Les sources iconographiques
des portraits fictifs du père jésuite Jacques Marquette |
1882 Eugène-Étienne Taché
Merci à la collaboration de Gaston Deschênes, Alain Gariépy et Marise Falardeau.
Eugène-Étienne Taché (1836-1912), Édifices publics de la Province de Québec, Parlement, Élévation du campanile, plan, 1882, 2,43 x 1,89 m, BANQ. Photo : collection Assemblée nationale du Québec, photographe Francesco Bellomo, 07-076FB_p152.tif.
Ci-dessus à gauche : plan entier.
Ci-dessus au centre : détail de la tour centrale sur laquelle Brébeuf et Marquette figurent au quatrième palier, sous la section du haut dédiée à Jacques Cartier.
Ci-dessus à droite : détail de Marquette.
À droite : détail de Brébeuf et Marquette.
Eugène-Étienne Taché a conçu les plans du Parlement du Québec, aussi appelé Palais législatif, Hôtel du Parlement, Assemblée nationale.
Sa façade, représentée sur ce plan de 1882, a été construite de 1883 à 1886, venant compléter les trois autres ailes, destinées aux ministères, construites en 1877-1880.
« Le programme adopté par le gouvernement est en fait celui qui avait été mis au point par Eugène Taché en avril 1883 [...] : les grandes personnalités de notre histoire (Cartier, Maisonneuve, Champlain), les membres influents du clergé (Laval, Brébeuf, Marquette, Olier), les grands capitaines (Frontenac, Wolfe, Lévis, Montcalm). » Noppen 1986, p. 7 et 66.
La représentation de Marquette par Taché est tributaire de 1869 Lamprecht par le bras gauche pointant, la chevelure et la barbe courte, la croix à la ceinture. Peu de portraits étaient alors disponibles (voir Dates). La croix, à la ceinture ainsi que sur le manche de la rame, et la rame, réfèrent donc au Marquette missionnaire et explorateur.
La représentation sur ce plan diffère beaucoup d'une autre esquisse de Taché sur laquelle on distingue plusieurs repentirs. La tête, fortement inclinée, semble y avoir été rapportée : elle regarde vers le ciel, indiquant ainsi un côté mystique. Plusieurs détails de la représentation y diffèrent dans le visage, le vêtement, l'absence de la croix et la position de la rame.
Les jambes sont fortement écartées, comme pour monter en canot, geste qui sera conservé dans la mise en place faite par 1910 Laliberté, mais également utilisé par 1896 Anonyme et 2005 Knepper. Ce projet de bronze devra patienter près de trois décennies avant d'être réalisé par Laliberté en 1910.
Eugène Taché, Esquisse pour le bronze du père Marquette, BANQ. Photo : Francesco Bellomo, obtenue grâce à la collaboration de Gaston Deschênes.
Photo : détail du plan reproduit ci-dessus.
Notons l'acuité d'esprit de Taché qui se joue des images et des concepts. Il fait suivre l'horloge, marquant le temps en haut de son « campanile » au-dessus de Jacques Cartier, du mot FUGIT, afin de recomposer, en un rébus latiniste, la fameuse locution TEMPUS FUGIT. La fumée des deux candélabres, qui flanquent cette horloge, vient encore renforcer cette expression d'évanescence.
Dans la même continuité d'esprit, à l'étage en-dessous de Brébeuf et Marquette, il inscrit la devise Je me souviens, dont il est l'inventeur, sous l'écu avec des armoiries, juste en-dessous des deux combattants des Plaines d'Abraham morts au combat lors de leur affrontement le 13 septembre 1759 : Wolfe et Montcalm. Cette devise figure toujours, taillée dans la pierre, au-dessus de la porte d'entrée.
Photo : détail du plan reproduit ci-dessus.
La niche prévue pour Marquette par Taché est maintenant occupée par Nicolas Viel (Noppen 1986, p. 152). Le bronze de Marquette par 1910 Laliberté a été installé sur un socle accolé au mur au niveau du sol à côté de celui de Jolliet à gauche sur la photo de la façade ci-dessus. Photo ci-dessus : source inconnue. Il reste cependant une trace décorative taillée dans la pierre au nom de Marquette, entre deux fenêtres, tel que planifié par Taché. Photo à droite : Collection Assemblée nationale du Québec. |
Photo : collaboration de Gaston Deschênes, Francesco Bellomo photographiant le plan reproduit ci-dessus.