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Pierre-Louis MORIN (1811-1886), créateur d'images archéologiques mythiques.
Le dessinateur topographe, arpenteur géomètre, portraitiste, professeur de dessin, architecte et chantre Pierre-Louis Morin (1811-1886), né en France, uvre à Montréal à compter de 1838. Il est chargé de mission en France, en 1842 et 1853-1854, par les autorités gouvernementales pour effectuer des recherches historiques et iconographiques (Karel 1992 et Archives nationales du Québec à Montréal P1000,D356). Sa signature sur le plan ci-dessous atteste qu'il l'a fait lors de son séjour Paris en 1853 et qu'il l'a retravaillé en 1880 au moment où il collabore à la préparation de l'ouvrage de Sulte 1882-1884.
Pierre-Louis Morin (1811-1886) d'après Chaussegros de Léry, PLAN de la VILLE DE MONTREAL EN CANADA a 45d 55m de Latitude Septentrionale 1717, 1853 et 1880, gravure, signé en bas au centre « Vrai copie du Plan de la ville de Montréal en Canada, Nlle France, dans l'Amérique septentrionale par Chaussegros de Lery en 1717 deposé aux Archives de la marine et des colonies de France Fait a Paris en Janvier 1853. (Signé) Par P.L. Morin Québec 7 Juin 1880. », Sulte 1882-1884, pour la référence voir la table de concordance. Les ANQ-M conservent un exemplaire de cette gravure (P266,S4,P118).
Certainement influencé par l'ouvrage de Sulte 1882-1884, Pierre-Louis Morin publiera peu après un atlas intitulé Le vieux Montréal, 1611-1803 (Morin 1884), qui contient des dessins et plans qui sont toujours utilisés par de nombreux historiens, sévèrement critiqués par les uns, justement apprécié par d'autres (Robert 1994, p. 30-31, et p. 159, note 103 ; voir aussi Lahaise 1980, p. 30-31). Un de ces plans reconstitue justement le Fort de Ville-Marie où vécut Paul Chomedey de Maisonneuve, démontrant sans aucun doute l'intérêt de Pierre-Louis Morin pour ce personnage. En outre, Pierre-Louis Morin a contribué à diffuser le mythe du « Château Maisonneuve » qui, en fait, était plutôt le premier séminaire des sulpiciens (Lahaise 1980). Plusieurs ouvrages récents continuent à utiliser ces dessins sans en faire la critique historique et, pire, sans en citer l'auteur...!
La biographie de Pierre-Louis Morin dans Karel 1992 réfère à ses lithographies diffusées en 1857 des portraits de Cartier, Champlain et Montcalm. Ces uvres connues par un compte rendu journalistique n'ont pas encore été retrouvées. Compte tenu de la collaboration démontrée de Morin à l'ouvrage de Sulte 1882-1884, nous proposons de lui attribuer ces trois portraits non signés, très différents des autres versions connues et étudiées par l'histoire de l'art (Martin 1988).
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Le compte rendu dans Le Canadien en date du 20
août 1858 permettrait de reconnaître à
Morin une certaine paternité relativement à
ces trois images. Nous regrettons pour l'honneur des nôtres de
voir que les éditions faites ne soient pas depuis
longtemps épuisées et que chaque famille
canadienne n'en ait pas encore orné un pan de ses
murailles quand cela touche de si près pourtant
à la fibre nationale la plus vivace. On sait
à quelles démarches M. Morin s'est
voué en France et quels soins il s'est
donné pour arriver à cette précieuse
et intéressante trouvaille qui fait tant d'honneur
à son patriotisme et qui n'a pas laissé que
d'imposer des sacrifices à [sa] bourse.
[...] » Évidemment, ce sont des images d'emprunt, et on
doit conclure à l'intervention d'une troisième
main encore plus anonyme que la sienne dans la
réalisation des lithos à Paris. Mais,
puisqu'il était professeur de dessin et qu'il diffusa
d'autres lithos à la même époque, et
puisqu'à l'époque on le reconnaissait comme
l'auteur de ces trois effigies, je trouve parfaitement
raisonnable que l'on veuille les lui attribuer
aujourd'hui.
« [...] C'est ainsi que
nous lui [M. P.-L. Morin] devons ces deux
précieux portraits qui nous restent de l'immortel
Champlain, ce glorieux fondateur de Québec, et de
l'infortuné Montcalm, son noble et
généreux défenseur, aux jours
mauvais de la défaite.
Le Musée du Nouveau-Brunswick conserve un exemplaire d'une lithographie de Louis-Joseph marquis de Montcalm (feuille 53,5 cm x 40,5, image 32,3 x 24,4, W1122 17160) dont ils identifient l'artiste comme étant Pierre-Louis Morin, le graveur « Imp. Villain, Paris » et la date « 1854 ». Il est donc fort probable que les portraits de Cartier et de Champlain aient eu le même imprimeur à l'époque où Morin effectuait un de ses voyages de recherches à Paris. Il serait pertinent de vérifier la correspondance et les archives de l'historien Étienne-Michel Faillon (1799-1870) chez les sulpiciens de Paris (collaboration de Soeur Nicole Bussières, voir DBC) afin de savoir si Morin avait pris contact avec lui. Faillon portait en effet un grand intérêt pour l'illustration de ses nombreux ouvrages sur la Nouvelle-France (1841, 1843, 1847, 1852a, 1852b, 1853, 1854, 1860, 1865-1866, 1920) pour lesquels il faisait graver des images de grande qualité à Paris. Il est d'ailleurs à la source de plusieurs iconographies des héros de notre histoire (Martin 1988 ; sur Faillon voir aussi Gamon 1877, Desmazures 1879, Desmazures 1882, Cormier 1968).
« Wilson envoie à Sulte un portrait de Champlain. Peut-être pour approbation ? S'agit-il de celui qui apparaît dans le vol. 1 de l'Histoire des Canadiens-Français et que Martin 1988 analyse à fond (collaboration de Patrice Groulx le 20 août 2001) ? »
Ces trois gravures réinterprètent les portraits de ces trois personnages abondamment diffusés au XIXe siècle. Denis Martin a démontré avec brio que les portraits de ces personnages sont des fictions historiques ; mais il n'illustre pas les uvres de Pierre-Louis Morin (Martin 1988). Compte tenu de la collaboration de Morin à l'ouvrage de Sulte, de sa vaste expérience de copie de documents anciens dans les archives françaises sous mandat gouvernemental québécois, de son intérêt pour la reconstitution du Fort de Ville-Marie, où vécut Paul Chomedey de Maisonneuve, et du mythique « Château Maisonneuve », du fait qu'il ait été reconnu pour ses portraits historiques de Cartier, de Champlain et de Montcalm, nous proposons donc de lui attribuer le portrait du fondateur de Montréal qui fut imprimé à New-York chez Photo Electrotype Engraving Company.
« Dans une lettre du secrétaire de Wilson à Sulte du 30 octobre 1882 (Archives de l'Université Laval, fonds Malchelosse), le portrait de Maisonneuve est signalé comme étant "In Electrotype Corp [Corporation] Hands" en même temps que ceux de plusieurs autres personnages : l'honorable Morin, de Vallières, Lotbinière, Pierre Boucher, Colbert, juge Baby, Cauchon, Bourgeoys, Madame Mance, Dauversière, Plessis, en plus de Maisonneuve. L'hypothèse que d'autres gravures aient été faites par cette compagnie se confirme donc (collaboration de Patrice Groulx le 6 août 2001). »
La collaboration de Pierre-Louis Morin à l'ouvrage de Sulte 1882-1884 s'est faite dans son domaine de spécialité pour lequel il avait été envoyé en Europe par les autorités gouvernementales québécoises, soit l'iconographie et la cartographie historiques. Pourrait-on lui attribuer des plans et reconstitutions autres que le seul qu'il a dûment signé, soit la copie du plan de Montréal en 1717 par Chaussegros de Léry tel que reproduit plus haut ?
On doit exclure de ce lot la reproduction en facsimile de Montréal en 1760. Cette vue porte la signature du graveur irlandais Daniel Pomarede (actif 1742-1765) et son style est par trop étranger aux autres uvres connues de Pierre-Louis Morin. Huguenots habitant Dublin, la famille de Pomarede était originaire de Bordeaux. Orfèvre et graveur, Daniel s'était fait une spécialité de la gravure cartographique (Strickland 1913, vol. II, p. 249-250). Une gravure identique a été publiée à Londres dans le Royal Magazine en septembre 1760 par B. Cole, puis republiée en octobre à Londres dans le Grand Magazine par le graveur Bennett et l'imprimeur R. Griffiths (DeVolpi 1963, vol. I, pl. 5-6). |
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Daniel Pomarede, Dublin Irlande (actif 1742-1765), FORTIFICATIONS DE MONTRÉAL, 1760, vers 1760, gravure, Sulte 1882-1884, pour la référence voir la table de concordance. |
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Ce long prériple au sein des illustrations signées publiées dans Sulte 1882-1884 permet aussi de poser des jalons dans l'identification de l'auteur du portrait de Paul Chomedey de Maisonneuve. Le prototype le plus répandu du portrait de Maisonneuve a été publié par Benjamin Sulte en 1882-1884. Une version antérieure en avait cependant été publiée dès 1874 sur un grand tableau illustrant les personnages de l'histoire du Canada (collaboration de Patrice Groulx le 20 août 2001, référence à Martin 1988, p. 15).
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L'attribution à Pierre-Louis Morin permet de rapprocher trois uvres qui ont occupé ses travaux de recherche et de création : le portrait du gouverneur et la reconstitution de son Fort à Ville-Marie, mais aussi le mythique « Château Maisonneuve » qui était, en fait, le premier séminaire des sulpiciens où Maisonneuve a peut-être résidé (et joué du luth ?) avant son départ définitif de Montréal (Lahaise 1980, p. 224-227).
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Toutes ces oeuvres sont de pures créations de l'imagination de l'artiste et n'ont que peu ou prou à voir avec la véracité historique ! Elles ont cependant eu une influence considérable et durable...
Anonyme d'après Pierre-Louis Morin (1811-1886), Résidence 1650, Cette demeure de M. de Chomedy de Maisonneuve fut bâtie en 1650. elle était située près la rue St Paul. sur le terrain ou est constuit le magasin de la Cie Frothingham. Occupée comme premier séminaire de Montreal de 1659 à 1712 par quatre missionnaires, prêtres du séminaire St Sulpice de Paris, elle fut rasée en 1850, vers 1894, reproduction d'un lavis tirée de Souvenir Maisonneuve 1894, p. 11. |
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Et à ce titre l'oeuvre de cet artiste devrait faire l'objet d'une étude approfondie. Le fonds Pierre-Louis Morin conservé aux Archives nationales du Canada (R6391-0-9-F) serait certainement utile, car il contient des dessins originaux, des notes et de la correspondance, incluant une lettre de Benjamin Sulte (1883) au sujet des erreurs relevées chez l'abbé Cyprien Tanguay et « des falsificateurs » de l'histoire du Canada...
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Artiste |
Fauteux Signature |
Titre normalisé |
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Anonyme, peut-être Pierre-Louis Morin (1811-1886), daprès Gédéon de Catalogne. |
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Berthier Maskinongé Île Dupas 1709, carte cadastrale |
Anonyme, peut-être Pierre-Louis Morin (1811-1886), daprès Samuel de Champlain |
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Québec, Abitation 1608 |
Morin, Pierre-Louis (1811-1886) attribué à, daprès Jean-Baptiste Franquelin. |
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Québec, Fort Saint-Louis 1683 |
Morin, Pierre-Louis (1811-1886) attribué à, daprès loriginal probablement gravé par Imp. Villain, Paris, en 1854. |
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Cartier, Jacques (1491-1557) |
Morin, Pierre-Louis (1811-1886) attribué à, daprès loriginal probablement gravé par Imp. Villain, Paris, en 1854. |
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Champlain, Samuel de (vers 1570-1635) |
Morin, Pierre-Louis (1811-1886) attribué à, gravé par Photo Electrotype Engraving Company New-York. |
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Chomedey de Maisonneuve, Paul (1612-1676) |
Morin, Pierre-Louis (1811-1886), daprès Chaussegros de Léry, janvier 1858 et 7 juin 1880. |
Vrai copie du Plan de la ville de Montréal en Canada, Nlle France, dans l'Amérique septentrionale par Chaussegros de Lery en 1717 deposé aux Archives de la marine et des colonies de France Fait a Paris en Janvier 1858. (Signé) Par P.L. Morin Québec 7 Juin 1880. |
Montréal 1717 |
Morin, Pierre-Louis (1811-1886), daprès loriginal gravé à Paris en 1853. |
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Limoëlou Manoir de Jacques Cartier à Rothéneuf |
Morin, Pierre-Louis (1811-1886), daprès loriginal gravé par Imp. Villain, Paris, en 1854. |
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Montcalm, Louis Joseph marquis de (1712-1759) |