TEKAKWITHA.
Nouveaux regards sur ses portraits.
« Elle approche, elle meut quelque chose en avant. »

   

1990-2000 Sanctifications autochtones nimbées par Giuliani.

John Giuliani (né Giovanni Battista Giuliani 1932-2021) est déjà reconnu comme artiste dès son enfance, lors d'un concours organisé dans son village natal de Greenwich CT, mais également lors de diverses contributions scolaires. Après trois années d'études artistiques au prestigieux Pratt Institute, fondé à New York en 1887, il s'oriente vers une carrière religieuse et est ordonné en 1960. Ce n'est qu'à compter de 1990 qu'il renoue avec ses pratiques picturales. Ses oeuvres connaissent alors un grand succès, tant dans les milieux religieux, muséaux qu'auprès du grand public ; elles sont d'ailleurs couronnées de plusieurs prix et honneurs (web ou pdf qui lui attribue également le statut d'artiste en résidence à l'American Academy in Rome et qui reproduit son portrait ci-contre).

Son portrait de Tekakwitha a été peint entre 1990 et 2000, date où il est publié par Kateri (Kateri 2000.03-E203p12 ; 2000.03-F160p12). Aurait-il été présenté par l'artiste, en personne, au pape (web ou pdf indiquant en 2002 à Benoît XVI qui n'a pourtant été élu qu'en 2005) ? Les paumes des mains de sa figure hiératique en pied, très allongée sur la verticale, se tournent vers l'abondance des lys au sol, symboles de sa pureté. Ses riches vêtements colorés et ses mocassins brodés de perles l'éloignent de la sobriété vestimentaire ethnographique dessinée par Chauchetière au XVIIe siècle ! Couverture bleue, cheveux tressés, petite croix en pendentif au cou sur chemise écru, servent d'écrin contraignant à son visage, collage hyperréaliste quasi photographique d'une véritable femme autochtone actuelle, créant ainsi une tension par une importante rupture de style avec l'ensemble de la composition. La mise en scène sur fond monochrome crée un espace intemporel, issu du monde des icônes, alliant tradition et modernisme, mais différente de celle de Robert Lentz. Bien que n'étant pas encore sanctifiée, sa tête s'entoure d'un nimbe doré à trois cercles rouges concentriques. Cet attribut est également largement conféré par Giuliani à d'autres autochtones dans plusieurs de ses magnifiques oeuvres. Il s'en justifie ainsi.

« Even though I'm not Native American, I have a tremendous amount of respect for the varied indigenous cultures of this land. Their understanding of the world of nature and of God, their emphasis on being caretakers rather than exploiters of the land — all that is wonderfully consonant with the best of Christian thought and tradition. In my work I try to celebrate a union of a common spiritual understanding to show how a single mystery can be approached through diverse cultures [web ou pdf]. »

Cette opinion rejoint celle exprimée à l'Assemblée du Synode des évêques pour l'Amérique afin de ré-examiner les relations de l'église avec les autochtones.

« [...] nos efforts antérieurs [...] ne respectaient pas toujours les cultures et les traditions aborigènes dans leur intégrité [...] il y a des richesses et des valeurs dans les traditions religieuses, éthiques et culturelles des peuples autochtones [Kateri 1998.03-E195p10 et 1998.03-F152p11, voir aussi 2004.06-E220p05 ; 2004.06-F177p05)] »

John Giuliani, Tekakwitha, 1990-2000 (KC KA G103).

Le tapis de fleurs au sol illustré sur la Tekakwitha se retrouve dans un ave maria où, sous un arbre feuillu rappelant ceux du Jardin d'Éden, un ange autochtone ailé portant des espadrilles présente un bouquet de fleurs de lys, également symbole de Tekakwitha, à une Vierge Marie autochtone reconnaissante, tous deux étant nimbés d'un cercle blanc.

Des nimbes se retrouvent sur une Annonciation figurée par des autochtones, ainsi que sur des portraits collectifs de trois autres, celui de droite représentant les archanges Gabriel, Raphaël et Michel dont on retrouve des reproductions noir et blanc dans le périodique Kateri, mais sans mention du nom de l'artste qui les a peint (Kateri 2004.06-E220p17 et 18 ; 2004.06-F177p17 et 18).

Trois autochtones portant des couvertures comme Tekakwitha,
dont deux nimbées d'or, se placent sous la protection de Grands Esprits traditionnels
où l'oiseau peut également rappeller celui du Saint-Esprit catholique.

D'autres autochtones nimbées d'or se présentent comme de grandes prêtresses ou chamanes
en contact direct avec les êtres spirituels supérieurs ou divins.

Par ailleurs, un rassemblement de Navajos avec leurs magnifiques couvertures
et tous nimbés se présentent en tant que Jésus avec ses disciples !

John Giuliani devant trois cloches (web ou pdf).

 

   

TEKAKWITHA.
Nouveaux regards sur ses portraits.
« Elle approche, elle meut quelque chose en avant. »