web Robert DEROME
Les sources iconographiques
des portraits fictifs du père jésuite Jacques Marquette


1937 Jean Topin

Photos : collaboration de Christian Carette.

Au moment de l'inauguration de ce monument à Laon, paraît l'ouvrage de Westercamp 1937 illustré d'une reprise de la gravure de 1903 Massé, ainsi que d'une photo à son ancien emplacement, près de la porte de Soissons, et qui a été déménagé non pas Place du Père Marquette, mais à quelques pas, au Square Marquette donnant sur la rue Frankin Roosevelt (source).

Photo : source.

Photo : source qui réfère à Plouvier 1996.

Les photographies, ci-dessus, permettent de localiser l'emplacement de l'ancien monument à la Porte de Soissons. Photo de gauche : à gauche du monument, au-dessus des maisons, on aperçoit le sommet des clochers de l'église Saint-Martin ; à droite du monument et des toits des maisons, on aperçoit le mur du Lycée. Photo de droite : on voit l'escalier donnant accès à la Place Robert Aumont. Le repérage par Google Maps, juste au-dessus de cet escalier, permet de voir la pointe des clochers, au-dessus des maisons, et le mur du Lycée, ainsi que l'escalier descendant vers le parc où se trouvait le monument.

Le site de l'ancien emplaclement du monument à la Porte de Soissons.
Photos : collaboration de Christian Carette.

Le diagramme de gauche localise l'ancien emplacement à la Porte de Soissons.
Celui de droite donne le nouvel emplacement au Square Marquette.

 

Carte postale, Collection André Sinet, Laon. Collaboration de Christian Carette.

 

L'inauguration du monument au Père Marquette, à Laon.
L'Illustration, 19 juin 1937 (n° 4920), p. 258 et p. 1. Tiré de Béland 2006.

Le président de la Société académique de Laon [M. Charles Westercamp]
verse sur le monument de l'eau du Mississippi envoyée par la Marquette University de Milwaukee.
Photo du détail à droite : collaboration de Christian Carette .

Jean Topin 1937 / 2004. Bronze relief depicting father Marquette and some Indians in a canoe. « J. Topin 1937 ». « f. barbedienne fondeur paris ». Laon, Aisne, Picardie, Rue Méchain (Square du Père Marquette). Originally, the relief was part of a larger monument. In 2004 the relief is placed on the present location. Source.

Après restauration en 2020 (Collaboration Christian Carette).

Couvrez ce saint que je ne saurais voir ou les voyages posthumes du Père Marquette à Laon.

Collaboration de Christian Carette, texte et photos, journal L'Union, Laon, 10 août 2023, p. 7.

Je vous avais signalé en son temps (2020) que la statue du père Marquette avait été restaurée, fort bien d'ailleurs et on avait souhaité que, dans le petit square qui lui fut alors consacré, le célèbre missionnaire soit présenté, le regard tourné vers l'immensité éolienne qui cerne le plateau, prémisse de la sauvage Amérique qu'il allait évangéliser. Malheureusement nos édiles d'alors, saisis de l'ivresse des grands espaces, n'avaient pas pris conscience que placé ainsi, le diable se loge dans les détails, la statue qui n'en est d'ailleurs pas tout à fait une, était parfaitement invisible de la rue, un mur cachant l'auguste missionnaire à la vue du passant. « Personne n'y avait pensé alors » nous assure-t-on sans rire. Certains pourtant s’alarmèrent de cette grotesque bévue et cela fit quelque bruit dans le Landerneau. Mais bientôt miracle, une obscure clarté inondant soudain l’âme candide de nos élus, la décision fut prise de déplacer à nouveau Marquette, un grand voyageur décidément, pour qu'enfin on puisse le regarder de face dans sa ville natale, moyennant néanmoins, broutille, quelques 20 000 euros supplémentaires, pour voir. Mais ne nous réjouissons pas trop vite, l'imagination... Mais ne nous réjouissons pas trop vite, l'imagination de nos administrateurs étant sans limite, on pourrait encore, tel Guillaume de Harcigny un autre célèbre Laonnois, le voir déposé en gisant, ou bien les pieds en l'air ou encore cloué nu aux poteaux de couleurs, des Peaux-Rouges criards l'ayant prit pour cible. Mais restons optimistes, grâce à Dieu, dans la ville du Père Marquette, le pire n'est pas toujours sûr. Souhaitons en tout cas que cette visibilité nouvelle donne l'envie aux Laonnois de consulter votre site pour connaître la vérité vraie sur ce pauvre Marquette, célèbre héros fictif des Amériques, aujourd'hui encore tellement méconnu et maltraité en son pays natal.

Fiat lux ! Photo collaboration Christian Carette, 17 octobre 2023.


Collaboration et photos de Christian Carette.

Admettez qu'il y des généalogies entre les représentations tout à fait claires. Ainsi, par exemple, la statue de Laon qui date de 1937 est directement inspirée du portrait découvert par McNab.

J'ignore si Topin connaissait cette œuvre de 1925 Williams. Le style est en effet semblable, hors le fait non négligeable que Jolliet est remplacé par Marquette, en impeccable clergyman, et les trappeurs musclés par des Indiens emplumés...

« Anne Khoury m'apprit récemment qu’elle connaissait celui qui posa pour la statue de Topin. Il s’agit d’André Leroy (juge d'instruction, secrétaire général de la société académique "Les Picards de l'Aisne à Paris") dont le nom apparaît en effet dans le comité de soutien à la statue et dont la photo ci-dessus, devant la création de Topin, lui a été transmise par son fils Francis [collaboration Christian Carette, 14 juin 2023]. »

« Mon père, André Leroy, s'est donné beaucoup de mal pour faire connaître la Picardie. Il a été aussi le sauveur (campagne de presse et rencontre avec des politiciens) du très beau portail à droite de la façade de l'Hôtel-Dieu (photo à gauche tirée de Wikipedia) qui devait être détruit lors des transformations de 1930, aujourd'hui la Maison des Arts et Loisirs. Quant aux "Picards de l'Aisne à Paris", c'est sa création et il en était le principal animateur (conférences, visites en car, banquets, grands bals avec jazz band etc.). Il a aussi collaboré au livre Le Laonnois pittoresque, ainsi que ma mère pour des dessins [collaboration Francis Leroy, 1-3 juillet 2023]. »

Le caractère laïc de la représentation de Topin, ainsi que le visage de Marquette, ne sont pas sans évoquer la force et le dépouillement stylistique de l'oeuvre de son prédécesseur 1925 Williams qui, utilisant la même technique du bas-relief, présentait Marquette assis dans un canot avec une absence étonnante de références visuelles religieuses. Les modelés de Topin sont cependant plus épurés et minimalistes que les formes sensuelles, très art déco, de Williams ; mais le nez busqué y est toujours présent.

Depuis la Renaissance et surtout dans l'art académique moderne issu des très répandues pratiques d'ateliers depuis le XIXe siècle, il n'est pas étonnant qu'un artiste utilise plusieurs sources qu'il modifie et amalgame, surtout lorsqu'il s'agit de recréer un portrait fictif, tout en flattant ceux qui contribuent à l'installation publique de son oeuvre !

Ces textes de Westercamp permettent de retracer les réflexions du comité de Laon dans les choix qu'ils ont fait eu égard aux sources alors connues des portraits de Marquette...

Collaboration de Christian Carette.

Ceci dit, une question se pose touchant les traits de la physionomie de Marquette que le bronze va fixer.

Lorsque l'état de Wisconsin, pour répondre au vote du Congrès des Etats-Unis de 1864, invitant chaque état à envoyer au capitole de Washington, la statue de deux hommes ayant le plus contribué à sa gloire, porta son choix sur Marquette, un concours fut ouvert à Maddison et ce fut le projet du sculpteur florentin Gaëtano Trentanove [1896 Trentanove] qui fut adopté, à la grande majorité des voix.

Mais on ne possédait aucun portait de Marquette et l'on proposa au sculpteur de s'inspirer de celui de l'explorateur Charlevoix de Saint-Quentin [c'est en fait le portrait de Le Jeune]. C'est ce que fit Trentanove, qui sut à merveille donner à la figure de l'illustre missionnaire, cet expression et ce regard où se lisent l'espoir, la confiance, le courage de l'explorateur heureux, en même temps que la piété et la foi du serviteur de Dieu.

Il n'eut à mon sens qu'un tort, celui de le représenter avec une barbe trop bien taillée.

Quand la ville de Marquette décida à son tour de lui ériger une statue, l'avis unanime fut de reproduire aussi exactement que possible l'oeuvre de Trentanove.

Et le bronze représenta à nouveau Marquette avec cette barbe trop bien taillée ; de même lorsque la ville de Chicago lui éleva une statue.

On doit sans doute admettre qu'au cours de ses missions, Marquette ne devait pas avoir tous les jours le loisir de se raser. Mais si les circonstances l'obligèrent à laisser pousser sa barbe, cette barbe ne devait certainement pas être sussi soignée que celle dont le sculpteur a orné son visage.

Aussi bien, les dessinateurs qui dans l'ouvrage d'Alfred Hamy, ont donné plusieurs croquis de Marquette le montrant descendant en canot un rapide, prêchant aux Illinois ou portant du bagage entre deux rapides trop bouillonnants, l'ont-ils représenté sans barbe ; ainsi encore sur la composition moderne figurant sa mort, le voit-on complètement rasé, comme du reste sur celle qui servit en 1898, pour faire un timbre-poste.

Au surplus, le portrait découvert au début du siècle à Montréal, et portant par derrière le nom de Marquette, gravé en creux et une signature datée : R. Roos, 1669, est-il celui d'un homme rasé [1896 McNab] (f - Ce portrait est resté à Montréal. Nous n'en possédons qu'une copie due à la plume de Massé, faite d'après une photographie du tableau. « Sans vouloir se prononcer, écrit Alfred Hamy, sur la ressemblance de l'image avec l'original, plusieurs raisons plaident en faveur de son authenticité. En examinant la coupe de figure de plusieurs portraits de famille, la bouche, le menton et le nez, on ne peut s'empêcher d'y voir une assez grande analogie. La remarque est la même quand on examine tel ou tel des arriêres-petits-neveux de Marquette qui ne portent pas ce nom et c'est chez eux que, selon les lois de l'atavisme, on peut le mieux s'attendre à retrouver le type premier »). [voir Analyse critique...]

Et maintenant, que décidera le Comité ? Décidera-t-il de représenter Marquette avec une barbe, comme sur les statues de Washington de Marquette et de Chicago, et plus récemment du Pavillon du Groupe des Etudiants Catholiques de Nancy, ou sans barbe comme sur le portrait de Montréal ?

Les deux avis se défendent.

Source : Westercamp 1937, p. 29-30.

Voir également cet intéressant article de Westercamp : « La statue sans modèle », Les Tablettes de l’Aisne, le 19 août 1931.

 

« Il faut tout de même attendre mars 1936 pour voir se constituer un comité pour l’érection à Laon d’une statue du père Marquette. » Thierry 2007 (web).

Le monument actuel (1937 Topin) a été coulé en bronze par « f. barbedienne fondeur paris », selon l'inscription telle que rapportée plus haut. En 1839, Ferdinand Barbedienne (1810-1892) fonda la maison où il fit reproduire en bronze la plupart des statues des musées d’Europe. Son neveu et successeur, Gustave Leblanc-Barbedienne (1849-1945), développa la fonderie de grosses pièces, tant pour les bronzes monumentaux que pour les reproductions. La Maison Leblanc-Barbedienne et Cie fut active de 1892 à 1955. Sources : Archives nationales et Wikipedia.

Collaboration de Christian Carette.

Cette maquette de statue, en ronde-bosse, est sans doute celle projetée initialement par le comité qui a du en rabattre parce qu’il n'ont recueilli que la moitié de l'argent nécessaire. Le monument de la porte de Soissons sera démantelé à l'instigation des autorités d'occupation, en décembre 1941, et les 200 kg de bronze seront alors fondus au profit de l'effort de guerre allemand.

Au lendemain du conflit, la Maison Leblanc-Barbedienne reproduit à l'identique, dans le cadre de la réparation des dommages de guerre, la statue de Topin qui sera inaugurée, le 4 septembre 1949, lors de la cérémonie de remise de la seconde croix de guerre à la ville de Laon par le ministre de la Défense Paul Ramadier.

La municipalité et le Comité Marquette, alors très actif, soutient la remontée du Mississippi en canot, dans les traces du jésuite, par quatre jeunes scouts parisiens qui déposeront dans plusieurs villes américaines des plaques de bronze à la mémoire du Laonnois.

Le 18 mai 1950, la ville célèbre le 275e anniversaire de la mort de Marquette, dans « la pompe et la solennité ». En 1952, l'armée américaine ayant établit une base aérienne à Couvron, près de Laon, baptisera naturellement, en 1956, son G.R.H. (Group Residential Housing) : Cité Marquette-sous Laon. Cette période faste de l'amitié franco-américaine (et donc de Marquette à Laon), prendra fin lors de la rupture avec l'OTAN en 1967.

Peut-être pas sans lien avec ces événements, la statue de la porte de Soissons sera peu à peu livrée à l’abandon et deviendra bientôt la cible de toutes les vexations lycéennes, avant d’être sauvée in extremis, en 2004, grâce aux efforts de l'Association Marquette-Jolliet et de sa présidente Françoise Macadré qui veillera à ce qu'on n'oublie pas, une nouvelle fois, le célèbre jésuite dans sa ville natale, en l'installant en un lieu où il est bien mieux mis en valeur.

1936 Jean Topin maquette en ronde-bosse

Comité pour l'Erection d'une Statue au Père Marquette, 1936.
Jean Topin, statuaire, Maquette du Monument projeté, 1936.
AJC, Q0001, D221.

Extraits du journal  : La Dépêche de l'Aisne.

Collaboration de Christian Carette.

Avec pompe et solennité, Laon célèbre dans l'union le souvenir du père Marquette, pionnier de l'amitié franco-canadienne et américaine.

La cérémonie en l'honneur du père Marquette (suite de la première page).

Devant la stèle restaurée du père Marquette, qui s'érige près de la porte de Soissons, M. Hudeley, préfet de l'Aisne, exalte les liens d'amitié qui unissent l'ancien et le nouveau Monde.

Sur les traces du père Marquette, quatre jeunes scouts vont remonter en canoë le Saint-Laurent et le Mississippi. Ils déposeront une plaque frappée aux armes de Laon à Québec, Détroit, Marquette et Chicago. Voir Andrieu 1954 (web) et Raspail 2005 (web).

Reproduction, d'origine inconnue, de l'une des quatre plaques liées à Laon lors de l'expédition des scouts. D'après earlychicago.com, elle aurait orné le pilier nord-est du Lake Shore Drive bridge sur la rivièvre Chicago.

La célébration de l'anniversaire de la libération de la ville de Laon, dimanche 4 septembre.

Dimanche 5 [le 4 ?] septembre 1949 —
Deux événements inoubliables, l'hommage au révérend père Marquette, la remise de la croix de guerre, ont marqué le 5e anniversaire de la libération de notre cité.

Le discours prononcé par monsieur Levindrey à l'inauguration du monument du père Marquette.

Au conseil municipal, réunion du 15 juillet 1949 — M. le maire de Québec remercie la Ville de Laon de la plaque offerte à la mémoire du père Marquette.


Extrait réédité de Thierry 2007 (web) avec ajouts de photos.

Jean Topin ne s’inspire pas directement des plaques de bronze déjà existantes, comme celles de la façade du Marquette Building de Chicago inauguré en 1894 [1895 MacNeil], du piédestal de la statue de la ville de Marquette datant de 1897 [1897 Trentanove] ou du monument qui se trouve dans la Damen Avenue de Chicago depuis 1930 [1930 Seidel]. Son œuvre ne représente pas le jésuite dans un canot aux côtés de Jolliet ou prêchant devant des Illinois. On y trouve bien une embarcation amérindienne en arrière-plan, mais seuls sont à son bord deux Indiens de western avec leur pagne et leurs plumes retenues par un bandeau. L’un pagaye, tandis que l’autre scrute l’horizon, la main au-dessus des yeux pour éviter le soleil. Le père Marquette figure au premier plan en grandeur nature. Chauve et imberbe comme sur le portrait retrouvé à Montréal, il est de profil et regarde dans la même direction que le guide amérindien. Il tient une carte dans la main gauche et dans l’autre un crayon.

L’artiste n’a pas représenté le missionnaire, mais l’explorateur-cartographe. Le crucifix n’est pas brandi : il est à la ceinture du père Marquette, comme sur les statues de Trentanove qui sont à Washington [1896 Trentanove], Marquette [1897 Trentanove] et Mackinac Island [1909 Trentanove]. Pour ne pas envenimer la polémique suscitée par l’entrée d’une représentation de jésuite dans le Musée du Capitole, l’artiste italien a dû veiller à ce détail. Il en est de même pour Topin qui doit honorer un membre de la Compagnie de Jésus dans une ville où l’anticléricalisme existe encore. Cependant, alors que Trentanove a pu représenter un chapelet également à la ceinture du père Marquette, cet élément est absent du monument de Laon. Sur celui-ci, les signes religieux sont réduits au strict minimum.

Photo : collaboration de Christian Carette.

Le bas-relief est placé en haut de cinq marches, entre deux piliers similaires. L’emplacement choisi est un square situé à proximité de la porte de Soissons, à l’entrée de la haute ville de Laon. En guise de socle a été placée une autre plaque de bronze portant l’inscription suivante, qui se termine par une parole prononcée par un vieil habitant d’un village Peoria du bord du Mississippi à l’arrivée du père Marquette en 1673 [Thwaites 1896-1901, vol. 59, p. 116. Voir aussi la légende de Hiawatha.] :

A
JACQUES MARQUETTE
GRAND MISSIONNAIRE PIONNIER DE LA CIVILISATION
NE A LAON LE 1 JUIN 1637 MORT AU CANADA LE 18 MAI 1675
SES COMPATRIOTES   —    SES ADMIRATEURS
« QUE LE SOLEIL EST BEAU, FRANÇAIS,
QUAND TU NOUS VIENS VISITER »
HIAWATHA


Photo : collaboration de Christian Carette.

Photo : source qui réfère à Plouvier 1996.

À gauche, depuis la rue Frankin Roosevelt. À droite, depuis les remparts. Photos : collaboration d'Éric Thierry.

L’inauguration a lieu le 13 juin 1937. L’eau provenant du Mississippi est répandue sur le monument, tandis que la pépite et le sable venus eux aussi des États-Unis sont placés derrière la principale plaque de bronze. Puis, l’intérêt pour le père Marquette persiste. Le monument de Laon survit même à l’occupation allemande de la Seconde Guerre mondiale. Libérés par les troupes américaines, les Laonnois acceptent volontiers l’installation d’une base de l’US Air Force dans les environs de leur ville, à Couvron, en 1951. La même année, une copie en bronze de l’œuvre de Jean Topin est expédiée à Utica, dans l’Illinois, pour un monument sur lequel figurent aussi les armes de la ville de Laon [1951 Topin]. Enfin, en 1956, le nom du père Marquette est donné à une cité résidentielle laonnoise destinée à héberger deux cents familles d’aviateurs américains de Couvron.

En 1967, la France du général de Gaulle n’acceptant plus sur son sol la présence de troupes américaines, la base de l’OTAN cesse d’exister et les liens entre Laon et les États-Unis commencent à s’effilocher. Le souvenir du père Marquette est ravivé, dans sa ville natale, en 1973 et 1985 par des expositions à la bibliothèque municipale, et en 1992 par la publication d’un ouvrage écrit par le Laonnois Yves-Marie Lucot [Lucot 1992], mais le monument de 1937 est laissé à l’abandon. Ce n’est qu’en 2004 que la municipalité décide de l’éloigner des élèves des établissements scolaires voisins, qui le couvrent de graffitis, et de le transférer dans un nouveau square situé près de l’hôtel de ville. Malheureusement, seules les deux grandes plaques de bronze sont conservées et, plutôt que de reconstruire les piliers qui les encadraient, on préfère les placer contre une habitation qui borde un des petits côtés du square, les rendant peu visibles à partir de la rue.

Plaque trilingue posée à proximité du monument Marquette de Laon en 2004. Photo : source.

 

On ne connaît que peu de choses sur Jean Topin. Il est originaire de Vorges, près de Laon, et ancien élève de la villa Medicis à Rome (Inventaire Picardie). Également « ancien élève de l'Ecole des Beaux-Arts, statuaire, 13, villa du square Montsouris Paris-XIVe et à Urcel [collaboration : Christian Carette, tiré du Bulletin de la Société Académique de Laon]. » Urcel est un petit village près de Laon.

Cette carte postale ancienne montre, dans son environnement d'origine, le Christ qu'il a dessiné pour la croix qui fut réalisée par l'entrepreneur Bardin et édifiée le 14 septembre 1924, grâce à une souscription publique, à Chavignon près d'Urcel (Inventaire Picardie).

Photos : Inventaire Picardie.

Mais, le temps faisant son oeuvre, la croix tomba en décrépitude
et l'environnement ancestral a été bousculé par la construction de la N2
qui a détruit le chemin d'origine montré sur la carte postale ancienne.

Pour vous y rendre, vous pourrez utiliser ces coordonnées Google Maps
d'où ont été extraites les photos ci-dessus.

Heureusement, ces travaux on permis de restaurer la splendeur de l'oeuvre...

Photo : source.

Jean Topin, Saint Crépin, 1935, petite nature, Soissons, Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais, place Cardinal-Binet. Informations et photos : Inventaire Picardie.

Son saint Crépin, daté de 1935, présente un style simple et dépouillé, mais avec une belle intensité de présence.

Il y a marqué au dos que ça vient de l'agence TRAMPUS, célèbre dans l'entre deux guerres à Paris, et la date 10/6/37. Photo : collaboration et collection Christian Carette.

Une rare photographie montre Jean Topin avec son modèle pour le relief de Marquette, pour Laon, dans son atelier en 1937.

 


1951 Jean Topin (copie de 1937)

« Marquette Sculpture - 1951 · in front of St. Mary`s Church at Division and Johnson streets in Utica, IL; noted and photographed by Alan Gornik, 2006. Inscription at the base of sculpture: "PÈRE MARQUETTE Born at Laon France June 1 1637 · He died near Ludington Michigan May 18 1675 · Devoted missionary and heroic priest-explorer · He offered the Holy Sacrifice of the Mass near this spot Monday Thursday and Easter Sunday 1675 and established the first Christian mission in the Illinois country · This monument erected under Archbishop Joseph H. Schlarman · Bishop of Peoria · by the contributors of many · was unveiled by His Eminence Samuel Cardinal Stritch · Archbishop of Chicago · Sunday October 14 1951." Inscription on back panel: "October 24 1674 Father Marquette set out from the Mission of St. Francis Xavier at the present De Pere Wisconsin with two voyageurs, Jacques Le Castor and Pierre Porteret, with orders to proceed to the Mission La Conception among the Illinois. · From December 4 1674 to March 30 1675 they wintered on the banks of the Chicago River and reached the Illinois village of the Kaskaskia Indians April 8 1675. · He was received there as an angel from heaven. He visited all the cabins, teaching and instructing the natives. Then he resolved to address all in public. It was a beautiful prairie close to a village which was selected for the great council. The audience was composed of 500 chiefs and elders seated in a circle around the Father and all of the young men, who remained standing. They numbered 1500 men without counting the women and children. · He explained the principal mysteries of our religion and the purpose that brought him to their country. Above all he preached to them Jesus Christ, on the eve of that great day on which He had died upon the cross for them, as well as for the rest of mankind. Then he offered the Holy Sacrifice, the first parish mass in the Illinois country. · On Easter Sunday, all things being prepared as on Thursday, he celebrated the Holy Mysteries for the second time. By these two sacrifices, the first ever offered there to God, he took possession of that land in the name of Jesus Christ and gave to that mission the name of the Immaculate Conception of the Blessed Virgin. · Drawn from Father Claude Dablon in Jesuit Relations and Allied Documents." [Editors` note: Father Marquette`s first travelling companion was Jacques Largillier, not Jacques La Castor.] » Sources : Early Chicago, texte, image.

http://e-monumen.net/patrimoine-monumental/monument-marquette-utica/

 

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