TEKAKWITHA.
Nouveaux regards sur ses portraits.
« Elle approche, elle meut quelque chose en avant. »

   

1843 Un Légaré retrouvé, son tableau d'histoire de Tekakwitha.

• Circonstances de la commande.

• 1843 Restauration de la croix de Tekakwitha et Joseph Légaré.

• Style pictural : de la copie (à l'identique, de collage et d'intégration) vers la composition originale.

• Attribution à Joseph Légaré.

La topographie.
Les montérégiennes.
L'arbre et le sentier.
L'église.
Tekakwitha : sa figure, son visage, ses vêtements, son oreille.
Ciel, nature, perspective, fleuve.
Les matériaux et techniques.

• Ruptures des mémoires.

• Les tableaux de Joseph Légaré à l'église Saint-Joachim de Châteauguay.

• Le tableau de Légaré est remplacé par celui de Lang lors de la restauration de la croix et du cénotaphe de Tekakwitha sous la gouverne des Walworth en 1888-1889.

• Illustrations utilisant cette oeuvre de Légaré.

Joseph Légaré (1795-1855) s'initie à la peinture dès l'âge de 17 ans. Cinq ans plus tard il prend un apprenti, Antoine Plamondon, pour travailler aux tableaux importés et vendus par les abbés Desjardins. Ceux acquis à cette occasion constituent le noyau de sa collection personnelle. Dès lors il pratique la peinture d'histoire, au sommet de la hiérarchie des genres picturaux, tout d'abord religieuse, en tant que copiste, avant de s'attaquer à celle de notre nation dans ses compositions originales (sources principales : Porter 1978, Derome 1978c, Porter 1981, Béland 1991b, Prioul 1993).

John James, Portrait de Joseph Légaré (détail), vers 1820, huile sur toile, 77 x 61,8 cm, QMNBAQ 1993.135.

 

Circonstances de la commande.

L'étude méticuleuse de 1685-1686 Chauchetière, sa Narration et les caractéristiques de ses dessins démontre leur incompatibilité avec le portrait de Tekakwitha dont l'attribution à Chauchetière a été basée uniquement sur ses écrits redécouverts au XIXe siècle. L'étude des Gravures conclut que le visage de ce portrait a été inspiré par celle publiée en 1819 et qu'il a donc été peint après cette date.

Les jésuites du XVIIe siècle, dont Chauchetière, occupent un position prépondérante dans l'établissement des bases documentaires de la canonisation de leur pupille Tekakwitha. Cholenec fait publier son premier portrait gravé, suivi par la publication de multiples autres états au XVIIIe siècle. Cette ferveur se poursuit au XIXe par une abondante littérature. Seule l'abolition de l'ordre jésuite ralentit quelque peu ce mouvement.

Après le Traité de Paris, en 1763, le Régime britannique interdit aux jésuites québécois de recruter de nouveaux membres, mais on leur permet de poursuivre leurs activités après la suppression de leur ordre, en 1773, par le pape Clément XIV. Leurs collections d'oeuvres d'art sont dispersées après le décès du dernier d'entre eux, le père Jean-Joseph Casot, le 16 mars 1800. La Compagnie de Jésus est restaurée en 1814 (Cadieux 1973, p. 10) et revient s'établir à Montréal, le 31 mai 1842, à la demande de l'évêque Ignace Bourget (Laflèche 1988, vol. 1, p. 265-267). À leur retour, les jésuites partagent, avec les élites intellectuelles, un nouvel intérêt pour l'histoire stimulé par la sentence foudroyante du Rapport Durham à propos des Canadiens français : « un peuple sans histoire ni littérature ».

L'arrivée du père Félix Martin (1804-1886) (Giguère 1982) s'accompagne d'un nouvel élan dans l'interprétation et de la diffusion des connaissances relatives à l'histoire des jésuites de la Nouvelle-France. Il s'établit brièvement à Montréal puis à La Prairie.

En 1844, il est nommé supérieur et entreprend de reconstituer leurs archives avec la collaboration des communautés religieuses de Québec où quantité de manuscrits originaux avaient été déposés. Elles sont déposées au Collège Sainte-Marie qu'il fonde en 1848. Il est généreux de ses informations et interprétations qu'il publie et transmet à de nombreux historiens.

Dans une lettre du 1er juin 1843, Félix Martin relate les circonstances particulières entourant la retraite ecclésiastique tenue à Québec en 1842. On a déjà écrit que cette retraite ecclésiastique de Québec avait été donnée en 1843. Une note latine du Diarium de Laprairie, du 23 novembre 1842, la place plutôt en 1842 : « Une idée dominait ici surtout tous les esprits, c'était le souvenir de la Compagnie de Jésus qui revenait pour la première fois au Canada après plus de 40 ans [Giguère 1949.06, p. 37, note 9, qui donne l'édition complète de ce texte] ». L'évêque de Québec et son coadjuteur après avoir remercié le prédicateur jésuite, le père Jean-Pierre Chazelle (Giguère 1988)...

« [...] lui offrirent en même temps un tableau plein d'intérêt pour nous ; il est dû à un artiste du pays et les prêtres venaient d'en faire les frais. On voit sur le premier plan la copie d'un buste en argent du P. de Brébœuf, de grandeur naturelle, conservé avec une relique considérable dans une des communautés de Québec [Cadieux 1973, p. 107-108] ».

Ce grand tableau de Joseph Légaré, Souvenirs des jésuites de la Nouvelle-France, doit donc être daté de 1842 et non de 1843 (Porter 1978). Notons que ce texte ne cite pas le nom du peintre. Son attribution ne fait aucun doute, car c'est l'une des rares compositions originales signées par Légaré (Derome 1979.03b).

Portrait du jésuite Félix Martin (1804-1886), portant une barrette, AJC.

Joseph Légaré, Souvenirs des jésuites de la Nouvelle-France, 1842, huile sur toile, 132 x 165 cm, Québec, Musée de la civilisation, 1994.8676.

« A. humblot del p. Aveline Sculp. », Martyre des jésuites, gravure dans Charlevoix 1744, vol. 1, p. 1.

Charles de Poilly, Buste reliquaire de saint Jean de Brébeuf, 1664-1665, argent, bois, métal, os, 53.3 x 53.3 cm, Québec, Augustines de l'Hôtel-Dieu (Bimbenet-Privat 1997, Derome 1997b).

Souvenirs des jésuites de la Nouvelle-France se présente sous la forme d'une vanité inspirée de celles du XVIIe siècle rappelant la mort au fil du temps qui passe par les os du crâne du martyr Brébeuf, l'éphémérité de la vie, des écrits, des fleurs. Avec cette oeuvre de maturité, Joseph Légaré maîtrise l'art de la composition en intégrant de façon harmonieuse de nombreux éléments empruntés à des sources variées en les modifiant pour les adapter au sujet historique traité. Il transforme ainsi le buste reliquaire de Brébeuf pour l'harmoniser à sa composition en triangle. Ce buste avait été remis par le père Casot, le denier jésuite à Québec après l'abolition de l'ordre, à l'Hôtel-Dieu de Québec où les religieuses permirent au peintre de le consulter. Elles lui donnent également accès à un ancien portrait provenant également des jésuites.

À l'Hôtel-Dieu de Québec, Légaré copie un portait qu'il pense être celui de Charlevoix mais qui, en fait, en est un de Paul Le Jeune. Il l'utilise pour fabriquer un frontispice factice qui n'existe pas dans l'Histoire et description générale de la Nouvelle-France du célèbre historien jésuite (Charlevoix 1744 reproduit ci-dessus).

Ces transformations s'augmentent d'ironie. Sous ce portrait « fabriqué » de Charlevoix, inscrit dans un ovale, il ajoute ces signatures : « J. LÉGARÉ » (je l'ai égaré) et « B. RETROUVE » (nom d'artiste fictif pour un jeu de mot signifiant bien retrouvé), en lieu et place des noms habituels du dessinateur (à gauche) et du graveur (à droite). Ce calembour démontre la créativité de l'artiste jouant avec les documents historiques, mais aussi son intérêt pour les antithèses, tout en rappelant le sujet du tableau qui est la perte et le retour des jésuites au Québec (Derome 1978c, p. 12, n° 52).

Joseph Légaré, Le père Pierre-François-Xavier de Charlevoix, 1842, Huile sur toile, 36,5 x 33,3 cm, AJC.

Anonyme sur la gravure rognée de René Lochon, Surpeints et inscriptions sur le portrait de Paul Le Jeune également identifié comme celui de Pierre-François-Xavier de Charlevoix, gravure 1665, surpeints XVII-XVIIIe siècle, gravure originale 360 x 272 mm rognée, inscriptions manuscrites indéchiffrables en haut, Caughnawaga aujourd'hui Kahnawake, oeuvre disparue. Détail tiré de la photo de William Douw Lighthall, The Books of the Old Jesuits and portrait of Père Lejeune. - Presbytère of Caughnawaga, vers 1887-1909, photographie, 20,2 x 25,3 cm, signée W.D.L., MMCR 1998.3624.

James Duncan (1806-1881), Portrait présumé du Père Pierre-François-Xavier de Charlevoix qui est en fait une copie de celui de Paul Le Jeune, vers 1830-1858, aquarelle, 16,5 X 13,7 cm (ovale). Viger ASC (fiche technique).

À cette époque, Joseph Légaré n'est pas le seul à s'intéresser au portrait de Charlevoix. Jacques Viger fait copier par James Ducan le portrait, aujourd'hui disparu, qui se trouvait autrefois à Kahnawake. La découverte récente d'une ancienne photographie permet de confirmer, encore une fois, que ce portrait présumé de Charlevoix était également issu d'un autre portrait de Paul Le Jeune, celui gravé par Lochon en 1665, augmenté de surpeints. Cette enquête partagée sur ces portraits anciens est corroborée par une étroite collabaration de Légaré à l'album Souvenirs Canadiens de Jacques Viger et par leur correspondance de 1839.

Joseph Légaré, Montmorency, en hiver, vers 1839, Huile sur carton, 21 x 15,9 cm, Archives, Ville de Montréal 2004.32 (Boivin 1990 p. 77, Viger ASC p. 38).

Joseph Légaré, Chute de la Rivière Ste. Anne, vers 1839, Huile sur carton, 24 x 17,1 cm, Archives, Ville de Montréal 2005.128 (Boivin 1990 p. 77, Viger ASC p. 136).

Joseph Légaré, Sault à la Puce, vers 1839, Huile sur carton, 12,2 x 12,1 cm, Archives, Ville de Montréal 2005.233 (Boivin 1990 p. 77, Viger ASC p. 227).

« Je [Jacques Viger] fais, dans ce moment-ci, un Album, mais à ma façon, c'est-à-dire non pas tout-à-fait aussi petit(e), léger et insignifiant que cette sorte de livre l'est généralement ; et je tâche de le rendre aussi Canadien que possible tant par le choix des sujets que j'y admets que par la main des Ouvriers que j'y employe. Artistes et Amateurs, tout ce qui sait dessiner ou peindre à Montréal a été mis à contribution. J'ai déjà près de cent pièces, dont bon nombre ne sont certes pas à mépriser ; mais je n'ai rien encore de Québec, ça viendra. (...) J'ai de tout dans ce livre ; fleurs, fruits, animaux, paysages, bâtimens, monumens, médaillons, bas-reliefs, portraits &c. J'y ai du gai, du triste, du tendre, de l'effrayant, du sacré, du profane... mais de la décence avant tout. J'y ai enfin de la gravure, du dessin à la plume et au crayon, du mezzo-tinto, du lavis, de l'aquarelle et de la gouache, - et même de la découpure. [Boivin 1990, p. 1, se référant à : Lettre de Jacques Viger à Joseph Légaré, Fond Verreau, QAS, boîte 62, 23 novembre 1839, n° 227] »

Viger ASC : (266) Attribué à Félix Martin, Joannes de Brebeuf. Soc. Jes. tué par les Iroquois le 16 mars 1649, crayon et aquarelle, 16,6 x 14,2.

Martin 1852b, p. 250.

Chaumonot 1885, p. 226.

Félix Martin fait ici reposer le buste sur un tissu imaginaire dont le motif est tiré de la chasuble de saint Ignace sur la magnifique sculpture en argent d'Alexis Porcher à l'égise Notre-Dame de Québec.

Félix Martin a été impressionné tant par le tableau Souvenirs des jésuites de la Nouvelle que par le Buste reliquaire de Jean de Brébeuf. Il collabore lui aussi à cet album de Viger par un dessin de son cru de cette oeuvre exceptionnelle de l'art de l'orfèvrerie. Nous lui attribuons ce dessin, non signé, à cause de sa ressemblance avec les portraits gravés similaires qu'il publiera. Ces circonstances témoignent, sans équivoque, des liens étroits entre ces trois férus de l'histoire canadienne : Légaré, Viger, Martin. Habitant à La Prairie, l'ancienne seigneurie des jésuites près de Caughnawaga, Martin ne tarde d'ailleurs pas à documenter, l'année suivant son arrivée, les territoires et oeuvres d'art des anciens jésuites.

« 1ère Lettre LE PÈRE FÉLIX MARTIN, MISSIONNAIRE DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS AU CANADA, A UN PÈRE DE LA MÊME COMPAGNIE EN FRANCE. Montréal, 1er juin 1843. [...] 28. [...] Le plus grand nombre [de la population sauvage qui appartient à ce diocèse] se trouve réunis dans trois grands villages (bourgs) au milieu de la populatton canadienne. 29. Le premier est celui du Saut Saint-Louis [Caughnawaga] auquel nos Pères donnèrent une forme de véritable bourgade en 1671 et dont ils ne cessèrent qu'en 1783 d'avoir un soin digne de leur zèle. Ce n'est qu'après différentes transplantations qu'il a été fixé au lieu qu'il occupe maintenant. Il n'est situé qu'à quatre lieues de Montréal et confine à notre paroisse de la Prairie. Tout y rappelle le souvenir de nos Pères. C'est l'église qu'ils ont bâtie. Leur maison sert encore de logement au missionnaire ; les PP. Lafiteau et Charlevoix l'ont habitée ; on y conserve leur portrait et quelques restes de leur bibliothèque [Cadieux 1973, p. 81 et 97]. »

Anonyme, Portrait de Joseph-François Lafitau, date, dimensions et médium inconnus, Kahnawake, oeuvre disparue.

Viger ASC : (228) James Duncan (attr.), R. P. Jos. Fr. Lafitau, aquarelle, 13,2 X 10,3 (Boivin 1990).

John Henry Walker, JF Lafitau J Missionnaire au Sault St Louis, signé en bas à gauche de l'image « JHWalker sc », gravure dans Lafitau 1858, frontispice.

Viger et Martin se trouvent réunis autour d'un autre portrait d'un ancien jésuite de cette mission autochtone : celui de Lafitau. Leur passion s'épiphane avec un autre complice, le sémillant Joseph Marcoux (1791-1855), curé qui y officie de 1819 à 1855. Surnommé Tharoniakanere (celui qui regarde le ciel), il se préoccupe du problème de la vieille église projetant d'en construire une nouvelle dont Félix Martin est l'architecte, telle qu'illustrée dans cette aquarelle de l'album de Jacques Viger.

Viger ASC : (254) James Duncan, "Ruines de l'ancien Fort de Sault St-louis (Caughnawaga)", aquarelle, 14,8 x 25,6 (Boivin 1990).

John James, Portrait de Joseph Légaré (détail), vers 1820, huile sur toile, 77 x 61,8 cm, QMNBAQ 1993.135.

Livernois Photographe Québec, Jacques Viger, vers 1858, BANQ P560,S2,D1,P1219.

Portrait du jésuite Félix Martin (1804-1886), portant une barrette, AJC.

Attribué à Louis Dulongpré, Portrait de l'abbé Marcoux, vers 1830, 26"1/2 x 22"1/2, Caughnawaga. BANQ, Pistard, cote E6,S8,SS1,SSS865, IOA, fiche 05281 et photo C-2, 28 juillet 1944.

Il n'est donc pas étonnant que les efforts conjugués de ce quatuor de fortes personnalités puissent stimuler une recrudescence des dévotions à Tekakwitha à Caughnawaga à compter du retour des jésuites au pays en 1842. Le tout s'incarne dans la revitalisation des dévotions à la croix où la sainte avait l'habitude de prier (voir sources, références et analyse détaillée : Kateritsitkaiatat).

L'étude des Migrations de la Mission Saint-François-Xavier du village autochtone a permis de situer les bases physiques et géographiques de ses différents emplacements afin de documenter plus précisément où vécut Tekakwitha, soit à Kahnawake, devenu Kateritsitkaiatat, « là où Catherine fut inhumée », ainsi que les sources qui ont inspiré son portrait.

C'est là que se dresse, encore aujourd'hui, la croix près de laquelle Tekakwitha priait, ainsi que son cénotaphe, à l'embouchure de la rivière du Portage devenue Saint-Régis, aujourd'hui Ville Sainte-Catherine, où des dévotions y sont pratiquées depuis plus de trois siècles.

Chauchetière avait laissé une page blanche où il prévoyant un dessin, qui n'a pas été réalisé, sur le thème on invoque le nom de Catherine et on accommode son tombeau (voir les extraits de sa Narration où il fait état de ces dévotions). Celles-ci sont encore vivaces, plusieurs décennies plus tard vers 1751-1761, selon ce que rapporte un mémorialiste quelque peu anticlérical.

« Vis-à-vis au sud est le village Saint-Louis habité par des sauvages iroquois gouvernés par des jésuites [...] La foi dans laquelle tous persistèrent [...] donna lieu à des missionnaires de prêcher que plusieurs de ces martyrs avaient fait des miracles sur leur tombe [...] dans laquelle leur corps n'était sûrement pas, puisque trois d'entre eux avaient été brûlés. Cependant dans les environs de Montréal, on célèbre quatre fêtes en l'honneur de quatre martyrs sauvages de la bourgade de Saint-Louis et quelques paroisses des environs y vont processionnellement, une fois l'année, chanter une grand'messe, les Saints et Saintes qu'on y révère sont Catherine Téga Kouiata [...] Etienne Teganauokoa [...] Françoise Gouana Tenha [...] Marguerite Garangoa [référence et transcription complète] »

Après le décès du dernier jésuite de cette mission, en 1783, ces dévotions sont pratiquées avec moins d'intensité car, en 1829, tel que témoigne le curé Marcoux : « Il reste encore une vielle croix plantée sur le terrain de l'ancien village et quelques décombres en terre [référence et transcription complète]. » Le retour des jésuites, en 1842, stimule une nette recrudescence de ces dévotions couplées à des entretiens réguliers de cette croix très abondamment documentés jusqu'à nos jours.

Le premier chaînon de cette renaissance des dévotions se manifeste, dès 1843, dans une fête cérémonielle fastueuse où Félix Martin et Joseph Marcoux prononcent des discours. C'est à cette occasion que nous attribuons à Joseph Légaré d'avoir peint son tableau d'histoire consacré au portrait de Tekakwitha. Comme d'habitude, lors des cérémonies d'inauguration d'un nouveau monument au XIXe siècle, les artistes concepteurs de l'oeuvre d'art sont très rarement mentionnés !

1843 Restauration de la croix de Tekakwitha et Joseph Légaré.

L'iconographie des gravures sert de base à Légaré pour son tableau d'histoire, ainsi que les textes des anciens jésuites. Il y incorpore également plusieurs éléments de ses oeuvres et de son époque. Ce tableau est commandité à l'occasion de la grande cérémonie de réfection de la croix de Tekakwitha en 1843, dévotion réactivée après le retour de jésuites en 1842. Il est par la suite attribué à Chauchetière.

Cette composition de Légaré est reprise dans une gravure publiée par Burtin en 1894, ainsi que dans un dessin de Camille Drolet.

1843

Joseph Légaré, Portrait de Tekakwitha, 1843, huile sur toile, Kahnawake.

1894

Anonyme, Catherine Tekakwitha, gravure, Burtin 1894, frontispice.

1949.06-07

Drolet d'après Joseph Légaré. — (KC AKR P073-3 et P114-1, KA D123) ; (Kateri 1949.06-07-EV01N03p03).

23 juillet 1843 Bénédiction de la croix Ste. Catherine.

[Mélanges religieux, scientifiques, politiques et littéraires, Montréal,
v6 n32 mardi 25 juillet 1843 p. 250-251 (web ou pdf) et v6 n33 vendredi 28 juillet 1843 p. 257-258 (web ou pdf).]

Dimanche [le 23 juillet 1843] eut lieu à la Côte Ste. Catherine, à 1 1/2 lieue du Sault St. Louis, la bénédiction d'une croix nouvelle plantée sur le lieu où est décédée Catherine Tégahkouita, de bienheureuse mémoire. Un nombreux clergé y assistait ainsi qu'une immense foule de fidèles accourus de cette ville et des paroisses environnantes, et notamment les Sauvages du Sault St. Louis. Nous rendrons compte vendredi, avec quelques détails, de cette belle cérémonie.

Comme nous l'avons fait connaître dans notre numéro de mardi, dimanche dernier une belle fête se célébra dans la paroisse de Laprairie. Une croix usée par le tems, avait été plantée au bord du fleuve, sur la côte Est de la rivière du portage. C'est là que vint se fixer en 1677 [sic] la mission iroquoise, dite de St. François Xavier des prés, établie auparavant près du fort de la Prairie. C'est là que mourut, en 1678 [sic], la célèbre vierge iroquoise Catherine Tegahkouita. Pendant sa vie elle aimait à venir aux pieds d'une croix plantée déjà dans ce lieu. La vénération qui accompagna sa mémoire fit donner à la croix où elle mourut le nom de croix et de côte Ste. Catherine. C'est cette croix que quelques pieux habitans de cette côte projetèrent de renouveler à leurs frais ; et dans cette circonstance ils montrèrent un zèle admirable. Mais comme de précieux et touchans souvenirs étaient attachés à ce monument on résolut de leur venir en aide et de donner à cette bénédiction une solennité qu'on ne déploie pas ordinairement en semblable circonstance. Celle-ci avait été annoncée dans les paroisses environnantes. La mission du Sault St. Louis y était surtout conviée ; et l'on doit juger de la joie et de l'enthousiasme de ces bons Sauvages, à l'annonce de de [sic] cette fête, par le respect et la vénération où ils gardent le souvenir béni de celle qui fut leur soeur et qui leur a laissé de si admirables exemples de vertu et de sainteté. Aussi ils y accoururent en foule, jeunes et vieux, les mères portrant dans leurs bras leurs petits enfans, et ne voulant pas que personne dans le village fût privé du bonheur de ce spectable et des grâces attachées à cette pieuse cérémonie. Toutes les paroisses voisines s'y étaient portées aussi avec empressement, et beaucoup de personnes de Montréal, même des protestans, s'étaient unis aux pieux fidèles des environs. MM. Hudon, V.G., Marcoux missionnaire du Sault, Bédard curé de St. Remi, Vinet curé de St. Constant, Plinguet curé de St. Philippe, trois Pères Jésuites, le R.P. Supérieur des Oblats de le Père Léonard, contribuaient par leur présence à augmenter l'éclat de cette cérémonie. La croix était artistement ornée de guirlandes de fleurs. Un très beau reliquaire, ouvrage des Soeurs Grises, renfermant un ossement de la vierge iroquoise, et donné par M. Marcoux, avait été enchassé dans la partie inférieure de la croix. On avait préparé pour les prédicateurs une estrade décorée de verdure et surmontée d'étendards portant des inscriptions iroquoises. Au milieu était exposée l'image de Catherine Tagahkouita.

Quand toute la foule se fut réunie, la procession, partie d'une maison située à 5 ou 6 arpens de la station de la croix, se mit en marche au chant des litanies de la Ste. Vierge. En tête de la procession on remarquait la bannière de la paroisse et deux drapeaux iroquois que portaient deux jeunes sauvages. Les enfans de choeur marchaient à la suite, puis le clergé, et enfin les fidèles. Le recueillement le plus parfait ne cessa de régner dans cette foule immense. Aussi rien de plus imposant que cette marche, grave et triomphale, dont les chants pieux et les décharges de canon augmentaient encore la pompe et la solennité. Elle s'arrêta au pied de la croix, autour de laquelle se groupèrent les assistans [sic]. Un choeur de chanteuses y était réuni et fit preuve d'une grande précision et d'une grande habileté dans l'exécution de plusieurs morceaux religieux appropriés à la circonstance. Après le chant d'un cantique, le R.P. Martin fit une instruction en français. Puis les sauvages divisés en deux choeurs, hommes et femmes, chantèrent un cantique en leur langue. M. Marcoux fit à la suite un sermon en iroquois. M. le vicaire-général Hudon lui sccéda et prêcha en anglais. Dans l'intervalle de chaque instruction, des décharges de canon se succédaient, habilement dirigées par M. Macdonald de Laprairie. Après la bénédiction solennelle la croix fut élevée au chant sublime du Vexilla Regis, et saluée de nouvelles et nombreuses décharges d'artillerie. Puis le clergé et le peuple vinrent adorer la croix ; la foule se retira ensuite remplie des pieuses émotions qu'avait fait naître dans tous les coeurs cette touchante solennité. Il est à regretter seulement qu'un orage, qui éclata à la fin de la cérémonie, soit venu contrarier le retour des pieux fidèles accourus à cette fête.


23 juillet 1843 Plantation de Croix au tombeau de la Vierge Iroquoise.

2me Lettre [41] Le père Tellier, missionnaire de la compagnie de Jésus au Canada
à son supérieur en France. Laprairie, le 30 janvier 1844.
[Cadieux 1973, p. 150-151.]

22. Une des cérémonies les plus intéressantes que nous eûmes à La prairie fut la restauration de la croix sur le tombeau de la bonne Vierge Catherine Tegahkouita, ce fut une heureuse idée de quelques habitans du voisinage. Il y avait eu de tout temps une croix érigée sur le tombeau de la Vierge Iroquoise ; mais celle qui s'y trouvait tombait de vétusté. Trois habitans équarrirent, peignirent et décorèrent une croix neuve en bois, de 25 pieds de haut. Le vénéra-[ 60 ]ble missionnaire du Sault-Saint-Louis donna quelques ossemens de la Vierge, qui furent enchâssés très proprement dans une niche pratiquée au tronc de la Croix : et le 7e Dimanche après la Pentecôte, 23 juillet 1843, nous nous rendîmes sur les bords de la rivière du Portage. À côté et à droite de la croix magnifiquement ornée de guirlandes et couchée sur un plan incliné, s'élevait une estrade ombragée, au-dessus de laquelle ftottaient quatre drapeaux avec des inscriptions iroquoises et françaises. La nation iroquoise avait été solennellement invitée au triomphe de son héroïne. Elle arriva à la suite de son missionnaire, de son interprète et de ses chefs ; elle se plaça à la droite de l'enceinte réservée et pointa son canon à l'embouchure de la rivière du Portage dans la direction du fleuve et de la ville de Montréal. Une sauvagesse du nom de Tegahkouita apporta sur son char un assez bon tableau de sa patronne et en décora le front de l'estrade. La multitude franco-canadienne et anglaise, accourue de la ville et des paroisses environnantes, prit place à la gauche et en face de la croix et de l'enceinte réservée et braqua son canon à ses côtés. Le fleuve Saint-Laurent coulait au pied de la croix, et le murmure des rapides voisins se mêlait au sifflement d'un vent impétueux, avant-coureur de l'orage, et aux accens confus de la multitude religieuse. L'heure de la cérémonie a sonné. La bannière de la paroisse et les drapeaux iroquois flottaient dans les airs. À la première décharge du canon, le Vexilla regis est entonné et la procession sort de la maison où s'était réuni le clergé, se déploie, pénètre les flots du peuple, et va se ranger dans l'enceinte réservée. Aux chants de l'Eglise, succèdent quelques couplets de cantique très bien exécutés par un choeur de jeunes filles. Le Canon commande le silence et l'attention ; et le Père Martin du haut de l'estrade prononce un discours français. Aussitôt après, les Iroquois commencent leur musique ; et la rivière du Portage répète avec étonnement, après un siècle et demi de silence, le cri perçant de la sauvagesse iroquoise. À ces accords succède le sermon de Monsieur Marcoux en langue iroquoise ; et toute la multitude ébahie d'écouter, la bouche béante, les modulations monotones, gutturales ou nasillardes du prêtre qui, assure-t-on, sait l'iroquois mieux que jamais il n'a été su. (1) Monsieur Marcoux a su mettre à profit tout ce qui a été écrit et noté jusqu'à lui sur la langue Iroquoise. Le premier il vient de composer un dictionnaire complet Iroquois-français et Français-Iroquois. Il passe pour savoir la langue mieux qu'aucun sauvage ou autre qui existe ou ait existé. Aussi le canon applaudit-il à l'éloquent orateur. Vient ensuite l'allocution anglaise, dont voulut bien se charger Monsieur le Vicaire général [61] Hudon, en remplacement d'un Sulpicien malade qui avait été invité. Alors enfin la croix reçut la bénédiction de M. le Vicaire général et s'éleva avec pompe et majesté sur les bords du Saint-Laurent au milieu des chants de l'Eglise, des décharges du canon et des acclamations de la multitude, Monsieur McDonel, ancien officier anglais, quoique dissident, voulut bien se prêter aux évolutions de cette fête, unique dans son genre ; et si le temps eut été aussi serein que les pensées et les physionomies, nous n'aurions eu rien à désirer. Mais un orage effroyable termina la fête et imprima dans tous les esprits le souvenir de cette mémorable journée.


23d of July, 1843 The erection of a new cross over the tomb of Catharine Tehgahkwita.

[Shea 1854, p. 343-344.]

[...] the year 1843 witnessed a ceremony of great consolation to the Catholic Iroquois. It was the erection of a new cross over the tomb of Catharine Tehgahkwita. The spot had always been marked by the sign of redemption, and is well located even by deeds of property, which, such was the devotion to her, sometimes made a mass in her honor a part of the consideration. †Papers in the Notarial of Laprairie. At the period we mention, the old cross was mouldering, and a new one, twenty-five feet high, was prepared, in which were enchased some relics of the holy virgin of Caughnawaga. On Sunday, the 23d of July, 1843, the Caughnawagas, headed by their missionary and chiefs, repaired to the little river Portage, near which their former church and village had stood, on a bluff between that little stream and the lordly St. Lawrence. The space on the left was soon filled by whites, drawn thither by interest or curiosity, alike of French and English origin. The banner of Laprairie and the pennons of the Sault floated above the crowd on either side of the highly adorned cross, at the foot of which was a painting of the Christian heroine. At the signal given by the discharge of artillery on the right and left, the clergy in procession advanced into the centre, chanting the "Vexilla Regis." At another discharge, Father Felix Martin, one of the first Jesuits to whom it was given to return to the land enriched by the sweat and blood of his society, rose to address the assembled throng in French. Then, after a hymn in Iroquois, the Rev. Joseph Marcoux, the pastor of the tribe, pronounced a discourse in the guttural language of his flock, and gave place to the Rev. Hyacinth Hudon, Vicar-General of Montreal, who delivered a third address in English, and then performed the ceremony of blessing the cross. That sign of faith was then slowly raised, amid the chants of the Church, the thunder of the cannon, and the mingled shouts of men of many climes and races, who, differing in language, bowed to the symbol of a common faith.

Such is the history of the Iroquois mission, on which we have dwelt longer because its annals have reached us in a more complete form, and because of all the early missions it presents at this day the most numerous and thriving communities.

 

Style pictural :
de la copie (à l'identique, de collage et d'intégration)
vers la composition originale.

Joseph Légaré d'après Giacinto Calandrucci (1646-1707), L’Apothéose ou Le Ravissement de saint Paul, 1822, huile sur toile, 220 x 150 cm, Cathédrale de Trois-Rivières (web ou pdf).

Joseph Légaré, La Vierge Marie médiatrice des chrétiens, vers 1824, Huile sur toile, 82 x 65 cm, Don de la succession Jean Soucy, QMNBAQ 2006.95.

                            
Dans La Vierge Marie médiatrice des chrétiens « [...] le Père éternel est emprunté à un tableau attribué à Poussin et qui appartenait à l'artiste [...] ; le personnage féminin tenant un enfant est tiré d'une oeuvre de Vouet qui orne l'église de Saint-Henri de Lévis [...] ; quant au personnage de gauche, il s'agit d'une copie d'un Saint Hilaire attribué à Salvator Rosa qui a appartenu à Légaré avant d'être acquis par le Séminaire de Québec [Porter 1978, p. 117, n° 124] ».

Le début de la carrière de peintre de Joseph Légaré est consacré à la « restauration » et à la copie de tableaux religieux. Il pratique beaucoup la copie à l'identique (ci-dessus à gauche), excellente école de formation toujours pratiquée dans les grandes académies de peinture. Puis il s'initie à la composition, d'abord par collages d'éléments empruntés, directement et sans modifications à plusieurs oeuvres, et qui s'intègrent souvent gauchement à leur nouvel ensemble (ci-dessus à droite).

Joseph Légaré (1795-1855), Le Massacre des Hurons par les Iroquois, 1827-1828, Huile sur toile, 63 x 83,8 cm, QMNBAQ 1957.204.

Bientôt, Légaré s'intéresse à l'histoire nationale. En 1828, âgé de trente-trois ans, il obtient un prix pour Le Massacre des Hurons par les Iroquois. Les collages provenant de plusieurs sources s'harmonisent mieux dans le cadre d'une composition originale où on trouve encore certaines gaucheries, par exemple le tronc d'arbre à droite. La thématique des autochtones s'immisce dans ses oeuvres picturales de plus en plus fortes et personnelles.

Joseph Légaré d'après Thomas Sully, Portrait du roi George III, 1830, huile sur toile, 274 x 190,3 cm, QMC 1911.200.

Joseph Légaré d'après Thomas Sully, Portrait de la reine Victoria, 1839, huile sur toile, 270 x 186 cm, QMC 1991.201.

L'artiste entreprend de diversifier sa clientèle en s'orientant vers l'art civique institutionnel. Dans les années 1830, Légaré copie les portraits des souverains britanniques : George III en 1830, George IV en 1834 et la reine Victoria vers 1839. Il destine les grandes versions au Parlement du Bas-Canada et les petites aux collectionneurs. Il s'y frotte aux styles de peintres anglais et américains, complèment différents de ceux des tableaux religieux. Il invite d'ailleurs le public à les admirer gratuitement dans sa Galerie de peintures. Cette thématique picturale ne l'empêche aucunement de partager les idées politiques du chef révolutionnaire Louis-Joseph Papineau. Il est même emprisonné lors des insurrections de 1837-1838.

Légaré peint également divers portraits des bourgeois de Québec dont celui de Mgr Plessis.

Joseph Légaré, Monseigneur Joseph-Octave Plessis, vers 1830, Huile sur toile, 79,6 x 65,3 cm, Musée national des beaux-arts du Québec 1976.158.

Joseph Légaré, La Fête-Dieu à Nicolet, vers 1832, huile sur toile, 40 x 62,2 cm, Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada.

Ce tableau d'histoire bien documenté met en valeur les réalisations de l'abbé Raimbault, incluant ce haut lieu de formation intellectuelle du séminaire de Nicolet. Ces éléments sont bien mis en valeur par composition très audacieuse réalisée avec une camera obscura. Les diagonales animent les profondeurs de cette composition très réussie qui n'est pas étrangère aux influences de l'aquarelliste James Pattison Cockburn.

Robert Auchmuty Sproule (1799-1845), La place du marché, haute ville, Québec, 1830, Lavis, encre et mine de plomb sur papier monté sur panneau, 26,8 x 38,1 cm, Don de Mr. David Ross McCord, Montréal, Musée McCord M384.

Joseph Légaré, Le choléra à Québec, vers 1832, huile sur toile, 82,2 x 111,4 cm, Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada 7157.

La composition de Sproule a servi de mise en scène à Joseph Légaré pour son tableau du choléra. Le décor est le même, mais l'action est diamétralement opposée : jour - nuit ; bonheur paisible - catastrophe humaine et sociale. La copie devient ici non seulement intégration, mais modification profonde du sens de l'oeuvre.

Joseph Légaré, Le martyre des pères Brébeuf et Lalemant, vers 1843, huile sur toile, 66,2 x 96,1 cm, OMBAC 18795.

Légaré peint également à la même époque Le martyre des pères Brébeuf et Lalemant qui s'inspire de la gravure de Huret publiée en 1664 dont il resitue l'action dans un magnifique paysage près de la ville de Québec (Porter 1978, p. 71-73, n° 52-53, ill. p. 74-75).

Il peint une autre scène violente des moeurs autochtones dans une oeuvre fort bien réussie à laquelle plusieurs titres furent donnés dont seule l'action principale a été ici retenue.

Joseph Légaré, Scalp, vers 1843-1844, Huile sur toile, 90 x 77 cm, Don de Corinne de Boucherville et Jean Désy en 1953, Musée régional de Vaudreuil-Soulanges X973.1132.

Joseph Légaré, Les Chutes de Saint-Ferréol, vers 1840, Huile sur toile, 75,3 x 88,7 cm, QMNBAQ 1947.02.

Joseph Légaré, Le Manoir Caldwell et les moulins de l'Etchemin, vers 1843, huile sur toile, 58,4 x 87,6 cm, QMNBAQ 1956.404.

Au début des années 1840, le thème de l'autochtone se retrouve associé à de magnifiques paysages. Aux chutes de Saint-Ferréol, trois d'entre eux se regroupent avec leurs produits de la chasse, dont une femme.

L'allégorie adopte bientôt le ton de la critique socio-politique où, en face du manoir du malversateur Henry Caldwell, deux petits arbres croisés illustrent le libre échange de produits de la nature, des poissons troqués contre des pommes, entre un autochtone et un jeune blanc.

Ces oeuvres démontrent désormais la maîtrise de l'artiste dans l'art de la composition de paysages où il superpose de niveaux de significations multiples.

Joseph Légaré, Le village Huron de la Jeune Lorette, vers 1840, huile et gouache, 35,6 x 50,5 cm, Musée du Séminaire de Québec 1994.24986.

Joseph Légaré, Les Cascades de la rivière Saint-Charles à La Jeune-Lorette, vers 1838, Huile sur toile, 57,2 x 83,7 cm, Musée national des beaux-arts du Québec 1958.538.

Les modèles des nombreux autochtones que Légaré peint durant cette période pourraient provenir du Village-Huron (Jeune-Lorette, Loretteville, Wendake) , où il se rend pour y dessiner diverses versions des chutes. Plusieurs autochtones fréquentent également les rues de Québec à cette époque, dépeints par les aquarellistes britanniques tel James Pattison Cockburn dont l'oeuvre influence celle de Légaré.

Joseph Légaré, Les fiançailles d'une Indienne, vers 1844-1848, huile sur toile, 120 x 158 cm, Wellington County Museum and Archives, Fergus (On) AC1977.98.1.02.

Joseph Légaré, Le Désespoir d'une Indienne, vers 1844-1848, Huile sur toile, 134,6 x 178,8 cm, QMNBAQ 1965.90.

Un feuilleton du naturaliste français Pierre Boitard, publié dans les journaux, inspire ce diptyque : Les fiançailles d'une IndienneLe désespoir d'une Indienne. Légaré y exprime son amour des contrastes théâtraux et dramatiques : la sérénité de la scène de jour avec la tendresse des cadeaux reçus avec une feinte timidité par Kitchy élégamment vêtue et paré — la scène de nuit, à feu et à sang, où cette « Pieta », décoiffée et buste dénudé, pleure son Kosato occis par l'infâme Shi-whi-shi-ouaiter.

Joseph Légaré, Les fiançailles d'une Indienne (détail), vers 1844-1848, huile sur toile, 120 x 158 cm, Wellington County Museum and Archives, Fergus (On) AC1977.98.1.02.

La figure de Kitchy, dans Les fiançailles d'une Indienne, présente plusieurs similarités (vêtement, parures, coiffure) avec ce magnifique portrait, fort bien réussi, de l'énigmatique Josephte Ourné, supposément la fille d'un chef autochtone.

Joseph Légaré, Josephte Ourné, vers 1844, huile sur toile, 131,5 x 95,5 cm, Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada 18309.

Joseph Légaré, Paysage au monument à Wolfe, vers 1840, Huile sur toile, 132,4 x 175,3 cm, QMNBAQ 1955.109.

Le paysage, incluant la montagne, est une copie à l'identique d'une gravure de Salvator Rosa de sa collection mise au carreau et conservée au Séminaire de Québec (Prioul 1993, p. 60-61, se référant à portefeuille 70-G, fol. 15). Ce tableau complexe, ainsi que son rapport avec sa gravure source, a donné lieu à une panoplie d'intéressantes interprétations différentes (Béland 1991b, Prioul 1993).

Émile Carlier d'après Savator Rosa, Mercure endormant Argus, 1768, gravure,
24,4 X 39,6 cm au trait carré, Séminaire de Québec, portefeuille 70-G, fol. 15, Musée de la civilisation 1993.35784.

Joseph Légaré, L'incendie du quartier Saint-Roch vu de la Côte-à-Coton vers !'ouest, 1845,
huile sur toile, 174 x 250 cm, Séminaire de Québec, Musée de la civilisation 1991.168.

 

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Attribution à Joseph Légaré.

Cet extrait, tiré de la conclusion de la thèse de doctorat de Didier Prioul consacrée à Joseph Légaré paysagiste, s'applique parfaitement bien à l'attribution de son tableau d'histoire de Tekakwitha, inscrit dans un paysage à sa manière, s'inspirant de plusieurs sources historiques manuscrites, littéraires et gravées, se comparant à plusieurs motifs utilisés dans ses autres oeuvres peintes.

« Pendant une carrière qui dura un peu plus d’une trentaine d’années, Joseph Légaré peignit un nombre d’oeuvres très varié. Une fois terminées les années consacrées exclusivement à la copie de tableaux religieux, son désir d'originalité l'entraîna sur des sentiers non balisés dans la peinture au Québec à cette époque. D'où l’éclatement de cet oeuvre divers où le tableau d'histoire se mêle à la représentation de l'événement quotidien, le paysage pur au paysage historique, l'illustration littéraire à l'allégorie politique. [...] Légaré s'exprime toujours à travers l'emprunt et l'amalgame, multipliant les accessoires et cherchant l'effet. On a l'impression que l'histoire à illustrer est seule importante, le peintre s'autorisant des maladresses de composition qu'il surmonte dans ses paysages [Prioul 1993, p. 177 et 186-187]. »

Tel qu'étudié précédemment, ce tableau d'histoire dans un paysage ne présente aucune ressemblance avec les dessins de Claude Chauchetière. Par contre, plusieurs éléments, typiquement du XIXe siècle, correspondent aux oeuvres de Joseph Légaré et convergent pour soutenir son attribution : la topographie, les montérégiennes, la composition du paysage (arbre, sentier, ciel, nature, perspective), l'église, la figure de Tekakwitha, les matériaux et techniques. L'oeuvre n'est pas signée, ce qui n'est pas étonnant, car c'est également le cas de nombre d'autres compositions originales de cet artiste (Derome 1979.03b).

 


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La topographie.

Joseph Bouchette, Topographical map of the Province of Lower Canada (détails), 1815, carte composite, 113 x 333 cm, Londres, William Faden, David Rumsey Map Collection 4431.011.

La topographie illustrée dans ce tableau d'histoire permet de reconnaître sans peine le paysage typique des deux premiers établissements de la mission où vécut Takakwitha : Kentake La Prairie en 1667 et Kateritsitkaiatat Côte-Sainte-Catherine en 1676. Joseph Légaré a pu visiter ces lieux lors de la commande de quatre ou cinq tableaux pour l'église de Châteauguay ou à l'occasion de celle-ci en 1843. Mais, selon son habitude de copiste autodidacte, il a utilisé des sources qui lui étaient facilement accessibles, soit dans sa collection ou sa bibliothèque, soit dans la ville de Québec. L'ouvrage majeur donnant la description topographique de ces lieux avait été publié par Bouchette quelques décennies plus tôt. Il permet un excellent repérage de ces lieux en les identifiant très clairement. Le grand bassin du fleuve Saint-Laurent, à cet endroit, est facilement reconnaissable ainsi que l'île de Montréal à gauche avec son Mont-Royal. Les pieds de Tekakwitha se posent à l'emplacement identifié « Cote S.te Catherine » sur la carte de 1815, alors que l'église se pose exactement vis-à-vis celui de « La Prairie ».

 


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Les montérégiennes.

Émile Carlier d'après Savator Rosa, Mercure endormant Argus, 1768, gravure, 24,4 X 39,6 cm au trait carré, Séminaire de Québec, portefeuille 70-G, fol. 15, Musée de la civilisation 1993.35784.

Joseph Légaré, Paysage au monument à Wolfe, vers 1840, Huile sur toile, 132,4 x 175,3 cm, QMNBAQ 1955.109.

La carte de Bouchette donne une excellente représentation des montérégiennes. Légaré en montre, sur la gauche, le Mont-Royal de l'île de Montréal. Le point de vue choisi ne permet normalement pas de voir les autres, plus à l'est, de part et d'autre du Richelieu. Nonobstant, il choisit de combler l'horizon avec un groupe de montagnes. Ce réaménagement des éléments aux besoins de la composition, typique chez Légaré, ne s'inspire pas uniquement de la réalité, mais aussi de la copie à partir d'oeuvres de sa collection. Ce massif montagneux tout à fait reconnaissable, tiré de la gravure de Salvator Rosa, a cependant été légèrement remanié afin de mieux l'harmoniser avec la ligne d'horizon à gauche et l'église à droite. Légaré utilise cette même gravure, mise au carreau, pour son Paysage au Monument à Wolfe où, encore une fois, le sujet d'origine est complètement transformé pour l'adapter à notre histoire nationale (Béland 1991b, Prioul 1993).

 


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L'arbre et le sentier.

Deux éléments de la composition rappellent celle de la Fête Dieu à Nicolet : l'arbre meublant l'espace vide sur la gauche ; le sentier sous les pieds de Tekakwitha menant vers l'église, tant dans son orientation que ses matières picturales, pigments et empâtements.

François-Marc Gagnon relève les très intéressants détails à propos d'une vision où Tekakwitha est apparue, 5 jours après sa mort, à une personne de vertu digne de foi, dont celle-ci : « à la gauche un sauvage attaché à un poteau et brulé tout vif [Gagnon 1975, p. 84-86, se référant à Cholenec 1696, Livre Troisième, p. 68-70, manuscrit conservé par les augustines de l'Hôtel-Dieu] » . Selon Gagnon, cet élément aurait pu être remplacé ici par l'arbre.

 


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L'église.

1ère église (1667-1670) de La Prairie : On disoit la messe dans la petite cabane de planches qui estoit commune pour les François et pour les sauvages [f05r].

 

2e église (1670-1686) de La Prairie dessinée par Chauchetière.

On bâtit la première chapelle à Kateritsitkaiatat en 1676 (f15r).

La foudre tomba au pied de la chapelle à Kateritsitkaiatat en 1680 (f22r).

1690 Kaknawakon.

1696 Kanatakwenke.

Ces deux emplacements devaient également avoir des églises en bois.

Première église en pierre à Kahnawake 1721-1842.

Église de Kanawake construite en 1842.

Chauchetière rapporte que la 1ère église (1667-1670) de la mission, à La Prairie, était une petite cabane de planches [f05r]. Il dessine la 2e église (1670-1686) de La Prairie, puis la première et la deuxième de Kateritsitkaiatat où vit Tekakwitha de 1677 à 1680. Ce sont toutes des chapelles de bois primitives comme le furent très certainement celles de Kaknawakon (1690-1696) et de Kanatakwenke (1696-1716). La première église de pierre est construite au dernier emplacement permanent de la mission à Kahnawake (1721-1842). Elle est remplacée par l'église actuelle construite en 1842 par Félix Martin. Toutes ces églises sont incompatibles avec celle de l'huile sur toile à droite du portrait de Tekakwitha, une gigantesque construction de style néo-classique, en pierre de taille, dotée de multiples superpositions d'ouvertures et de fenêtres. Légaré a implanté cette église à l'emplacement de La Prairie, où aucunes des cinq églises ne correspondent à celle-ci.

3e église (1686-1705) de La Prairie.

4e église (1705-1840) de La Prairie.

5e église (1840-) de La Prairie, façade de Pierre-Louis Morin, 1840-1855.

5e église (1840-) de La Prairie, façade de Victor Bourgeau, depuis 1855-1856.

D. et J. Smillie, Episcopal Church (détail), gravure dans Bourne 1829, p. 70, rééditée dans Hawkins 1844, p. 83.

James Pattison Cockburn (1779-1847), The English Church from the Ursuline Convent (détail), 30 March 1830, Watercolour, pen and ink over pencil, on paper, 25.7 × 34.9 cm, Toronto, Royal Ontario Museum
951X205.19.

Cathédrale Holy Trinity,
Québec, RPCQ.


GoogleMaps.

 

Fidèle à son autoformation de copiste, Joseph Légaré utilise, pour son tableau d'histoire de Tekakwitha, un modèle d'église trouvé tout près de chez lui et qui lui plaît : la cathédrale Holy Trinity, construite en 1800-1804, la quintescence du style néo-classique récemment implanté à Québec. L'angle choisi est le même que celui de la gravure de D. et J. Smillie publiée en 1829 et de l'aquarelle de Cockburn en 1830. Aujourd'hui, son environnement ne permet pas de bonnes photographies dans cet angle, ce qui est compensé par les vues anciennes et aériennes. L'importance de cette église, la force de sa nouveauté architecturale, sa réception favorable et son influence élargie ont été amplement démontrées (Noppen 1995).

L'église du tableau d'histoire de Tekakwitha présente également des similitudes avec une autre de Québec connue de Légaré. L'église Saint-Pierre a été construite en 1842 et Légaré en peint les ruines après l'incendie du quartier Saint-Roch en 1845. Son extérieur reprend le modèle de la cathédrale Holy Trinity. Elle est finalement démolie pour laisser place à l'autoroute Dufferin mise en chantier en 1976 (source). Son style était tout à fait dans l'air du temps, puisqu'après l'incendie de 1845, une succursale de l'église Saint-Roch l'adoptera : l'ancienne église Saint-Sauveur érigée en 1850 et incendiée en 1866 (source).

Joseph Légaré, L'incendie du quartier Saint-Roch vu de la Côte-à-Coton vers l'ouest (détail des ruines de l'église Saint-Pierre), 1845, huile sur toile, 174 x 250 cm, Séminaire de Québec, Musée de la civilisation 1991.168.

Église Saint-Pierre
(Noppen 1979, p. 171).

Église de St Sauveur, vers 1850-1866, photographie, 15 x 21 cm, Archives Ville de Montréal CA M001 BM007-2-D16-P012.

François-Marc Gagnon discute longuement, sur plusieurs pages, les diverses datations de ce tableau, à la fin du XVIIe siècle, proposées par plusieurs historiens de l'art en regard de son attribution à Chauchetière. Afin de mieux documenter cette problématique, il explore en détail les manuscrits de Chauchetière et de Cholenec.

C'est ainsi que Gagnon relève les très intéressants détails à propos d'une vision où Tekakwitha est apparue, 5 jours après sa mort, à une personne de vertu digne de foi, en l'occurence Chauchetière qui n'est pas nommé par Cholenec. Parmi les prophéties qui l'accompagnaient figure « à sa droite une Esglise renversée [Gagnon 1975, p. 84-86, pour la transcription des apparitions tirée du manuscrit de Cholenec 1696 conservé par les augustines de l'Hôtel-Dieu, Livre Troisième, p. 68-70] ».

Dans son interprétation, Gagnon conclut que l'église ici représentée n'est pas renversée. Pourtant, elle penche nettement vers l'arrière si l'on en juge par l'angle de 15° formé par l'alignement du bas des fenêtres ! Serait-ce une gaucherie de perspective ? Ou, alors, une intention basée sur la consultation de ce manuscrit de Cholenec ?

Les augustines de l'Hôtel-Dieu ont donné accès à Légaré, dans ses recherches pour son tableau d'histoire Souvenirs des jésuites de la Nouvelle-France, à leur portrait de Le Jeune qu'elles pensaient être celui de Charlevoix, ainsi qu'au buste reliquaire de Brébeuf. Il est donc tout à fait plausible que l'artiste ait également eu accès à leur manuscrit de Cholenec dans ses recherches pour son tableau d'histoire de Tekakwitha. Ce qui expliquerait, une fois de plus, qu'on y retrouve davantage d'éléments provenant de Cholenec que de Chauchetière !

Connaissant le goût de Légaré pour l'ironie et l'antithèse, tel que démontré dans Souvenirs des jésuites de la Nouvelle-France, ne pourrait-on pas inférer qu'il insuffle le même esprit à son tableau d'histoire de Tekakwitha ? Pourquoi alors choisir la cathédrale anglicane de Québec pour illustrer une église renversée ? Uniquement parce qu'il s'agit d'une magnifique réalisation architecturale qu'il admire ? Serait-ce un ajout aux critiques déjà exprimées à l'égard des jésuites qui ont laissé leurs ouailles autochtones s'angliciser ? Ou un profond souhait politique que les britanniques soient renversés par les Canadiens français ? Désir tout à fait conforme à son action politique telle que brillamment documentée par les études approfondies de John Porter (Porter 1978 et Porter 1981) !

 


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Tekakwitha : sa figure, son visage, ses vêtements, son oreille.

Légaré localise Tekakwitha à Kateritsitkaiatat Côte-Sainte-Catherine, avec vue sur le large bassin du fleuve Saint-Laurent à cet endroit. Il situe son église là où se trouve Kentake La Prairie, donc à droite. Or, la gravure servant de modèle à Tekakwitha regarde vers la gauche. Afin d'éviter qu'elle tourne le dos à son église, Légaré doit donc l'inverser afin qu'elle regarde dans cette direction. Il transforme également les pieds, dont les mocassins (d'un style XIXe siècle très différent de celui dessiné par Chauchetière au XVIIe) pendent suite à l'apesenteur de l'extase décrite par Cholenec, conférant à cette figure un mouvement de lévitation dans son élévation vers le ciel.

LeÉd 1819 v04 BNF p025.

f18r.

Comme à son habitude, Légaré fait appel à des sources multiples qu'il modifie pour composer ce portrait. L'encolure de la chemise du portrait gravé de 1819, serrée autour du cou avec des plissements, s'éloigne considérablement de la vivante représentation, ample et souple, des figures de femmes dessinées par Chauchetière. L'encolure peinte par Légaré, échancrée avec sa bordure habilement cousue et son tissu ornementé de motifs décoratifs, pourrait découler de son observation des vêtements des femmes autochtones habitant la ville de Québec ou la région, par exemple le village huron de Wendake où il peint plusieurs oeuvres. Il en va de même des autres détails de son vêtement de Tekakwitha, si différents de ceux de la gravure de 1819 et des dessins du XVIIe siècle : chemise, cotte et sa bordure ornée, jambières ou mitasses, mocassins.

L'analyse comparative des visages sur les différentes versions des gravures de Tekakwitha a démontré, non seulement leurs différences avec les femmes dessinées par Chauchetière, mais que celui de l'huile sur toile était inspiré de celle publiée en 1819. Légaré pouvait facilement en trouver un exemplaire au Séminaire de Québec (LeÉd 1819 v04 SQ037598 MAF 259.6.1) où il est conservé dans une condition remarquable. Une reproduction en est disponible dans une version numérisée faite à partir d'un microfilm qui, malheureusement, ne rend pas justice à l'original. On en trouve une meilleure numérisaton sur Gallica par la Bibliothèque nationale de France.

Légaré modifie considérablement l'encolure de la chemise afin de l'adapter à la mode alors en vigueur au milieu du XIXe siècle. L'espace ainsi dégagé lui permet d'ajouter un collier à double rangs de perles, une innovation dans l'icononographie de Tekakwitha où cet article est montré pour la toute première fois au détriment de la réalité historique quant à son choix d'ascétisme à cet égard.

La source d'inspiration de Légaré, pour la chemise de Tekakwitha, se retrouve dans des vêtements utilisés par les femmes autochtones depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu'à la fin du XIXe siècle.

« Les femmes huronnes-wendates et les femmes haudenosaunees [iroquoises] portaient des vêtements qui se ressemblaient en style : une longue chemise par-dessus une jupe, des jambières et des mocassins. La jupe était souvent ornée au bord inférieur (rubans, perles de verre) mais l’image ici ne permet pas d’identifier un style dans ce tableau. La chemise au motif de flèche, probablement obtenue par troc, s’apparente à celle du Musée canadien de l’histoire. Une photo plus tardive montre la similitude vestimentaire [collaboration de Guislaine Lemay]. »

Ethnologie de l'Est des Grands Lacs, Chemise (détail de l'encolure), vers 1775-1785, coton, 91 x 70 cm, Musée canadien de l'histoire III-X-244. Jules-Ernest Livernois, Groupe huron-wendat de Wendake (Lorette) à Spencerwood, Québec, QC (détail), 11 février 1880, Photographie, Papier albuminé, 24 x 31 cm, Musée McCord MP-0000.223.

Les dessins de Chauchetière et les gravures de Tekakwitha ne donnent pas de représentations détaillées des mocassins.

Par contre, les mocassins peints par Légaré s'apparentent à ceux des nations huronnes ou iroquoises de la première moitié du XIXe siècle.

Mocassin Huron-Wendat ou Iroquois (Sénéca), 1845-1855, 5,6 x 5,5 x 12,6 cm, Don de Mr. Frederick Cleveland Morgan, Musée McCord ME982X.479.1-2.

Mocassin Iroquois ou Déné, 1800-1830, 8,5 x 10,5 x 26,7 cm, Don des Misses Sweeny, Musée McCord ME940.1.1.1-2.

Aucun des portraits gravés de Tekakwitha n'a d'oreille. Légaré a décidé de lui en créer une qui est encore plus gauche que celles de Charlevoix ou de Mgr Plessis ! Elle est donc très loin d'être aussi habile que celles de Brébeuf dans Souvenirs de jésuites de la Nouvelle-France, du Scalp ou de Josephte Ourné ! Cette incongruité stylistique est loin d'être la seule dans l'oeuvre de Légaré !

 


| Attribution | Topographie | Montérégiennes | Arbre et sentier | Église | Tekakwitha | Ciel | Matériaux |

Ciel, nature, perspective, fleuve.

  

Sept des dix dessins de Chauchetière présentent des scènes extérieures dans lesquelles on ne trouve aucun ciel avec des nuages alors que Légaré a peint de multiples paysages avec ces motifs, s'ouvrant vers une perspective lointaine, qui se comparent à ceux de son tableau d'histoire de Tekakwitha. C'est ainsi le cas dans Le martyre des pères Brébeuf et Lalemant, thématique souvent associée à celle de Tekakwitha dans les écrits jésuites au XIXe siècle.

Dans tous ses dessins, Chauchetière utilise la perspective aérienne, sans point de fuite, sur trois ou quatre plans successifs. Que ce soit dans les sept scènes extérieures ou les trois intérieures. Lorsque la nature est présente, elle n'est jamais très éloignée dans l'espace, accentuant la proximité de la flore et de la faune. Contrairement à cette pratique, Légaré utilise une perspective très lointaine, avec point de fuite vers des montagnes à l'horizon via le fleuve et un long sentier menant vers l'église. C'est aussi le cas de ses nombreux paysages, surtout ceux qui, comme ce tableau d'histoire, montrent le fleuve Saint-Laurent qui n'est pas traité de cette manière chez Chauchetière.

 


| Attribution | Topographie | Montérégiennes | Arbre et sentier | Église | Tekakwitha | Ciel | Matériaux |

Les matériaux et techniques.

Un autre élément joue un rôle très important dans la datation et l'attribution des huiles sur toile : l'analyse et l'identification des matériaux ainsi que leurs assemblages. À prime abord, l'examen du dos, de la toile et ses bordures, de ce tableau d'histoire de Tekakwitha, oriente vers une datation du XIXe siècle. La restauratrice d'oeuvres d'art Rustin Steele Levenson, lorsqu'elle travaillait au laboratoire de restauration de la Galerie nationale du Canada (aujourd'hui le Musée des beaux-arts du Canada), s'est penchée sur les matériaux et techniques des peintres de la ville de Québec de 1760 à 1850 où l'étude de l'oeuvre de Joseph Légaré occupe une place très importante (Levenson 1983). Il serait fortement souhaitable qu'un laboratoire de restauration reconnu, tel que le Centre de conservation du Québec, établisse une analyse et une expertise des matériaux de cette oeuvre (toile, support, montage, apprêt, couches picturales, pigments, etc.) afin de corroborer nos analyses historiques et stylistiques.

2014.03

Légaré, restauration de son tableau d'histoire de Tekakwitha. — (Kateri 2014.03-E254p42 ; 2014.03-F211p42 ; 2014.06-E255p42 ; 2014.06-F212p42).

 

Ruptures des mémoires.

Comment expliquer les ruptures des mémoires ayant mené à l'oubli de la commandite de cette oeuvre à Joseph Légaré, en 1843, et à l'éclosion de son attribution à Chauchetière à la fin du XIXe siècle ? De nombreuses circonstances y ont contribué.

La transmission du nom de l'auteur de ce tableau était un sujet mineur connexe bien accessoire dans les préoccupations des missionnaires auprès des autochtones.
Les changements fréquents de missionnaires provenant de divers horizons.
Le décès subit de l'abbé Joseph Marcoux en 1855.
Le départ de Félix Martin pour la France en 1862.
L'attribution à Chauchetière par ses textes sans tenir compte de ses dessins.
Les recherches approfondies de Légaré, en tant que peintre d'histoire, qui ont confondu les historiens.

On peut donc ajouter ce portrait d'histoire de Légaré à la liste de plusieurs autres exemples de ruptures de mémoires et de traditions dans l'identification, la datation, la conservation et l'attribution d'oeuvres religieuses anciennes au Québec, phénomènes répandus auxquels il faut également ajouter les multiples confusions dans l'identification des portaits anciens des jésuites Paul Le Jeune, Charlevoix, Régis, Laure, Marquette, Loyola, ainsi que la fabrication, au XIXe siècle, de quantité de portaits fictifs de héros de notre passé, dont ceux de Tekakwitha ne sont que d'autres avatars.

Ruptures des mémoires dans la chronologie des pasteurs de la mission Saint-François-Xavier.

La liste des curés (Kateri 1995.09-E185p14 ; 1995.09-F142p14) a été augmentée de celle des desservants, adjoints, remplaçants et autres missionnaires, d'ajouts, corrections, textes, commentaires, hyperliens, références. Voir aussi : Tableau des missionnaires actifs dans cette mission de 1667 à 1721. Ans : pour éviter des résultats à 0, le calcul inclut l'année de départ et celle de fin, donnant donc comme résultat le nombre d'années de calendrier où le missionnaire est présent à la mission.

De
À
Ans
Titre
Début de la première administration des jésuites.
1667
1671
5
Jésuite
Pierre Raffeix (DBC) (1635-1724) ou (1633-1724, père, entré en 1653, ordonné en 1665) (Paulin 2015), fondateur de la mission à Laprairie.
1670
1671
2
Jésuite
Philippe Pierson (1642-1688, père, entré en 1660, ordonné en 1672) (Paulin 2015 ; Lacroix 1981, tableau 1 p. 16, tableau 2 p. 31).
1670
1674
5
Jésuite
Antoine Dalmas (DBC) (1636-1693, père, entré en 1652, ordonné en 1664) (Paulin 2015 ; Lacroix 1981, tableau 1 p. 16, tableau 2 p. 31).
1671
1679
9
Jésuite
Jacques Frémin (DBC) (1628-1691, père, entré en 1646, ordonné en 1658) (Paulin 2015), poursuit le travail de la mission à Laprairie, puis à Kateritsitkaiatat ; il a donc connu Tekakwitha.
1674
1688
1712
1683
1699
1722
10
12
11
Jésuite

Pierre Cholenec (DBC) (1641-1723, père, entré en 1659, ordonné en 1671) (Paulin 2015). En poste à la mission 33 années (1674-1683, 1688-1699, 1712-1722) dont plusieurs à titre de supérieur. Auteur de plusieurs textes sur Tekakwitha et concepteur de l'iconographie de la plus ancienne gravure connue, le modèle d'origine de son portrait fictif.

(Béchard 1968.12, Cholenec 1680.05.01, Cholenec vers 1680-1723, Cholenec 1696, Cholenec 1707-1721, Cholenec 1715.08.27, Cholenec 1715.09.24, Cholenec 1718, Cholenec 1846, Cholenec 1848, Cholenec 1857-1858, Cholenec 1876a, Cholenec 1876i, Cholenec 1914, Cholenec sd, Lamberville 1945, Lamberville Cholenec 1682, Urtassum 1724.)

1677
1694
18
Jésuite

Claude Chauchetière (DBC) (1645-1709, père, entré en 1663, ordonné en 1675) (Paulin 2015), auteur de la Narration et de ses dessins, où il déclare être arrivé à la mission en 1677, ainsi que de portraits perdus de Tekakwitha.

Chauchetière, sa Narration et les caractéristiques de ses dessins.

Les portraits perdus de Tekakwitha par Chauchetière.

1679
1699
1693
1712
15
14
Jésuite
Jacques Bruyas (DBC) (1635-1712, père, entré en 1651, ordonné en 1663) (Paulin 2015), oeuvre à la gestion de la mission durant 29 années ; il a donc connu Tekakwitha.
1682
1683
2
Jésuite
Vincent Bigot (DBC) (1649-1720, père, entré en 1664, ordonné en 1679) (Paulin 2015). Chez les « Iroquois de La Prairie de la Magdeleine (1682–1683) [DBC] », ce qui n'est pas possible puisque la mission avait quitté ce lieu depuis 1676 pour Kateritsitkaiatat. Il n'a donc pas connu Tekakwitha étant arrivé deux ans après son décès. (Voir aussi Devine 1922, p. 58 et 93.)
1685
1686
2
Jésuite
Jean Morain (1650-1688, père, entré en 1667, ordonné en 1676) (Paulin 2015 ; Lacroix 1981, tableau 1 p. 16, tableau 2 p. 31).
1687
1694
1709
1719
1691
1702
1716
1728
5
9
8
10
Jésuite
Julien Garnier (DBC) (1643-1730, père, entré en 1660, ordonné en 1666) (Paulin 2015), en poste 32 années à la mission.
1689
1692
4
Jésuite
Jacques de Lamberville (DBC) (1641-vers 1710) ou (1641-1711, père, entré en 1661, ordonné en 1673) (Paulin 2015) a baptisé Tekakwitha en 1676, scène souvent illustrée par Groot.
1697
1704
1701
1707
5
4
Jésuite
Pierre de Lagrené (DBC) (1659-1736, père, entré en 1677, ordonné en 1689) (Paulin 2015), en poste 9 années dans cette mission.
1698
1704
7
Jésuite
Pierre Millet (DBC) (1635-1708, père, entré en 1655, ordonné en 1668), en poste 7 années dans cette mission.
1712
1727
1717
1729
6
3
Jésuite
Joseph-François Lafitau (DBC) (1681-1746, père, entré en 1696, ordonné en 1711) (Paulin 2015), en poste 9 années dans cette mission.
1718
1722
1739
1721
1732
1741
4
11
3
Jésuite
Pierre de Lauzon (DBC) (1687-1742, père, entré en 1703, ordonné en 1716) (Paulin 2015), en poste 18 années dans cette mission.
1721
1739
19
Jésuite
Jacques Quintin de la Bretonnière (DBC) (1689-1754, père, entré en 1710, ordonné en 1722) (Paulin 2015), après 19 ans à la mission, il est « parmi les Iroquois » de 1739 à 1752.
1734
1744
11
Jésuite
Luc-François Nau (DBC) (1703-1753, père, entré en 1720, ordonné en 1730) (Paulin 2015), en poste 11 années dans cette mission.
1741
1751
11
Jésuite
Jean-Baptiste Tournois (DBC) (1710-1761, père, entré en 1727, ordonné en 1739) (Paulin 2015), en poste 11 années dans cette mission.
1749
1750
2
Jésuite
Pierre-René Floquet (1716-1782, père, entré en 1734, ordonné en 1744) (Paulin 2015), « missionnaire à Sault-Saint-Louis (Caughnawaga) en 1749–1750 [DBC] ».
1751
1752
1
Jésuite
Antoine Gordan (1717-1779, père, entré en 1736, ordonné en 1749) (Paulin 2015).
1752
1753
1
Jésuite
Nicolas Degonnor (orthographe utilisée par le DBC) (1691-1759, père, entré en 1710, ordonné en 1722) (Paulin 2015).
1752
1753
2

Jésuite

Yves le Saux (1718-1754, père, entré en 1738, ordonné en 1751) (Paulin 2015). « Yves le Saux was bom at Tréquier in 1718, and entered the Jesuit Order at the age of twenty. He came to Quebec to teach belles-lettres and rhetoric. He returned to France in 1714, and held a professor's chair in the college at Orleans. After his ordination he came again to Quebec in 1751, and after a year at Caughnawaga he went back to France, in August, 1753. with Dervilliers and the Abbé Piquet on the Algonquin, and died in Rome, July 24, 1754 [Devine 1922, p. 252 note 1]. »
1753
1755
3
Jésuite
Antoine Gordan (1717-1779, père, entré en 1736, ordonné en 1749) (Paulin 2015).
1754
1757
4
Jésuite
Pierre-Régis ou Pierre-Robert Billiard (1723-1757, père, entré en 1743, ordonné en 1753) (Paulin 2015). « Father Pierre Robert Billiard was bom in Paris, in 1723, and entered the novitiate of the Order in that city in 1743. After his philosophical studies at the college of St. Louis and at Laflèche, he was sent to Quebec, where he taught for several years. He returned to France for his theology. After his ordination to the priesthood he crossed the Atlantic in 1753. He was sent to Caughnawaga the following year and exercised his ministry there and at St. Regis until his death, July 26, 1757 [Devine 1922, p. 252 note 2]. »
1755
1761
7
Jésuite
Jean-Baptiste Neuville (1722-1761, père, entré en 1743, ordonné en 1755) (Paulin 2015). Voir Joseph Huguet ci-dessous.
1759
1783
25
Jésuite
Joseph Huguet (1725-1783, père, entré en 1744, ordonné en 1758) (Paulin 2015). « Le 15 octobre 1757, son nom apparaît au registre de Sault-Saint-Louis. D’abord missionnaire à Saint-Régis, de 1757 à 1759, il revint pendant cette dernière année à Sault-Saint-Louis. Au décès du père Jean-Baptiste de Neuville en 1761, il lui succéda comme supérieur de cette mission et y demeura en fonction jusqu’à sa mort en 1783. De 1769 à 1777, Huguet desservit aussi Châteauguay. [...] Le père Huguet fut retiré momentanément de la mission, en 1776. [...] Le père Huguet fut le dernier missionnaire jésuite arrivé sous le Régime français. Il mourut à Sault-Saint-Louis le 5 mai 1783 et fut enseveli sous l’église où il avait exercé son ministère avec dévouement durant plus de 22 ans [DBC]. »
1783
1783
1
Jésuite
Bernard Well (1724-1791, père, entré en 1744, ordonné en 1756) (Paulin 2015). « [Joseph Huguet] died at Caughnawaga, in May, 1783, and was buried beneath the church he had served for twenty-two years. Father Bernard Well would seem so have taken his place for a few months, as his name is found on the registers; but before the end of the year he had returned to Montreal [Devine 1922, p. 310]. »
1667
1783
117
Jésuites
Fin de la première administration des jésuites.

Ruptures des mémoires. — Les jésuites fondent cette mission en 1667 et la dirigent dans ses cinq implantations, à travers autant de migrations, pendant 117 années jusqu'en 1783. C'est, déjà là, quatre mini-ruptures des mémoires !

| Migrations | | 1667 Kentake | 1676 Kateritsitkaiatat | 1690 Kaknawakon | 1696 Kanatakwenke | 1716 Kaknawake |

L'abolition totale de leur ordre, par attrition, y devient effective lors du décès, en 1783, du dernier jésuite officiant au Sault-Saint-Louis (Caughnawaga, Kahnawke). Cette rupture des mémoires est importante, car c'est celle des fondateurs qui laissent leurs archives éparses sans la tradition orale nécessaire à leur mémoire et interprétation.

De
À
Ans
Titre
Début de l'administration des abbés (prêtres séculiers).
1783
1783
1
Abbé
Jean-Baptiste Dumouchel (1750-1828, ordonné en 1777). « Curé de Châteauguay (1783), avec desserte de Caughnawaga (1783) [Allaire 1910a, p. 192] ».
1783
1784
2
Abbé
Pierre-Antoine Gallet (1753-1809, ordonné en 1782). « Curé de Lachine (1783-1786), avec desserte de Caughnawaga (1783-1784) [Allaire 1910a, p. 224] ».
1784
1793
10
Abbé
Joseph-Laurent Ducharme (1758-1793). « Curé de Caughnawaga (1784-1793), avec desserte de Lachine (1786-1791) et de Saint-Constant (1792-1793); décédé à Caughnawaga, le 29 décembre 1793 [Allaire 1910a, p. 183]. »
1794
1808
1802
1813
9
6
Abbé
Antoine Rinfret (1756-1814, ordonné en 1781), « curé de Saint-Constant (1794), de Caughnawaga (1794-1802) [...] curé de Saint-Régis (1806-1807), de Lachine (1807-1808), de Caughnawaga (1808-1813), de Lachine (1813-1814), où il est décédé le 9 mars 1814 [Allaire 1910a, p. 473]. » Donc, en poste 15 ans à la mission.
1802
1808
7
Abbé
Antoine Van Felson (1776-1813, ordonné en 1800). « Vicaire à Saint-Régis (1800-1802); curé de Caughnawaga (1802-1808), avec desserte de Lachine (1805-1807) [Allaire 1910a, p. 530]. »
1814
1814
1
Pierre-Nicolas Leduc (1774-1827, ordonné en 1801), « desservant à Caughnawaga (1814) [Allaire 1910a, p. 331] ».
1814
1819
6
Abbé
Nicolas Dufresne (1789-1863, ordonné en 1812). « Curé de Caughnawaga (1814-1819), avec desserte de Lachine (1814-1815) et de Châteauguay (1817); curé de Saint-Régis (1819-1824); entre chez les Sulpiciens en 1824; curé d'Oka (1835-1858) [Allaire 1910a, p. 187] ».
1819
1855
37
Abbé

Joseph Marcoux (DBC), dont l'énergie était dirigée vers l'amélioration des conditions de vie des autochtones de sa mission à Caughnawaga pendant près de quatre décennies. Il eut une très importante influence sur la paroisse et son histoire par ses liens avec plusieurs intellectuels de son époque. Malheureusement, il n'a laissé aucune trace de la commandite à Légaré de son tableau d'histoire de Tekakwitha.

Attribué à Louis Dulongpré, Portrait de l'abbé Marcoux, vers 1830, 26"1/2 x 22"1/2, Caughnawaga. BANQ, Pistard, cote E6,S8,SS1,SSS865, IOA, fiche 05281 et photo C-2, 28 juillet 1944.

1783
1855
73
Abbés
Fin de l'administration des abbés (prêtres séculiers).

Ruptures des mémoires. Des prêtres séculiers prennent la relève des jésuites en 1783. Plusieurs sont attachés à une autre paroisse et la mission du Sault-Saint-Louis n'est qu'une desserte s'ajoutant à leur tâche normale. Mais le dernier d'entre eux se démarque : Joseph Marcoux qui y officie près de quatre décennies, de 1819 à 1855. Il occupe une place majeure, tant dans la défense des droits des autochtones auprès des gouvernements que par son impact dans la construction de la nouvelle église par Félix Martin, ainsi que sa décoration par des oeuvres d'art. Il est également au coeur de la renaissance des dévotions à la croix de Tekakwitha et des circonstances de la commandite de ce tableau à Joseph Légaré en 1843 avec ses complices Jacques Viger et Félix Martin. Joseph Marcoux meurt en 1855, victime de son zèle, au cours d’une épidémie de typhoïde, à l’âge de 64 ans. Ce décès subit marque une deuxième rupture des mémoires, cruciale en ce qui concerne ce tableau d'histoire de Légaré.

« A. Marmette grav », Église de St-François-Xavier de Caughnawaga, gravure dans Forbes 1899, p. 130.

Ruptures des mémoires. Féru d'histoire qui a beaucoup publié, Félix Martin aurait pu diffuser l'information concernant la commandite de ce tableau à Légaré, surtout du fait qu'il fut l'un des orateurs à l'occasion de la cérémonie de la réfection de la croix, en 1843, au cours de laquelle cet « assez bon tableau » tint une place importante, apporté sur un char, puis placé au milieu de l'estrade. Vingt ans après son arrivée au Québec, Martin apporte ses souvenirs avec lui lors de son retour définitif en France en 1862, d'où rupture des mémoires. Même s'il a été formé par Martin, Shea n'était pas présent lors de la cérémonie de 1843 où le tableau de Légaré fut montré en procession au cénotaphe. Nouvelle rupture des mémoires, faute de la transmission entre Martin et Shea, puis entre Marcoux et Shea. Il n'est donc pas étonnant que cette information ne figure pas dans les textes de Shea se rapportant à cet événement. D'ailleurs, dans la majorité des récits au XIXe siècle, les noms des artistes auteurs des monuments commémoratifs sont rarement mentionnés !
De
À
Ans
Titre
Début de l'administration des oblats.
1855
1864
10
Oblat

Toute l'énergie de Joseph Marcoux était dirigée vers l'amélioration des conditions de vie des autochtones de sa mission à Caughnawaga. Ce qui n'est pas le cas de son successeur, l'oblat de Marie-Immaculée Joseph-Eugène Antoine (1826-1900), né et formé en France. Il arrive à Montréal en 1850 où il est affecté à la paroisse Saint-Pierre-Apôtre (1851-1852). En 1852-1853, il étudie la langue iroquoise sous la houlette de Joseph Marcoux, puis revient à Saint-Pierre-Apôtre prêcher des retraites (1853-1855). Suite au décès subit de Marcoux, en 1855, il occupe la cure de Caughnawaga tout en étant maître des novices à Saint-Pierre-Apôtre (1861-1866). Son attention est principalement focalisée vers sa communauté. Après son départ de Caughnawaga, en 1865, il devient successivement supérieur de sa congrégation (1865-1873), provincial du Canada à Montréal (1873-1887), puis assistant général en France (1887-1900) (RPCQ biographie et portrait ; Devine 1922 p. 396 et portrait ci-contre p. 400 ; OMI web ou pdf). Il n'est donc pas étonnant que d'importantes ruptures des mémoires se soient produites après le décès de Marcoux, puis lors des absences fréquentes d'Antoine et de son rapide départ de cette mission.

1864
1864
1
Oblat
Jean-Claude Léonard (1796-1865), devenu sulpicien en 1828, puis oblat en 1842-1843, desservant de Caughnawaga en 1864 (Allaire 1910a, p. 340).
1855
1858
1856
1892
2
35
Oblat
Nicolas Victor Burtin (1828-1902, ordonné en 1852) est le dernier missionnaire oblat actif dans cette mission où il est présent pendant 37 ans : 1855-1856, vicaire 1858-1864, curé 1864-1892 (web ou pdf ; Allaire 1910a, p. 91 ; Forbes 1899, p. 135-136). Bien qu'il se soit intéressé de très près à l'histoire de cette mission (Beaudoin-Carrière ; Burtin 1864-1902, 1894, 1980, 1989, 1998, 2006 ; Forbes 1899), il n'a pas profité de la transmission de la mémoire de Marcoux à propos du tableau d'histoire peint par Légaré. Il cite Chauchetière, mais n'écrit rien à propos de ce portrait de Tekakwitha ! Pourtant, il connait bien ce tableau, puisqu'il en fait exécuter une très belle gravure ! L'information n'a donc pas été transmise...! Burtin n'a donc pas pu transmettre à son successeur l'information qu'il ne connaissait pas à propos de ce tableau...! La rupture des mémoires est désormais bien établie.
1855
1892
38
Oblats
Fin de l'administration des oblats.
Ruptures des mémoires. Ellen Walworth ne recueille pas non plus d'information à propos de ce tableau d'histoire par Légaré lorsqu'elle rencontre Félix Martin à Paris en 1885, l'année précédant son décès. Martin signe pourtant la note liminaire de l'édition, publiée par Walworth en 1887, de la biographie de Tekakwitha par Chauchetière qui révèle aux chercheurs l'ampleur de sa pratique picturale. Voici d'ailleurs la laconique mention qu'elle fait de ce portrait : « There is a very old, full-length portrait of Kateri Tekakwitha still hanging in the sacristy at Caughnawaga, P. Q. [Walworth 1891, p. 287-288] ». Dans The life and times of Kateri Tekakwitha, the Lily of the Mohawks, publié en 1891, Walworth est beaucoup plus préoccupée par la nouvelle iconographie de Tekakwitha, qu'elle fait créer par Charles M. A. Lang, et par une rénovation de l'interprétation en la rebaptisant « Kateri » (voir analyse et références).
De
À
Ans
Titre
Début de l'administration par un abbé (prêtre séculier).
1888
1903
16
Abbé
Guillaume Forbes (1865-1940) « fut ordonné prêtre le 17 mars 1888 par l’archevêque Édouard-Charles Fabre. Le 26 avril suivant, après quelques semaines de ministère à Saint-Clet, dans le diocèse de Valleyfield, Forbes fut nommé vicaire de la mission Saint-François-Xavier-de-Caughnawaga, dans l’archidiocèse de Montréal, où il assista le curé Nicolas Burtin, oblat de Marie-Immaculée. Quatre années d’initiation auprès des Iroquois furent suivies d’un peu plus de dix autres bien remplies à la direction de cette mission. Non seulement Forbes rénova tant l’église que le presbytère, mais il apprit la langue iroquoise, dont il aimait tout particulièrement le caractère unique. Il écrivit et publia dans cette langue au moins une grammaire et un almanach. Les Iroquois de sa mission l’appréciaient, comme en témoigne le surnom qu’ils lui donnèrent : "l’homme à l’esprit clair et au bon cœur". Le 13 mai 1903, Forbes fut muté à la cure de Sainte-Anne-du-Bout-de-l’Île, où il demeura durant huit ans (DBC). » Nommé évêque de Joliette (1913) puis archevêque d'Ottawa (1928).
1888
1903
16
Abbé
Fin de l'administration de cet abbé (prêtre séculier).

Ruptures des mémoires. Départ des oblats en faveur d'un abbé suivi par le retour des jésuites.

Ruptures des mémoires. Les pratiques picturales de Chauchetière sont de nouveau mises en valeur par l'édition du texte de sa Narration, mais sans les images, par Rochemonteix (Chauchetière 1895-1896) et Thwaites (Chauchetière 1900), ce dernier reprenant la transcription manuscrite de Martin (Chauchetière 1881). L'attribution à Chauchetière de ce tableau d'histoire de Légaré est finalement accomplie par Thwaites en 1900 qui en publie une reproduction tronquée éléminant la partie paysage pour mettre en valeur la figure de Tekakwitha. Il n'aura donc fallu que 57 années pour que s'opère une rupture complète des mémoires et que le tableau peint par Légaré en 1843 soit désormais attribué à son ancêtre Chauchetière dont aucun des portraits de Tekakwitha, dessinés un siècle et demi plus tôt, n'ont été conservés. La consécration de cette attribution par Thwaites fait par la suite école et se retrouve partout (par exemple chez Devine, Avisseau et Greer). Il s'agit donc là d'une gigantesque enflure hagiographique et historiographique tout à fait exceptionnelle, motivée par le besoin de consécration de cette héroïne en vue de sa canonisation.

De
À
Ans
Titre
Début de la seconde administration des jésuites.
1903
1906
1922
1904
1913
1923
2
8
2
Jésuite
Samuel Granger (1863-1930, père, entré en 1881, ordonné en 1896) (Paulin 2015).
1904
1906
3
Jésuite
Arthur Melançon (1863-1941, père, entré en 1898, ordonné en 1910) (Paulin 2015).
1913
1922
10
Jésuite
Joseph Gras (1873-1922, père, entré en 1891, ordonné en 1903) (Paulin 2015).
1923
1927
5
Jésuite
Onésime Lacouture (1881-1951, père, entré en 1902, ordonné en 1916) (Paulin 2015).
1927
1936
1932
1937
6
2
Jésuite
Conrad Hauser (1893-1958, père, entré en 1913) (Paulin 2015).
1932
1936
5
Jésuite
Wilfrid Ménard (1891-1948, père, entré en 1914, ordonné en 1926) (Paulin 2015).
1937
1951
15
Jésuite
Réal Lalonde (1901-1959, père, entré en 1921, ordonné en 1934) (Paulin 2015).
1951
1955
5
Jésuite
Georges Brodeur (Kateri 1995.09-F142p14 ; ne figure pas à Paulin 2015).
1955
1956
2
Jésuite
Albert Burns (1914-2003, père, entré en 1934, ordonné en 1947) (Paulin 2015).
1957
1963
7
Jésuite
Horace Hector Labranche (1905-1964, père, entré en 1925, ordonné en 1938) (Paulin 2015).
1956
1990
35
Jésuite
Léon Lajoie (1921-1999, père, entré en 1940, ordonné en 1954) (Paulin 2015 ; Kateri 1995.09-E185, p. 15, et Kateri 1995.09-F142, p. 15). Suite à des allégations d'agressions sexuelles, les restes du père Lajoie, enterré à Kahnawake en 1999, seront transférés à Saint-Jérôme, dans les Laurentides, dans un cimetière de l’ordre religieux (Ann 2022.03.28).
1990
2003
14
Jésuite
Louis Cyr « fut le dernier jésuite à y travailler [web ou pdf ; ne figure pas à Paulin 2015] ; (Kateri 2003.09-E217p17 ; 2003.09-F174p17) ».
1903
2003
101
Jésuites
Fin de la seconde administration des jésuites.
2003
2021
19
Abbés
Documentation non essentielle à la présente discussion.

Il faut attendre les travaux de Gagnon pour remettre en cause la datation de ce portrait historique de Tekakwitha.

« L'état remarquable de ce vieux tableau, qui n'a pas de craquelures, nous ferait pencher pour une date pas trop ancienne, plus voisine de 1845 que de 1719, sans que nous puissions préciser davantage [(Gagnon 1975 p. 96] ».

Gagnon a également été le premier à publier les dessins de Chauchetière qui permettent aujourd'hui leur analyse comparative avec cette huile sur toile.

1975-2017 Gagnon : solide documentation sur Chauchetière mais ambivalences sur le portrait à l'huile.

Un autre élément a pu faciliter la mise en place de ces ruptures des mémoires : la qualité et la profondeur des recherches du peintre d'histoire Joseph Légaré. L'exhaustive historiographie comparée présentée par Gagnon permet de dégager un dénominateur commun ou un constat généralisé : quantité d'historiens de l'art ont scruté les textes anciens afin d'attribuer, dater et expliquer cette huile sur toile dans l'oeuvre et la carrière de Chauchetière (Gagnon 1975, p. 83-97). Une conclusion s'impose donc : les nombreuses incongruités relevées entre leurs propositions peuvent également s'expliquer par le fait qu'il ne s'agit pas d'une oeuvre de Chauchetière mais de Légaré ! Nonobstant, quantité de détails, tel le voyage en canot de Tekakwitha rapporté par Chauchetière (f17r), n'ont pu être peints (et/ou repeints car le détail ci-contre semble présenter des repentirs) qu'avec une exploration attentive de ces manuscrits par Légaré ou par ceux qui l'ont aidé dans ses recherches ! N'a-t-on pas ainsi trop regardé les textes anciens et pas assez l'huile sur toile de Légaré afin de la comparer aux dessins de Chauchetière ?

D'autres ruptures des mémoires doivent êtres signalées. Ce tableau d'histoire par Joseph Légaré, représentant le portrait de Tekakwitha dans le paysage de la mission de Kateritsitkaiatat, est directement relié aux dévotions auprès de sa croix et de son cénotaphe au XIXe siècle. Ce portait a par la suite été remplacé par d'autres. L'un d'eux est toujours conservé dans un très mauvais état à Kanawaké. Et, chose très étonnante, il a été sommairement recloué sur une oeuvre, jusqu'ici inconnue, qui est également fortement abîmée et qu'on peut attribuer à Légaré.

 

Les tableaux de Joseph Légaré à l'église Saint-Joachim de Châteauguay.

Le regain des dévotions à la croix s'est manisfesté par la création du tableau d'histoire de Tekakwitha par Légaré en 1843. Mais, un demi-siècle plus tard, la croix est de nouveau très abîmée. En 1888-1890, le révérend Charles Augustus Walworth en subventionne la restauration ainsi que plusieurs ajouts importants. Un autre portrait, qui représente dorénavant Tekakwitha sous son nouveau nom et sa nouvelle aura de « Kateri », est peint à cette occasion. Lors de cette prise de photographie au tournant du XXIe siècle, la toile avait été enlevée de son cadre d'origine et grossièrement reclouée sur un autre tableau plus ancien représentant Saint Philippe baptisant l'eunuque de la reine Candace, que l'on peut attribuer à Joseph Légaré en raison de ses liens avec ses commandes de tableaux religieux, vers 1829-1836, à l'église Saint-Joachim de Châteauguay sise à proximité de Kahnawake.

L'église Saint-Joachim de Châteauguay a été remaniée à plusieurs reprises. Les tableaux de Joseph Légaré ont d'abord orné les murs de la nef. De formats rectangulaires à l'origine, deux ont été intégrés dans des cartouches polylobés par Toussaint-Xénophon Renaud lors de leur installation à la voûte du choeur en 1913-1914. Les deux autres, après voir décoré les murs du choeur, ont été placés au-dessus des autels latéraux lors d'une « rénovation » radicale, effectuée par Victor Depocas en 1961, où tous les décors de la voûte sont camouflés. En 1997-1998, lors de la restauration des décors de Renaud, les tableaux de la voûte du choeur retrouvent leur place.

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4
5
6

Emplacements des tableaux après la redécoration par Toussaint-Xénophon Renaud en 1913-1914. Photo : Auclair 1935, p. 193.

 
 
 
 
 
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Emplacements des tableaux après les rénovations radicales par Victor Depocas en 1961 (QCBCQ 1991, p. 355-357).

 
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Emplacements des tableaux après la restauration des voûtes par Chantal Clavet en 1997-1998. Photo : détail de la nef par Jean-Guy Duc.

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Joseph Légaré, La Vierge Marie consolatrice des affligés ou La vision de saint Jérôme, vers 1829-1836, Huile sur toile, format rectangulaire modifié par Toussaint-Xénophon Renaud en 1913-1914, Église Saint-Joachim de Châteauguay (Porter 1978, p. 117, n° 125 ; RPCQ Église de Saint-Joachim web ou pdf). Photo : Inventaire des lieux de culte du Québec Église Saint-Joachim.

Joseph Dynes, d'après une composition d'origine bavaroise, Notre-Seigneur attirant à lui une âme pénitente ou Sacré-Coeur, 1873, Huile sur toile, format rectangulaire modifié par Toussaint-Xénophon Renaud en 1913-1914, Église Saint-Joachim de Châteauguay (Morisset 1943.10 ; RPCQ Église de Saint-Joachim web ou pdf). Photo : détail de la photo du choeur par Jean-Guy Duc.

Joseph Légaré, Saint Philippe baptisant l'eunuque de la reine Candace, vers 1829-1836, Huile sur toile, format rectangulaire modifié par Toussaint-Xénophon Renaud en 1913-1914, Église Saint-Joachim de Châteauguay (Porter 1978, p. 126, n° 159 ; RPCQ Église de Saint-Joachim web ou pdf). Photo : détail de la photo du choeur par Jean-Guy Duc.

Joseph Légaré, La piscine probatique, vers 1829-1836, Huile sur toile, environ 3 x 2,05 m, Fabrique Saint-Joachim de Châteauguay (Porter 1978, p. 112, n° 108 ; RPCQ Église de Saint-Joachim web ou pdf). Photo : Jean-Guy Duc.

Philippe Liébert (attribution précédente à Joseph Légaré), Saint Joachim, 1802-1803, Huile sur toile (repeints abondants), au-dessus du maître-autel, Fabrique Saint-Joachim de Châteauguay (Porter 1978, p. 124, n° 155 ; RPCQ Église de Saint-Joachim web ou pdf). Photo : Jean-Guy Duc ainsi cet autre détail et vue frontale.

Joseph Légaré, La Grande Sainte Famille de François Ier, vers 1829-1836, Huile sur toile, environ 3 x 2,05 m, Fabrique Saint-Joachim de Châteauguay (Porter 1978, p. 110, n° 97 ; RPCQ Église de Saint-Joachim web ou pdf). Photo : noir et blanc archives Robert Derome ; détail couleur par Jean-Guy Duc.

Simon Vouet, Saint François de Paule ressuscitant l’enfant de sa sœur, 1648, huile sur toile, Église Saint-Henri de Lévis. Photo.

Joseph Légaré d'après le Simon Vouet à Saint-Henri de Lévis, Saint Philippe baptisant l'eunuque de la reine Candace, 1821, Huile sur toile, 290,8 x 171,5 cm, Musée des beaux-arts du Canada 18615.

Joseph Légaré (attribution), Saint Philippe baptisant l'eunuque de la reine Candace, Huile sur toile, Kahnawake.

Joseph Légaré, Saint Philippe baptisant l'eunuque de la reine Candace, vers 1829-1836, Huile sur toile, format rectangulaire modifié par Toussaint-Xénophon Renaud en 1913-1914, Fabrique Saint-Joachim de Châteauguay (Porter 1978, p. 126, n° 159 ; RPCQ Église de Saint-Joachim web ou pdf). Photo : détail de la photo du choeur par Jean-Guy Duc.

Le Musée des beaux-arts du Canada conserve deux tableaux de Joseph Légaré, peints pour l'église de Saint-Augustin en 1836 (Derome 1978c, p. 3, n° 1-2), qui sont des copies de ceux de Simon Vouet conservés à Saint-Henri de Lévis. Le motif de la femme avec l'enfant, provenant du Saint François de Paule ressuscitant l’enfant de sa sœur, a été réutilisé par Légaré à Châteauguay dans La Vierge Marie consolatrice des affligés ou La vision de saint Jérôme. Par contre, l'ensemble de la composition du Saint Philippe baptisant l'eunuque de la reine Candace a été réutilisée telle quelle à Saint-Joachim de Châteauguay. C'est également celle que l'on retrouve sur la petite version de Kahnawake.

 

1889 La Tekakwitha de Lang remplace celle de Légaré au cénotaphe.

Joseph Légaré.

Cénotaphe, gravures (Burtin 1894, p. 67-68).

Charles M. A. Lang (attribution),
Tekakwitha, 1889, huile sur toile, Kahnawake.

Un regain des dévotions à la croix de Tekakwitha se manisfeste après le retour des jésuites en 1842. L'importante cérémonie de remise en état de la croix, en 1843, est accompagnée de son tout nouveau portrait peint par Joseph Légaré. Mais, quatre décennies plus tard, la croix doit de nouveau être rénovée. En 1889, le tableau de Légaré y est alors remplacé par celui de Lang commandité par les Walworth.

 

Illustrations utilisant cette oeuvre de Légaré.

1843

Henri Béchard, « Original Portrait of Kateri by Father Chauchetière 1680 », légende sous Légaré. — (Kateri 1956.06-EV08N03p06 ; 1958.09-EV10N04p05 ; 1969.03-E079p19 ; 1969.03-F036p19 ; 1995.09-E185p17 ; 1995.09-F142p17).

1978

(Béchard 1978).

1991

(Hassenplug 1991).

2012

(Thiel 2012).

Dans son attribution traditionnelle à Chauchetière, ce tableau d'histoire de Tekakwitha peint par Joseph Légaré en 1843 a été utilisé dans diverses publications. Le périodique Kateri en reproduit plusieurs photographies, incluant de grandes bannières, lors de la canonisation en 2012 ainsi qu'à l'église de Kanawake, complétées par les vues tirées de Google Maps. En plus d'orner l'église et divers objets tels que des chandeliers, l'utilisation la plus inusitée est certainement un tatouage sur le bras d'André Vincent ! Le sanctuaire de Fonda a également beaucoup utilisé ce portrait de Légaré lors du 80e anniversaire de sa fondation en 2018.

Tatouage sur le bras d'André Vincent, KC AKR P025-2.

2013.03

Bannière d'après Légaré au Vatican, en page titre. — (Kateri 2013.03-E250p00.1 ; 2013.03-F207p00.1).

2013.03

Portrait de Légaré sur DVD 5, 6, 7 et 8, Souvenirs de la canonisation. — (Kateri 2013.03-E250p00.2 ; 2013.03-F207p00.2 ; 2013.06-E251p00.2 ; 2013.06-F208p00.2 ; 2013.09-E252p00.2 ; 2013.09-F209p00.2 ; 2013.12-E253p00.2 ; 2013.12-F210p00.2 ; 2014.03-E254p00.2 ; 2014.03-F211p00.2 ; 2014.06-E255p00.2 ; 2014.06-F212p00.2 ; 2014.09-E256p00.2 ; 2014.09-F213p00.2 ; 2014.12-E257p00.2 ; 2014.12-F214p00.2 ; 2015.03-E258p00.2 ; 2015.03-F215p00.2).

2013.03

Portrait de Légaré sur DVD-ROM 1 et 2 et calendrier souvenir. — (Kateri 2013.03-E250p29 ; 2013.03-F207p29 ; 2013.06-E251p29 ; 2013.06-F208p29 ; 2013.09-E252p57 ; 2013.09-F209p57 ; 2013.12-E253p53 ; 2013.12-F210p53 ; 2014.03-E254p45 ; 2014.03-F211p45 ; 2014.06-E255p45 ; 2014.06-F212p45 ; 2014.09-E256p33 ; 2014.09-F213p33 ; 2014.12-E257p33 ; 2014.12-F214p33 ; 2015.03-E258p33 ; 2015.03-F215p33).

2013.06

Bannière d'après Légaré en façade du Vatican et timbre poste d'après Brunet. — (Kateri 2013.06-E251p00.1 ; 2013.06-F208p00.1).

2013.12

Bannière d'après Légaré : « La reproduction de Kateri mesurant 15 pieds de hauteur qui fut utilisée par le Vatican lors de la canonisation à Rome le 21 octobre 2012 ». — (Kateri 2013.12-E253p02 ; 2013.12-F210p02).

2014.03

Légaré, restauration de son tableau d'histoire de Tekakwitha. — (Kateri 2014.03-E254p42 ; 2014.03-F211p42 ; 2014.06-E255p42 ; 2014.06-F212p42).

2014.06

Réparations à la grande bannière reproduisant le portrait de Légaré, église de Kahnawake. — (Kateri 2014.06-E255p13 ; 2014.06-F212p13 ; 2016.09-E263p08 ; 2016.09-F220p08).

2014.09

Niche abritant le portrait de Légaré ainsi que la sculpture de Bourgault, musée de Kahnawake. — (Kateri 2014.09-E256p15 ; 2014.09-F213p15 ; 2016.09-E263p11 ; 2016.09-F220p11).

2018.03

Musée Kahnawake avec les portraits de Légaré et Izzillo. — (Kateri 2018.03-E268p18-19 ; 2018.03-F225p18-19).

(Kateri 2012.12).

(KC KA C10 - FR CLAUDE CHAUCHETIERE B).

(Kateri 2012.12).

(Google Maps).

(Google Maps).

• L180815F. • L170610F. • L180815F2. • L181019F. • L180906F. • L190213F. • L201009F.

80e anniversaire de la fondation du sanctuaire des franciscains à Fonda en 2018.

Bannière d'après Légaré. 190723F5, Franciscains à Fonda.

 

   

TEKAKWITHA.
Nouveaux regards sur ses portraits.
« Elle approche, elle meut quelque chose en avant. »