qu'on transforme l'aménagement de son cénotaphe : l'ancien édicule est enlevé, on ajoute un monument et une sculpture qui est ensuite recouverte d'un tipi, puis un abri léger, qui sera lui aussi remplacé au fil du temps, afin de protéger le cénotaphe de granite.
« Tous les paroissiens se réjouissent de la béatification de leur Petite Kateri. Ne pouvant pas se rendre à Rome, ils sont heureux de se joindre à Monsieur et Madame Bonicalzi et Monsieur et Madame Millette en pensée, ils les représenteront, porteront leurs prières et leurs gratitude au Très Saint-Père. [...] Monsieur Gérard Bonicalzi et les Chevaliers de Colomb ont restauré et orné avec amour et une grande piété les abords du sarcophage de Kateri [Le feuillet paroissial, 1680-1980, Ste-Catherine d'Alexandrie, 1er juin 1980, KC AKR A1079 pdf] ».
Le Kateri Center a fabriqué un véritable palimpseste (KC V E083) en ajoutant, sur la page 4 du supplément du journal Le Richelieu du 1er juin 1939, le Programme des "Fêtes de Kateri" célébrées du 29 mai au 1er juin 1980, en remplacement d'une publicité du livre Féerie indienne Kateri Tekakwitha que Rina Lasnier venait de publier (Lasnier 1939) ! |
On organise un Programme des "Fêtes de Kateri", du jeudi 29 mai au dimanche 1er juin, document non millésimé, mais dont les journées correspondent au calendrier de 1980. Parmi les personnes officiant, notons Henri Béchard, le vice-postulateur de la cause depuis 1948, et Mgr Bernard Hubert, évêque de Saint-Jean depuis 1978 (web ou pdf). |
Programme des "Fêtes de Kateri", 29 mai au 1er juin 1980 (KC AKR A1290). |
« Dimanche 1er juin [1980] : 10 heures : Dévoilement de la "grotte de Kateri" par le grand Chevalier des Chevaliers de Colomb », Programme des "Fêtes de Kateri" (KC AKR A882). | Harvey 1980.06, p. 29. |
Quant au cliché du tipi conique des autochtones des plaines du Far West américain, mythifié par les films hollywoodiens, il n'a rien à voir avec les maisons longues iroquoiennes dessinées par Chauchetière telles que connues et habitées par Tekakwitha.
![]() Attribué à Archambault inspiré de Nealis, Logo d'entête de lettre. — (Mongeau 1937.05.24 p7) ; (Kateri 1966.12-E071p05 ; 1966.12-F028p05). À l'occasion de ces fêtes de 1980, Nicole D. produit, sous les auspices de la municipalité de Sainte-Catherine, une version édulcorée du logo de 1937 attribué à Louis Archambault d'après Nealis. Une autre version est produite en 1986, cette fois pour la paroisse Sainte-Catherine d'Alexandrie. La composition amalgame la croix provenant de Nealis avec la posture agenouillée en vogue depuis 1916. Mais elle est vue par une fenêtre, dont les volets sont ouverts sur le fleuve. Tekakwitha échange un regard avec l'ombre d'un profil sur le volet de droite. |
Nicole D., Feuillet 1680-1980 Kateri, 1980, « Avec les hommages du Conseil Municipal de Ste-Catherine » (KC AKR A1290, image reprise sur le feuillet paroissial). |
Anonyme, Médaillon, 1936-1986 Paroisse Sainte-Catherine D'Alexandrie (KC AKR P061-3, image partiellement reprise sur le Cahier souvernir). |
Un détail du portrait de Glass illustre un article de journal non daté relatant la proposition du vice-postulateur Henri Béchard, après la béatification en 1980, de donner le nom de « Ville de Kateri » à « Ville Saint-Catherine », là où se trouve son cénotaphe (Kateri 2014.09-F213p16). | ![]() |
(LM 1990.01p7). |
Lors de la Crise d'Oka, la Mohawk Warrior Society de Kahnawake bloque, du 11 juillet au 6 septembre 1990, le pont Honoré-Mercier situé sur leur territoire ; la veille de l'enlèvement des barricades, la sculpture du cénotaphe est arrachée de son socle, décapitée et ravagée, ce qui explique son absence, en décembre 1990, dans la photographie du tipi la recouvrant. Elle appraît de nouveau sur les photos publiées en 1992.
1993 Project of destroying Kanawake's Tekakwitha shrine.
[Greer 2005, p. 200.]
When I first visited Kahnawake in 1993, I had difficulty finding anyone interested in talking about Catherine Tekakwitha. [...] tensions still ran high in the wake of the "Oka Crisis," [...] There had been talk then of destroying Kanawake's Tekakwitha shrine as a symbol of spiritual conquest and oppression. 19. Christopher Vecsey, The Paths of Kateri's Kin (Notre Dame, Ind.: University of Notre Dame Press, 1997), 107-8. But the suggestion was rebuffed; the shrine, with its great granite monument donated a century earlier by Father Clarence Walworth, remained; and soon the busloads of pilgrims were resuming their visits from far and wide.
Nouvelle mouture de l'abri du cénotaphe à Côte-Sainte-Catherine. — (Kateri 1995.06-E184p17 ; 1995.06-F141p17).
Cénotaphe, Côte-Sainte-Catherine. — (Kateri 1997.09-E193p11 ; 1997.09-F150p11 ; 1999.12-E202p06 ; 1999.12-F159p06).
Michel Donais, Jean-Guy Lavoie, Camille Dionne et Yves Rocquebrune, Croix du cénotaphe, l'ancienne en bois désormais en mauvais état est remplacée par une neuve en acier inoxydable. — (Kateri 2006.06-E228p17 ; 2006.06-F185p17).
2013.12 Anonyme d'après Nealis, Tekakwitha, sculpture montée sur une meule du moulin des jésuites puis installée dans un tipi au cénotaphe en 1980, ainsi qu'une photo ancienne montrant son aménagement avant 1941. — (Kateri 2013.12-E253p00.1 ; 2013.12-F210p00.1 ; 2013.12-E253p47 ; 2013.12-F210p47). |
2019 Vues du cénotaphe par Google.
De cet ancien établissement autochtone il ne reste plus rien, sinon des vestiges archéologiques qui pourraient éventuellement être mis à jour, par exemple à la maison d’Hilaire Guérin, appelée aussi la maison bleue ou la maison du barbier, dont l'intégrité future n'est pas assurée (web ou pdf).
1690 Kaknawakon « dans le Rapide », moulin des jésuites,
La Tortue, Île du Seigneur, Ville Sainte-Catherine.
[Devine 1922, p. 89-91.]
Fearing a hostile attack early in the summer of 1689, De Denonville had the Christian converts and their families removed for safety's sake within the walls of Montreal, while the French soldiers spent six weeks transporting their corn across Laprairie bay. Men, women, and children were to remain among the whites until their fort had been strengthened or a new one built elsewhere. [...] The moment had come to quit the foot of the rapid. The place fixed upon by De Denonville and the Jesuits was on the bank of the river, two miles further west, on land granted by the king in 1680. The soil was fresh and rich, and the site as a natural stronghold could hardly be surpassed, for owing to the wild, headlong course of the rapid at that point, no enemy could land, and the Indians would consequently have all the protection needed from the riverside. The new village, called by the converts Kahnawakon — which means "in the rapid" — was begun probably in the winter of 1689-90 and completed early in the following summer.
[Jos: Marcoux ptre Miſsr., Au Sault S. Louis le 21 déc. 1829, au Lieu.t Colonel Napier Indian Depart.t., in explanation of the Memoire of the Iroquois Indians, Ottawa Bibliothèque et Archives Canada, British Military and Naval Records, RG 8, C Series, vol. 268, p. 937a-940.]
4° La Tradition Constante des Sauvages, de Chefs en Chefs et de Pères en fils [...]
6° Leur seconde station, d'après la même tradition, a été quelques arpens plus haut dans un endroit que l'on appèle à présent Chez Cato. Ils n'ont été là que sept ans.
Il ne reste plus rien de cet établissement autochtone de Kaknawakon situé vis-à-vis des rapides de Lachine et occupé 1690 à 1696. La chapelle devait donc y être similaire à celles dessinées par Chauchetière. Au XVIIIe siècle, les jésuites y établissent un moulin à eau sur lequel il existe plusieurs documents et photographies, mais également plusieurs ambiguïtés. Cette propriété a par la suite appartenue à plusieurs propriétaires. La construction de la voie maritime du Saint-Laurent, de 1954 à 1959, a bouleversé l'environnement autour de ce site. Pour en déterminer la localisation, il importe tout d'abord de mieux connaître les seigneuries de La Prairie et du Sault-Saint-Louis.
« [...] les Jésuites obtiennent du roi Louis XIV, le 29 mars 1680, la terre du Sault-Saint-Louis pour y établir une mission iroquoise. La concession fait deux lieues de front par deux lieues de profondeur, environ 11 km2 . Ce n'est pas une concession dite seigneuriale comme le sont généralement les terres en Nouvelle-France. Cette terre est offerte aux Iroquois convertis et à leurs tuteurs les pères Jésuites pour leur usage. Elle demeure l'entière propriété du roi et lui revient si les Iroquois la quittent. L'acte de concession contient un caractère temporaire qui se base sur les coutumes semi-sédentaires d'occupation du sol des Iroquois. [...] Le 31 octobre de la même année, le gouverneur Frontenac et l'intendant Duchesneau accordent aux Iroquois convertis et leurs protecteurs une deuxième concession faisant une lieue et demie de front par deux lieues de profondeur. Les deux concessions couvrent alors le territoire entre les seigneuries de Laprairie-de-Ia-Magdeleine et de Châteauguay. [...] À partir de la permission accordée par l'intendant Duchesneau en 1676 jusqu'en 1716, les Iroquois déplacent quatre fois leur village dans les terres du Sault-Saint-Louis. Ce déplacement du village se fait toujours d'est en ouest. Il s'inscrit à la fois dans le mode traditionnel d'occupation du sol des Iroquois mais surtout dans la volonté des Jésuites d'éloigner les Amérindiens de l'influence, selon eux néfaste, des colons français dont l'installation dans la seigneurie de Laprairie-de-la-Magdeleine connaît une augmentation soutenue au cours des mêmes années. En 1716, les Iroquois du Sault établissent leur communauté sur le site où se trouve aujourd'hui le village de la réserve de Kahnawake [Pepin 2007.02, p. 25-27]. » |
Devine 1922, p. viii. |
« Si l'histoire juridique de la seigneurie de La Prairie se termine dans le dernier quart du XVIIe siècle, celle du Sault-Saint-Louis, seigneurie voisine, commençe au même moment et, contrairement à La Prairie, l'histoire juridique du Sault-Saint-Louis va connaitre une incertitude croissante. L'histoire des deux territoires est étroitement liée parce que leur voisinage les oblige à entretenir des relations sociales et économiques, mais surtout parce que l'ambiguïté des titres allait autoriser les Jésuites, déjà seigneurs de La Prairie, à utiliser cette équivoque pour mettre en oeuvre une politique de distribution de terres à des colons français dans une seigneurie qui ne devait pas en recevoir à l'origine. Cette histoire tourmentée et chargée d'émotivité déborde le seul cadre juridique et évoque les relations quelquefois tendues et toujours inégales qu'ont entretenues entre elles les populations blanche et indienne, les seigneurs ecclésiastiques et les indigènes par la voie des missions et des tutorats [Lavallée 1992, p. 51, thématique développée jusqu'à la p. 61]. »
Il existe une confusion à propos de la seigneure du Sault-Saint-Louis. Cette situation, qui perdure depuis le XVIIIe siècle, trouve son expression dans les plans, ci-dessus, du gouvernement fédéral et des réclamations autochtones (voir aussi l'étude détaillée de Pepin 2007.02). Cette confusion se retrouve également dans un relevé non daté signé par Pierre-Louis Morin (1811-1886) qui est actif au Québec à compter de 1838 où il dessine nombre de plans et relevés topographiques, tel celui de la façade de l'église de La Prairie en 1839. Il est nommé adjoint de l'arpenteur provincial en 1843. En 1874, il obtient la direction du cadastre du gouvernement provincial où il travaille depuis 1871, poste qu'il occupe jusqu'en 1880 (Karel 1992, p. 584-586). Son plan de la seigneurie du Sault-Saint-Louis est révélateur. Une importante portion en est lotissée, soit autour de la « Rivière et Côte de La Tortue », du village de Saint-Constant le long de la « Rivière et Côte St. Pierre », ainsi qu'à « Côte Ste Catherine » le long de la « Rivière et Côte St. Régis ». Dans le haut du plan, il indique trois lignes de divergences des limites de la seigneurie. Et, vis-à-vis des « Rapides du Saut St. Louis », il consigne cette très importante remarque.
Pierre-Louis Morin, Plan de la seigneurie Sault-Saint-Louis, vers 1838-1886, 147 x 104 cm, BANQ E21,S555,SS3,SSS4,P18. |
Pierre-Louis Morin, Plan de la seigneurie Sault-Saint-Louis (détail), vers 1838-1886, 147 x 104 cm, BANQ E21,S555,SS3,SSS4,P18.
Le nord n'est pas indiqué : il se situe approximativement vers le haut suite à la rotation de ce détail de 90° vers la droite.
La Commission de toponymie donne encore quatre lieux portant le nom La Tortue dans la MRC de Roussillon, à Delson et Sainte-Catherine (web ou pdf). |
Voir aussi Google Maps. |
« Les Jésuites ont fait construire deux moulins sur le territoire de la seigneurie. Le premier, un moulin à vent, que les contrats de concession rédigés par Tissot en 1672 mentionnent déjà, s'élève sur un petit promontoire dans la commune, à proximité du fort et du fleuve. Le deuxième, un moulin à eau, au fonctionnement tout aussi capricieux que celui de la commune, occupe d'abord un emplacement à la côte Sainte-Catherine, à l'embouchure de la rivière du Portage, sur l'emplacement de l'ancienne mission établie à Kahnawake. Il a été construit au printemps de 1718. (67 M. Lepailleur, 1er avril 1718, marché entre les Jésuites et Guillaume Jourdain, maître maçon, ANQM.) [Moulin 1] La décision des seigneurs d'édifier à cette date un moulin près du Sault-Saint Louis n'est certainement pas étrangère à la dernière migration de la mission iroquoise qui, à partir de 1716, a gagné Caughnawaga et a laissé libres les territoires occupés précédemment que les Jésuites vont investir progressivement. Ils l'abandonnent vers 1750-1752 et en font élever un autre [Moulin 2], en amont du fleuve, à la frontière des deux seigneuries sur une bande de terre réclamée par les Indiens du Sault-Saint-Louis (que ceux ci n'obtiendront pas), à l'endroit même (Kahnawakon) où ces derniers avaient établi leur bourgade en 1690 [Lavallée 1992, p. 88-89]. »
Les informations précises et documentées de Lavallée remettent en cause celles de Audet, pourtant plus récentes, qui fait remonter à 1670 la construction de ce moulin à eau.
« Depuis le 17e siècle, La Prairie est un lieu de transit de marchandises, tant maritime que ferroviaire, entre Montréal et la Nouvelle-Angleterre. Dès 1670, La Prairie avait déjà son premier moulin à eau. (Côté, H., 2009, L’archéologie historique à La Prairie : les fouilles menées par l’Université Laval [voir Archéologiques 15, 2001 (web ou pdf] ; Société d’histoire de La Prairie de la Magdeleine, 2013, Histoire de La Prairie [web ou pdf] ; Ville de La Prairie, 2013, Découvrez l’histoire de La Prairie [web ou pdf]) [Audet 2015.07.29, p. 90]. »
Le moulin à eau des jésuites étant situé au Sault Saint-Louis, près de leur mission, un bail au meunier Pierre Bertrand dit Desrochers, en 1718, stipule : « ne pourra ledit preneur pendant ledit temps vendre ni traiter aucune boisson aux sauvages à peine d'être déchu de son droit du présent bail et audit cas ledit preneur ne pourra prétendre à aucun dédommagement » (Sirois 1997.01, p. 12).
Simon Z. Watson, Figurative plan of survey of the front of the seigniories of La Prairie-de-la-Madeleine and Sault St. Louis situated on the south eastern side of the river St. Lawrence, county Huntingdon, Mars 1796, plan manuscrit en couleur, 58 x 45 cm, BANQ P600,S4,SS2,D4.
Superposition d'une partie du plan ci-dessus avec la vue satellite de Google Maps.
Le plan de Watson dressé en 1796 montre bien la configuration des seigneuries de La Prairie et du Sault-Saint-Louis, ainsi que l'emplacement de l'ancien moulin des jésuites à l'extrème frontière ouest de celle de La Prairie sur les rives du Saint-Laurent. Ce plan ne montre cependant pas les éléments du fleuve en face de ce moulin. La superposition de la rive de ce plan ancien avec la vue satellite de Google Maps permet d'y remédier, en s'alignant sur l'embouchure de la Rivière Châteauguay, à l'ouest, et la ville de La Prairie à l'est. Ce relevé ancien, moins précis que le satellite, ne correspond pas aux rives actuelles, principalement dans la section du moulin et de la Rivière du Portage qui, en sus, ont été fortement perturbées par la construction de l'écluse de Saint-Catherine et de la voie maritime. Nonobstant, cette superposition permet de localiser approximativement ce moulin par rapports aux Rapides de Lachine et aux îles du fleuve : l'Île au Diable, à l'ouest, puis l'agglomération des Sept Soeurs, la grand Île aux Hérons à l'est et la longue Île aux Chèvres au nord. Le plan de Louis Charland, en 1803, corrobore cette localisation en montrant la position du moulin dans la grande région environnante. Louis Charland Land Surveyor, édité par William Vondenvelden, London, England, A New topographical map of the province of Lower Canada : compiled from all the former as well as the latest surveys taken by order of the Provincial Government by & under the direction of Samuel Holland, esqr. deceased, late Surveyor General of the said Province, Is most respectfully, inscribed, to his Excellency, Robert, Prescott, esgr. Captain General & Commander in Chief of the Province of Upper & Lower Canada &c.&c., 1803, carte coul., 60 x 217 cm sur feuille 62 x 221 cm pliée 31 x 20 cm sous couv. 32 x 21 cm, BANQ G/3450/1803/V65 CAR pl. |
Louis Charland, A plan of that part of St. Lewis Falls and Rapids situate between the Isle au Diable and Isle Boket drawn by order of the Gentles Commissioners appointed under the authority of an act entitled: An act for applying the sum of one thousand pounds, towards the improvment of the Inland navigation of this Province, [1805], plan manuscrit en couleur, 63 x 79 cm, BANQ E21,S555,SS1,SSS18,P01-1/2-E.
Détails ci-dessus à gauche et ci-dessous avec réaligement du nord afin de correspondre au relevé de Google Maps en haut à droite.
Le plan beaucoup plus détaillé, signé par Louis Charland en 1805, montre, sur le Chemin du Sault Saint Louis, un dessin du bâtiment du moulin de La Prairie et de sa digue de dérivation de l'eau vers ses turbines. La configuration de la rive est très différente de celle de la carte de 1796. Les relevés des îles d'en face montrent de nombreuses différences avec la vue satellite de Google Maps, tant à cause de l'imprécision des relevés anciens, de l'érosion naturelle, que des bouleversements opérés par la canalisation de la voie maritime. Nonobstant, on peut déduire la position relative du moulin par rapport aux îles d'en face qui existent toujours.
Détail du plan de la propriété de W. James Dunn vers 1813. N° 1 en rose : moulin. N° 2 en rose : maison. N° 3 en jaune : écurie. La ligne frontière séparant la seigneurie de La Prairie de celle du Sault‐Saint‐Louis est indiquée à droite, au-dessus de l'extrémité de la digue amenant l'eau au moulin à partir de l'ouest. Source : Ethnoscop 2017.06, figure 3 et plan 14, se référant à Plan de seigneurie, Fonds Ministère des terres et forêts, BAnQ E21,S555,SS1,SSS20,PL.1H.
À l'occasion de la construction du pavillon d'accueil du RécréoParc, à Ville Sainte-Catherine, des fouilles archéologiques ont été effectuées. Le rapport détaillé (Ethnoscop 2017.06) localise l'emplacement de l'ancien moulin des jésuites. Ce qui a permis de reconstituter l'image ci-dessus, à partir du plan de 1813 superposé à celui de GoogleMaps, qui montre l'ancien emplacement du moulin et de sa digue, jusque en face de ce nouveau pavillon d'accueil construit au-dessus de l'ancienne maison de James Dunn (superposée en rose) qui est montrée sur une des photos de l'IOA de Gérard Morisset.
[Ethnoscop 2017.06, p. 10-11, 92, 93 et 98-99.]
Un moulin à eau fut construit par les jésuites dans l’aire d’étude, vers 1718 à la limite ouest de la seigneurie de La Prairie. Il desservait également les Iroquois maintenant installés à leur emplacement définitif. En 1807, un nommé James Dunn prend le moulin en location et l’exploitera pendant une trentaine d’année. Un plan d’archives localise bien les installations de Dunn [voir ci-dessus] et il en existe plusieurs photographies [voir ci-dessous] puisque les bâtiments ont persisté jusqu’au XXe siècle. [...]
[...] le plan illustrant l'acte de vente de la propriété de Basile Bourdeaux à W. James Dunn [...] montre l’habitation « dwelling » de Dunn, laquelle possède une dimension nord-sud de 30 pieds (9,15 m), ce qui correspond relativement bien avec la mesure relevée au terrain (9,48 m). La configuration entre l’habitation et l’écurie de Dunn correspond aussi assez concrètement avec la disposition des vestiges enregistrés lors de la fouille en 13A et 13C (vestiges 10 à 16 et 26 à 34). Enfin, tant au plan ancien qu’en réalité, la distance entre les habitations et la rive du fleuve correspond parfaitement.
Une dernière preuve vient corroborer la justesse de la superposition : il s’agit d’un acte de vente de 1874 par lequel la succession Dunn vend sa propriété de la côte Sainte-Catherine à un dénommé Hubert Létourneau. Elle est ainsi décrite : une terre de un arpent et demi de front sur trente arpents de profondeur, dans la paroisse de Laprairie, et de deux arpents de front sur dix arpents de profondeur dans la paroisse de St. Constant, le tout plus ou moins (…) la partie dans la paroisse de Laprairie désignée dans le cadastre du comté de Laprairie sous le no 648 (…) tenant sur le devant au chemin public, derrière à Joseph Patenaude, d’un côté sud est à Edmond Desautels [Burtin 1894, p. 23, situait Kaknawakon sur la terre alors occupée par « M. Edouard Desautels »] et François [?] dit Montigny, de l’autre à Hubert Létourneau avec toutes les bâtisses sus érigées ». Cette terre appartenait à la succession par héritage et à James Dunn au moyen de différents contrats d’acquisition dont deux faites de Bazile Bourdeau, passées devant Thomas Dandurand 15 février 1813 et le 23 mai 1807 (Tassé 1874). Cette description démontre que le lot no 648 est bien celui du plan présenté à la figure 3, où figurent d’ailleurs les dates de ces deux contrats.
Aucune information supplémentaire n’a été obtenue quant à l’occupation des Jésuites qui auraient installé le moulin à cet endroit dès 1718. En effet, aucun artefact ne semble dater d’une période aussi reculée que la première moitié du XVIIIe siècle. [...] Il y a fort à parier que des vestiges importants du moulin se trouvent toujours sous la pelouse à cet emplacement. Toutefois, à moins que la rive ait fait l’objet d’un important remblaiement, aucune trace de la digue de pierre n’a été repérée dans le fleuve.
[...] des vestiges de la mission de Kahnawakon n’ont pu être localisés à l’inventaire mais il demeure qu’il y a de fortes chances qu’ils se trouvent à proximité du site archéologique dont les limites restent à définir. Enfin, l’occupation continue de l’endroit, depuis les premières concessions des terres au XVIIe siècle, fait que plusieurs fondations d’habitations anciennes et de bâtiments secondaire sont présentes dans les limites du site.
Le moulin des jésuites est mis en location pour un bail de 9 ans, à compter de janvier 1807, puis pour un autre bail de 9 ans, en janvier 1819, alors qu'il est occupé par James Dunn (Inventaire des Oeuvres d'art se référant à Gazette de Québec, 21 août 1806 p. 7, et 21 septembre 1818). À cette occasion, on en dresse un état détaillé.
[Lettre de Edme Henry, agent responsable des biens des Jésuites pour le district de Montréal, à Lewis Foy, secrétaire de la commission responsable de l'administration des biens des Jésuites, au sujet de l'état du moulin à eau de la seigneurie de La Prairie la Madeleine, avec le rapport sur celui-ci, 13 septembre 1818, BAnQ Québec, E21,S64,SS5,SSS2,D454 (web ou pdf).]
J'ai fait examiner, par des personnes expertes, le moulin a eau de la seigneurie la Prairie la Madeleine - la maçonne par françois Dagenest, maître maçon, et la charpente par Antoine Bourdon, maître charpentier ; lesquels m'ont fait un rapport, par écrit, que je vous tranmêts, cy-joint, pour l'inspection de Messieurs les commissaires.
Ces experts disent que la maçonne est fracassée Jusques dans les fondements ; qu'il et impossible de juger de son vrai état, sans arrêter le moulin et lever les doublures, en bois, qui les couvrent. - que ces murs pourraient, peut-être, durer pendant le prochain bail et même au dela ; mais aussi pourraient s'écrouler sous peu d'années : et que vu son état de vetusté il est impossible de juger de sa durée probâble ; qu'ils ne sont pas susceptibles de réparations, sans refaire l'entier en neuf jusques dans les fondtions - ce qui couterait une somme de huit cent louis ou livres, cours actuel de cette Province, en outre celle de cinq cent livres, dit cours, pour la charpente et la menuiserie, faisant un total de treize cent livres, même cours.
Cependant qu'à juger par le long laps de tems que ces murs sont dans ce même état, sans avoir empirés, qu'il y a tout lieu de supposer qu'ils pourront durer nombre d'années, même au dela du bail futur. - que la charpente et bois sont en bon état, excepté la moitié nord-est de la couverture qui exige des bardeaux neufs.
Je me suis informé du produit annuel que ce moulin pouvait donner, pour les moutures, et l'opinion générale est de 3 a quatre mille minots de bled fromet, exclusivement du produit du blutage.
Ce moulin est en maçonne, de 72 pieds de longeur, sur 46 pieds de largeur, couvert en bardeaux, a un seul êtage, en sus du rez de chaussée il y a, présentement, trois meules avec leurs lits, mouvans, tournans et travaillans, en outre un bluteau.
Je crois devoir observer a Messieurs les commissaires qu'une de ses meules et le bluteau y ont été mis et placés par le locataire actuel, Mr. Dunn, et que j'ignore sous qu'elles conditions. - J'ai seulement entendu dire, qu'en considération et pour indemniser Mr Dunn de ces additions, et toutes autres qu'il pourrait faire durant son bail, Messieurs les commissaires avaient consenti de l'étendre a trois années en sus, c'est-à-dire a douze années au lieu de neuf, époque de son bail primitif ; mais a condition qu'a l'expiration de ce douze années toutes les augmentations qu'il pourrait avoir faites au moulin y resteraient, sans que pour ce il pût répeter aucunes récompenses ou indemnités. Cependant l'acte additionnel au bail primitif est muet sur ces points. [...]
J'ai remis a Mr Ross copie du protêt contre Henry Thibeaudault, pour avoir construit et faire moudre un moulin a vent dans l'enclâve de la Seigneurie la Prairie, il doit, en conséquence, intenter action contre lui pour le terme prochain de la cour supérieure du banc du roi, pour le district de Montreal. [...]
P.S. il n'y a aucun batiment au tour du moulin en dépendant - le seul terrein qui lui appartient - consiste en dix pieds au tour d'icelui, pour l'usage des voitures - le reste appartient a Mr Dunn - neanmoins dans son contrat d'achât, dont Mr Blondeau a reçu les cens et rente, il y a cette clause - ce sans garantie de mesure précise, et sauf et excepté ce qui de droit peut-être et appartenir au moulin a eau, et les [dit] droits et reserves sur le rivâge appartenans a sa majesté.
« Site of ancient Kahnawakon, showing (x) the grist-mill », Devine 1922 (p. 80).
Cette magnifique photographie montre bien la digue illustrée par Charland en 1805
ainsi que la largeur du Fleuve Saint-Laurent à l'emplacement de l'ancien moulin des jésuites.
Deux autres photographies anciennes montrent de façon plus détaillée cette digue et la force du courant au niveau du fleuve, en regardant en aval vers l'est. Collection Jacques-Raymond Denault, La seigneurie de La Prairie-de-la-Magdeleine, 1672-1977, Société d'histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, P46 et P46,2. |
Les remarquables relevés photographiques d'Edgar Gariépy permettent d'apprécier ce magnifique et majestueux bâtiment, tant son mécanisme et ses meules en regardant vers l'est en aval, que l'appareillage du mur et la toiture au-dessus de son chemin d'eau en regardant vers l'ouest en amont. Les titres donnés par Gariépy localisent ce moulin à « La Tortue ». Les rédacteurs des fiches techniques ont interprété ainsi cette localisation géographique :
Cette information inexacte de localisation, à Saint-Mathieu, doit être corrigée à la lumière des informations historiques et des plans anciens reproduits ci-dessus. Lavallée a très bien démontré que l'appellation « La Tortue » s'appliquait à un vaste territoire d'anciennes seigneuries, allant de Ville Sainte-Catherine, en passant par Saint-Constant et Delson jusqu'à Saint-Mathieu, même si ces municipalités revendiquent parfois l'exclusivité de cette appellation. Edgar Gariépy (1881-1956), Moulin des Jésuites, à la Tortue, en partie démoli par les glaces, turbine et meules [ci-dessus à gauche], Vue des meules [ci-dessus à droite], Vieux moulin à la Tortue (Laprairie) [à droite], Ville de Montréal. Section des archives, CA M001 BM042-Y-1-P0425, CA M001 BM042-Y-1-P0414 et CA M001 BM042-Y-1-P0415. |
« A l'origine, la côte de "La Tortue" est située aux confins des seigneuries de La Prairie de la Magdeleine, de La Salle et du Sault-Saint-Louis. La côte commence à se peupler vers la fin du XVIIe siècle ; le capitaine de milice y assure alors l'administration civile. En juillet 1855, avant que Delson ne soit constituée en tant que ville, son territoire faisait partie de la municipalité de comté de La Prairie. Le 4 janvier 1918, une partie du territoire de la municipalité de la paroisse de Saint-Constant est détachée pour devenir, par proclamation du roi Georges V, la municipalité du village de Delson. Le 21 février 1957, par la loi privée 251, Delson est érigée en corporation de ville. A cette occasion son territoire est agrandi. On lui annexe des lots des municipalités des paroisses de St-Constant et de La Prairie. En janvier 1982, afin de favoriser une plus grande décentralisation et de donner plus de pouvoir aux niveaux locaux et régionaux, la ville de Delson est intégrée à la municipalité régionale de comté de Roussillon [Société d'histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, P5 Collection Delson, web ou pdf]. »
L'iinformation inexacte à l'effet que ce moulin était situé à Saint-Mathieu se retrouve également chez les archéologues.
En 2008, Archéotec signe l'ouvrage intitulé Patrimoine archéologique des moulins du Québec sous l'égide du Ministère de la culture, des communications et de la condition féminine dans le cadre de la participation du Québec au Répertoire canadien des lieux patrimoniaux. On y publie deux photographies de cet ancien moulin de jésuites (p. 81 photo 6.1 et p. 83 photo 6.2) en le situant à Saint-Mathieu, sur la rivière La Tortue, soit à une quatorzaine de kilomètres à l'intérieur des terres, au sud-est de son emplacement original au pied des Rapides de Lachine sur le Fleuve Saint-Laurent, là où se trouve aujourd'hui le RécréoParc de Ville Sainte-Catherine ! Cette toute petite rivière de plaine n'aurait probablement pas eu un débit suffisant, à Saint-Mathieu, pour alimenter le colossal moulin des jésuites au milieu du XVIIIe siècle, à une époque où cette municipalité, éloignée à l'intérieur des terres, en était encore à ses balbutiements.
« Premiers moulins du territoire [de Saint-Mathieu] — Le côté de la mosaïque situé sur le chemin Saint-Édouard illustre un moulin à vent et un moulin à eau qui existaient en 1851 et qui servaient à scier le bois, moudre la farine et carder la laine (web ou pdf). » |
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Gérard Morisset, La Tortue, Laprairie, Moulin des Jésuites,
Fonds ministère de la Culture et des Communications, Les grands inventaires nationaux,
Inventaire des oeuvres d'art (IOA), BANQ-Q E6,S8,SS1,SSS875.
Vieux moulin des Jésuites à La Prairie, Carte postale, Collection Michel Pratt, Société historique du Marigot (web ou pdf).
A.D. Woodman, Plaisirs champêtres, Ile du Seigneur Laprairie, Qué., fin XIXe ou début XXe siècle, carte postale, BANQ.
Cette carte postale ancienne de l'Île du Seigneur évoque la nostalgie de paysages perdus (voir aussi Marcel Moussette, « L'histoire en vacances - La Prairie entre la terre et l'eau », Le Devoir, 16 août 2004, web ou pdf). Cet idyllique site de villégiature aurait pu se trouver près de l'ancienne digue du moulin des jésuites.
[Ethnoscop 2017.06, p. 10-11.]
Durant les premières décennies de ce [XXe] siècle, un nommé Médéric Guérin habitait le moulin et accueillait des villégiateurs. Selon Martin (1997 : 55), Guérin aurait creusé le canal séparant le moulin de la terre ferme. [...]
Ce moulin aurait, semble-t-il, été incendié en 1929 ! Quoiqu'il en soit, la destruction massive par la voie maritime du Saint-Laurent d'un majestueux patrimoine bâti laisse non seulement perplexe mais évoque la colère. Comment se fait-il que personne ne se soit insurgé contre la destruction du moulin des jésuites et des magnifiques maisons qui l'entouraient ? Malgré la devise du Québec, qui se souvient de ces lieux magiques ? Plusieurs inexactitudes historiographiques le concernant laissent pantois ! Comment se fait-il qu'un patrimoine beaucoup plus récent ait été sauvé en Ontario ? Et qu'il soit toujours mis en valeur au bénifice des générations actuelles et futures ?
« Construction of Upper Canada Village began in 1958 as part of the St. Lawrence Seaway project, which required the permanent flooding of ten communities in the area, known as The Lost Villages. Upper Canada Village was a part of the project's heritage preservation plan. Many of the buildings in Upper Canada Village were transported directly from the villages to be flooded. The park, owned and operated by the St. Lawrence Parks Commission, was opened to the public in 1961. Other buildings from the Lost Villages were moved to Ault Park, where they comprise a living museum run by the Lost Villages Historical Society [web ou pdf]. »
Le territoire de Kaknawakon est donc occupé par la mission Saint-François-Xavier de 1690 à 1695, par le moulin des jésuites depuis le début du XVIIIe siècle et par diverses propriétés jusqu'à la construction de la voie maritime du Saint-Laurent puis, finalement, par le RécréoParc de Ville Sainte-Catherine.
1696 Kanatakwenke « d'où le village a été ôté », Rivière Suzanne près des rapides,
Voie maritime du Saint-Laurent, Kahnawake.
Cet établissement de Kanatakwenke, occupé de 1696 à 1716, était situé vis-à-vis des rapides de Lachine près de la rivière naguère orthographiée « Susanne » et dorénavant « Suzanne » selon la Commission de toponymie du Québec (web ou pdf). La chapelle devait donc y être similaire à celles dessinées par Chauchetière pour les missions La Prairie (1667-1676) et de Kateritsitkaiatat (1676-1690).
[Devine 1922, p. 181.]
The village just abandoned by the Indians had been occupied by them for twenty-three years. After a very few summers. La Susanne — henceforth to be known as Kanatakwenke 1. Kanatakwenke, i.e., where the village was taken from. The site is also known to the Indians as La Suzanne, the name of the little river which flows into the St. Lawrence at that spot. — became quite obliterated with wild weeds and brushwood; nothing remained to recall the trials and consolations of a long period of intense missionary activity. Father Burtin informs us that up to the middle of the nineteenth century it was still easy to recognize the place on which the Indians had built their little bark-covered church. A pile of stones nearby, and a few surviving lilacs, indicated the spot where the Jesuits lived, where Father Lafitau discovered the ginseng plant, and where he gathered material for the literary works which brought him fame.
[Jos: Marcoux ptre Miſsr., Au Sault S. Louis le 21 déc. 1829, au Lieu.t Colonel Napier Indian Depart.t., in explanation of the Memoire of the Iroquois Indians, Ottawa Bibliothèque et Archives Canada, British Military and Naval Records, RG 8, C Series, vol. 268, p. 937a-940.]
4° La Tradition Constante des Sauvages, de Chefs en Chefs et de Pères en fils [...]
7° La troisième station du village, d'après la même tradition sauvage a été sur la rivière Susanne, à peu près une demie lieue au deſsus du rapide. Ils sont demeurés là une quinzaine d'années, après quoi ils sont venus se fixer ici pour toujours.
« Site of ancien Kanatakwenké - La Susanne », Devine 1922 (p. 96).
Edgar Gariépy (1881-1956), Kahnawake, Site de l'ancien Kanatakwenté, "La Susanne",
photographie, positif sur verre, 7,9 x 5,6 cm, Ville de Montréal, Section des archives CA M001 BM042-Y-1-P0979.
Sur le site des archives la gauche et la droite sont inversées ; ici, il a été rétabli dans le même sens que la photo publiée par Devine.
Une photographie d'Edgar Gariépy, publiée dans Devine 1922 (p. 96), permet de se faire une idée de ce site qui a été détruit par l'Administration de la voie maritime du Saint-Laurent, de 1954 à 1959, où on inonde 259 km carrés après avoir déplacé 6 500 personnes et 550 habitations (web ou pdf). L'ampleur des expropriations sur la réserve de Kahnawake est bien illustrée sur ce plan.
Expropriations sur la réserve de Kahnawake pour la construction de la voie maritime (web ou pdf).
En juin 1955, un article de Nora Routhledge intitulé « Now of Never ! », attire l'attention sur les sépultures de Jacques Bruyas et Jacques de Lamberville, deux jésuites liés à la mission où vécut Tekakwitha. Sises à Kanatakwenke, elles sont menacées par la construction de la Voie maritime. Ce village autochtone se trouvait près de la rivière Suzanne, indiquée par une flèche sur le plan joint. |
1955.06 Nora Routhledge, Les sépultures de Jacques Bruyas et Jacques de Lamberville à Kanatakwenke menacées par la construction de la Voie maritime. — (Kateri 1955.06-EV07N03p06-07). |
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Wilfrid Jury, Kanatakwenke, Fourth Site of Caughnawaga, fouilles archéologiques à Kanatakwenke, automne 1955. — (Kateri 1955.12-EV08N01p06-09). |
Lors des fouilles archéologiques effectuées à Kanatakwenke par Wilfrid Jury de l'University of Western Ontario, à l'automne de 1955, on trouve :
« the bedlogs of the foundation of a dwelling [...] built by the French [Jesuit] Fathers [...] one piece of Indian pottery, a number of smaill pieces of glass, probably bottles used for mass wine, two pieces of European pottery or vessels, and one hinge used to hang the shutters on. [...] a bake oven containing hundreds of stones [...] four feet wide and about twelve feet long. At one end, many bricks were recovered, about six bushels in all, and eighteen of them were intact. Here we found six inches of white ash with a few pieces of carbonized wood and a few nails in them. Assuredly, this was one of the bake ovens used while the village was located there. »
Des résultats plus élaborés figurent dans le compte-rendu des fouilles poursuivies à l'automne de 1956, suivi des remerciements et du bilan financier par Henri Béchard. |
Wilfrid Jury, Caughnawaga's Fourth Site, fouilles archéologiques à Kanatakwenke, automne 1956. — (Kateri 1956.12-EV09N01p04-09).
« As soon as we arrived we gridded the site. This was done partially by the Seaway surveyors; then we started to relocate our last year finds, and continued digging in what was obviously the Jesuit residence. We completed it, retracing the fireplace and the outlines of the rooms. The marks of the logs in the ground helped us discern the type a struture. We found many valuable reiics that shed liqht in the condition of the time. The finding of the church sixty feet long partially under the roadway was an achievement that made me very happy indeed. The breaking of the bones to extract the marrow, their number, in particular, the moose, bird and fish bones, gathered, prove that although the Indians were under the influence of the French, they still clung to their customs and depended largely upon the hunt to fill their bill of fare. The lack of carbonized seeds, beans, corn, sunflowers can be easily explained by the old Jesuit grist mill that was in operation during the time the village was in existence. A few decorative pieces of pttery bear witness that the India pots has disappeared. No crockery of native origin was discovered. They used clam shells as spoons - a great number came to light. I presume that since we found no forks they used their fingers, although tehy certainly had a great number of knives. The solace of tabacco was much enjoyed. Nearly every Indian must have been a smoker because many fragments of Indian pipes were unearthed and over a thousand five hundred fragments of the white man's pipe. From the relics that ranged from the white man's guns, swords, doorlatches, iron tools, cooper cuttings, and the different Indian objects revealed we know something of the life that the Indians must have led. [...] This year my wife accompanied me and catalogued over three thousand six hundred and forty-three relics and will help writing the final report [Kateri 1956.12-EV09N01, p. 04-09]. » Anonyme, Deux anges ailés, auréolés et agenouillés adorant un ostensoir, XVIIe siècle, médaille, fouilles archéologiques de Kanatakwenke, photo Armour Landry. — (Kateri 1956.12-EV09N01p01-03). |
Une photographie, tirée d'un article publié en septembre 1958, montre également l'avers de cette médaille, tout en donnant un bref historique de la dévotion envers sainte Anne au XVIIe siècle. Anonyme, « medal of Saint Anne [...] uncovered during the summer months of 1955-1956 while the archeological work at the fourth site of Kateri's Mission. established in 1696, was in progress », fouilles archéologiques de Kanatakwenke. — (Kateri 1958.09-EV10N04p08-09). |
Anonyme, Saint François, XVIIe siècle, médaille, « SANCTE FRANCISCE ORA P », fouilles archéologiques à Kanatakwenke, photo Le Messager Canadien. — (Kateri 1957.03-EV09N02p06). |
Anonyme, Saint Antoine, XVIIe siècle, médaille, « ANTONI », fouilles archéologiques à Kanatakwenke, photo Le Messager Canadien. — (Kateri 1957.03-EV09N02p06). |
France, Angleterre, Hollande, clous, houes, aiguilles, dé, ciseaux, couteaux, fourchettes, cuiller, couteau de poche, balles, pièces de fusils, guimbardes, poterie à figure de diable, mouchettes, XVIIe siècle, fouilles archéologiques à Kanatakwenke. — (Kateri 1957.03-EV09N02p06-09).
Indian beads, Iroquois pipe bowls and stems (one reminiscent of a Jesuit's shovel hat), catlinite jewelry (one with cross and a turtle), ceremonial and hunting arrows, awls and bead-spreader, fouilles archéologiques à Kanatakwenke. — (Kateri 1957.06-EV09N03p06-09).
« Indian artifacts uncovered during the excavations conducted by the Society of Jesus and the University of Western Ontario, under the direction of Dr. Wilfrid Jury. Curator of the Museum of Indian archeology in London, Ontario. »
The Seaway and the Mission, Kateritsitkaiatat et Kanatakwenke, photos Van der AA St. Lawrence Seaway Authority. — (Kateri 1957.09-EV09N04p07-09).
Le quatrième emplacement de la Mission (1696-1717), fouilles archéologiques à Kanatakwenke, 1955-1956. — (Kateri 1958.03-F002p06-07).
Godet d'une pipe iroquoise évocateur du chef d'un jésuite et un autre d'une pipe européenne, objets de fabrication autochtone en catlinite (médaille avec croix et tortue), guimbardes françaises et goulot d'une "cruche du diable" hollandaise, fouilles archéologiques à Kanatakwenke, photos Armour Landry. — (Kateri 1959.03-06-F003p06-09).
« En septembre et octobre [1957], sous l'experte direction du Dr Wilfrid Jury, archéologue de l'Université Western Ontario, que j'avais invité à poursuivre ses travaux, nous avons réalisé de belles découvertes. L'équipe des travailleurs a déterré environ les deux tiers de l'ancienne bourgade. "Je suis prêt à dire, ajoutait le Dr ]ury, que nous avons maintenant un beau choix de reliques. Cette année mon épouse m'a accompagné et a catalogué plus de 3,643 reliques..." [Kateri 1959.03-06-F003, p. 06-09] »
Relique trouvée au quatrième emplacement de la Mission (1696-1717), fouilles archéologiques à Kanatakwenke. — (Kateri 1959.03-06-F003p28).
1716 Kaknawake « ou rapide », naguère Caughnawaga, aujourd'hui Kahnawake.
« 1721. Mars. Du Sault S. Louys. [...] Il a déjà changé deux fois de place dans l'eſpace de deux lieues. Sa feconde ſtation, où je l'ai vu en 1708, étoit vis-à-vis un Rapide, qu'on nomme le Sault Saint Louis, & il en a conſervé le nom quoiqu'il en ſoit aujourd'hui aſſez éloigné. [...] ſitué dans le Continent du côté du Sud, trois lieues plus haut que la Ville de Montréal. Il eſt fort peuplé [...] Il paroît qu'on l'a enfin fixé ; car l'Egliſe, qu'on ne fait que d'achever, & la Maiſon des Millionnaires, ſont, chacun dans leur genre, deux des plus beaux Edifices du Pays. La ſituation en eſt charmante. Le Fleuve fort large en cet endroit y eſt ſemé de plusieurs Iſles, qui font un très-bel effet. L'Iſle de Montréal toute peuplée eſt en perſpective d'un côté, & la vûë n'eſt preſque point bornée de l'autre à cauſe du Lac de Saint Louis, qui commence un peu plus haut. [...]
Au Sault Saint Louys, ce premier de May, 1721. [...] Cette Bourgade fut d'abord placée à la Prairie de la Madeleine, environ une lieuë plus bas que le Sault Saint Louys, du côté du Sud. Les Terres ne s'y étant pas trouvées propres pour la culture du Maïz, on la tranſporta vis-à-vis le Sault même, d'où elle a pris ſon nom, qu'elle porte encore, quoiqu'elle ait été transférée de - là, il y a peu d'années, une autre lieuë plus haut. J'ai déjà dit que la ſîtuation en eſt charmante, que l'Egliſe & la Maiſon des Millionnaires ſont deux des plus beaux Edifices du Pays, & que c'eſt ce qui fait juger qu'on a pris de bonnes meſures pour n'être plus obligé de faire de nouvelles tranſmigrations [Charlevoix 1744 t3 p. 141, 175 et 177-178]. »
[Jos: Marcoux ptre Miſsr., Au Sault S. Louis le 21 déc. 1829, au Lieu.t Colonel Napier Indian Depart.t., in explanation of the Memoire of the Iroquois Indians, Ottawa Bibliothèque et Archives Canada, British Military and Naval Records, RG 8, C Series, vol. 268, p. 937a-940.]
4° La Tradition Constante des Sauvages, de Chefs en Chefs et de Pères en fils [...]
9° En partant de 1680, tems où les Sauvages ont laiſsé la Prairie pour venir s'établir sur leur nouvelle conceſsion, et additionnant les années des différentes stations du village, 15 ans sur la rivière du Portage, 7 ans chez Cato, et 15 ans sur la rivière Susanne, on a 37 ans, lesquelles ajoutées à 1680, donnent 1717. Or le Père Charlevoix écrit sa lettre en 1721 qu'il y avait quelques années que le village avait été transféré où il est à présent.
« Lafitau retourna en France en 1717 afin de présenter personnellement à la cour un mémoire dans lequel il formulait son opposition à la vente de l’eau-de-vie aux Indiens ; il voulait aussi obtenir la permission de déplacer le village de Sault-Saint-Louis, situé alors près des rapides, et le relocaliser sur un emplacement au sol plus fertile et d’une position stratégique plus avantageuse (son emplacement actuel). Sa première démarche connut une réussite partielle et la seconde un franc succès [DBC]. »
Anonyme, « veue de la mission | du sault st Louis | A Eglise | B maison du missionnaire | C Cabanes ou village des sauvages », vers 1725-1747, dessin, plume, lavis d'encre de Chine et aquarelle, 27 x 37,6 cm (f.), 24,2 x 37 cm (tr. c.), BNF EST VD-20 (B, 1).
Dans le dessin ci-dessus, les montagnes à l'horizon, purement fictives, ne correspondent pas à la topographie de la plaine environnant Kahnawake. Il est daté de « 167. » par la BNF, ce qu'il faudrait changer pour la période de 1725-1747. En effet, les autochtones déménagent leur village à ce final et dernier emplacement en 1716. Les constructions dessinées correspondent aux informations historiques connues sur les bâtiments, soit l'église et la résidence des jésuites qui y sont achevés en 1721. La palissade de bois, construite vers 1725 (web ou pdf), a été remplacée par des fortifications de pierre, construites entre 1747 et 1754, qui figurent sur un plan de Louis Franquet daté de 1752, ainsi que l'aile ajoutée pour les militaires (Devine 1922).
« Dessiné par Charles Dau[???] », PLAN du Fort du Sault St Louis, avec le Village des Sauvages Iroquois | Ne. les deux côtés du fort marqués en Jaune, ne sont point exécutés non plus que la partie de l'Enceinte du Village de face a la Riviere | C maison des marchandes françoises nommées Désauniers, Juin 1907 ou 1917, copie manuscrite, 31"1/4 x 16"1/4 pouces, OBAC 4126674 d'après l'original de Louis Franquet (1697-1768) daté de 1752 conservé à la Bibliothèque de la Section Technique du Génie, Ancien Dépôt des Fortifications, Volume 210e, France. Voir le détail de fortifications autour de l'église et la résidence des jésuites. Voir aussi une copie attribué à Félix Martin au Archives des jésuites du Canada (web ou jpg) également disponible sur Wikipedia (web ou jpg). Une autre copie non datée est conservée à la Norman B. Leventhal Map & Education Center at the Boston Public Library (web ou jpg).
Les fortifications en jaune, sur le plan de Franquet, ne semblent pas avoir été construites.
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Viger ASC : (254) James Duncan, "Ruines de l'ancien Fort de Sault St-louis (Caughnawaga)", aquarelle, 14,8 x 25,6 (Boivin 1990).
Une visite à Saint-François-Xavier l'Église de Kateri : l'église, le tombeau de Kateri, la sacristie, le musée.
— (Kateri 1979.06-E120p28-31 ; 1979.06-F077p30-33 ; 1994.03-E179p08 ; 1994.03-F136p08).
150e anniversaire de l'église Saint-François-Xavier à Kahnawake. — (Kateri 1995.09-E185p01-09 ; 1995.09-F142p01-09).
« The present church was built in 1845 after the demolishing of the 1717 building. Kateri's relics are preserved in the Kateri Room connecting the church and the presbytery. The latter was erected in 1718; in 1725 were added the walls of Fort St. Louis, quite apparent in this photo. Note the circular powder-magazine near the house, now the smallest museum in Canada [Kateri 1957.12-EV10N01, p. 05]. »
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Objets du musée: reliques, sculpture, pupitre de Charlevoix, wampum. — (Kateri 1960.03-EV12N02p18-19 ; 1960.06-F005p18-19).
The relics of Tekakwitha. — (Kateri 1953.03-EV05N02p02). |
Coffre contenant les restes de Tekakwithaka, recouvert de soie couleur crème. — (Kateri 1953.03-EV05N02p06). |
The relics of Tekakwitha avec une reproduction de l'oeuvre de Nealis sous le couvercle, Musée Kahnawake, photo David Bier. — (Kateri 1949.12-EV02N01p08). |
Kateri's Relics. — (Kateri 1960.12-EV13N01p15). |
LM 1972.09 — (p7) L'évêque auxiliaire de Montréal, André Chimicella, a contribué à l'embellissement du futur tombeau de Tekakwitha à Caughnawaga, qui sera désormais en marbre de Carrare dans un oratoire à l'église, protégeant ainsi la moitié de ses ossements, l'autre partie ayant été détruite dans l'incendie de l'église de Saint-Régis.
LM 1973.03 — (p1 et photo p5) La température hivernale a empêché les représentants de la Tekakwitha League d'assister, le 17 décembre 1972, à la translation des reliques de Tekakwitha dans son nouveau tombeau en marbre à Caughnawaga.
Édouard Piché architecte, Translation des reliques dans un nouveau tombeau. — (Kateri 1973.03-E095p18-19 ; 1973.03-F052p12-29 ; 1984.09-E141p27 ; 1984.09-F098p29 ; 2000.06-E204p07 ; 2000.06-F161p07).
Médard Bourgault, Tekakwitha, avant 1967, bois naturel, Caughnawaga, placée ultérieurement sur le tombeau construit en 1974 par Édouard Piché. — (Kateri 1974.06-E100p18-19 ; 1974.06-F057p18-19 ; 1974.09-E101p13 ; 1974.09-F058p13 ; 1979.06-E120p28-31 ; 1979.06-F077p30-33).
LM 1974.03 — (p3) Kaiatarnoron, "lady of quality", nouveau surnom de Tekakwitha gravé sur sa nouvelle tombe à Caughnawaga, appellation choisie par Henri Béchard et son comité.
1975.06 Ron Guidone, Présentoir en forme d'oeuf s'ouvrant sur une figurine de Kateri de huit pouces sur de la terre provenant d'Auriesville, de Fonda et de Caughnawaga, cadeau offert par M. et Mme Raymond W. Sheuerman à la Mission Saint-François-Xavier de Caughnawaga, photos Armour Landry. Un des cadeaux offerts au pape Jean-Paul II lors de sa visite à Des Moines Iowa le 4 octobre 1979, statuette sculptée de Kateri Tekakwitha dans un oeuf d'oie à deux jaunes peint en poudre de perle et recouvert de strass, de passements d'or et de menues pièces doublées d'or, oeuvre de Ron Guidone, paroisse Saint-Jean-l'Evangéliste, Rochester NY. — (KC KA U01 egg, photo couleur d'une autre version non identifiée) ; (Kateri 1975.06-E104p18-21 ; 1975.06-F061p18-21 ; 1980.03-E123p12 ; 1980.03-F080p12 ; 1989.03-E159p33 ; 1989.03-F116p33 ; 2013.09-E252p00.1 ; 2013.09-F209p00.1 ; 2017.12-E267p34 ; 2017.12-F224p34). |
LM 1976.03 — (p8) The tomb of the Venerable Kateri Tekakwitha situated in the Mission Church of St. Francis Xavier, Caughnawaga, Canada, is the gift of the Daughters of Isabella and of Mr. Joseph O'Brien of Pepper Pike, Ohio. The statue of Kateri, the work of woodcarver Medard Bourgault, is a gift of Father Henri Bechard, Vice-postulator for Canada.
1977.09 Anonyme, Lot de médailles de Kateri Tekakwitha, avers d'après Nealis, revers église de Caughnawaga. — (Kateri 1977.09-E113p26 ; 1977.09-F070p26). |
• Léo Arbour de la Pointe-du-Lac partiellement inspiré de Nealis, Kateri, 1982, sculpture en noyer tendre, don de l'abbé Albert Desjarlais de Trois-Rivières, remplace celle de Médard Bourgault au tombeau de Tekakwitha à Kahnawake. • Anonyme, Kateri Shrine Kahnawake, bannière sur les photos à compter de 2005, figurant Tekakwitha intégrée à la croix supportant un oiseau noir et enracinée sur une tortue d'où sortent des lys. — (KC AKR P008-2 et P063, photos Paul Hamel s.j.) ; (Kateri 1982.03-E131p09 ; 1990.12-E166p27 ; 1990.12-F123p27 ; 1992.09-E173p08 ; 1992.09-F130p08 ; 1995.09-E185p12 ; 1995.09-F142p12 ; 2005.06-E224p06 ; 2005.06-F181p06 ; 2006.06-E228p05 ; 2006.06-F185p05 ; 2006.09-E229p16 ; 2006.09-F186p16 ; 2018.12-E270p04 et p06).
Anonyme, Kateri Shrine Kahnawake, bannière sur les photos de la sculpture de Léo Arbour au tombeau de Tekakwitha à Kahnawake, à compter de 2005, figurant Tekakwitha intégrée à la croix supportant un oiseau noir et enracinée sur une tortue d'où sortent des lys. — (KC AKR P008-2 et P063, photos Paul Hamel s.j.) ; (2005.06-E224p06 ; 2005.06-F181p06 ; 2006.06-E228p05 ; 2006.06-F185p05 ; 2016.03-E262p00.1 et p30 ; 2016.03-F219p00.1 et p30). |
LM 1983.03 — (p4) NOTES FROM THE BARK by father mcbride • Writes Fr. Bechard, Canadian Vice Postulator: "You will be interested in learning that the Indian Band Council at Kahnawake has officially named the Mission Church (Where Kateri's tomb is.) ‘Shrine of Blessed Kateri Tekakwitha,' with the approval of Bishop Hubert. Fr. Lajoie (pastor) has decided to build a motel of forty rooms including a Kateri Center for my eventual successor. "Full speed ahead - a grand idea!
LM 1986.03 — (p7) Third Annual Blessed Kateri Pilgrimage, July 12 -13 The pilgrimage includes: National Kateri Center and Chapel, Kateri's birthplace, Auriesville, N.Y.; National Kateri Shrine. site of her baptism, Fonda, N.Y.; St. Francis Xavier Mission Church, site of her tomb; Mass; luncheon with parishioners; Chief Poking Fire's Indian Village and Dancers Kahnawake, Canada. New Features include: North American Traveling College museum and village Cornwall, Canada; St. Regis Mission Church, Mass, St. Regis Indian Reservation, Hogansburg N.Y.; Notre Dame Church, Montreal, Canada.
PHOTO NEXT TO THE LAST STOP is at Kateri's tomb, Kahnawake, Canada. Kaiatanoron means Lady of Quality used by the Mohawks to describe one close to God such as a saint.
Arnold Boyer partiellement inspiré par Steele, 2004, vitrail. « Cette verrière qui représente la Bse Kateri est une des rénovations exécutées par le nouveau curé de Kahnawaké, le Père Alvaro Salazar. Les pélerins qui visiteront le Sanctuaire cet été y verront plusieurs autres innovations. » — (KC AKR P062-2 et KA B160) ; (Kateri 2004.09-E221p17 ; 2004.09-F178p17 ; 2005.06-E224p06 ; 2005.06-F181p06). |
Léo Arbour, Tekakwitha, sculpture au-dessus du tombeau près du vitrail d'Arnold Boyer, Kahnawake (KC KA A47). |
Mission of St. Francis Xavier from the air, before the St. Lawrence Seaway, which did away with the lower wall, photo Armour Landry. — (Kateri 1957.06-EV09N03p01 ; 1957.12-EV10N01p05).
Une partie des anciens remparts ceinture toujours le stationnement. L'église de 1845 est reliée à la sacristie (1831-1832), puis au musée (1914), à la résidence des jésuites (1716-1721) et, finalement, à celle des militaires (1847-1854).
TEKAKWITHA. |